Au titre du bilan, le déficit de la Sécurité sociale devrait atteindre 23 milliards d’euros en 2025, après 15,3 milliards d’euros en 2024. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) présenté en Conseil des ministres le 14 octobre 2025 prévoit une réduction de ce déficit à 17,5 milliards d’euros. L’objectif est un retour à l’équilibre en 2029.
Le PLFSS sera discuté en 1ère lecture à l’Assemblée nationale, à partir du 4 novembre. La loi de financement pour la Sécurité sociale doit être promulguée avant le 1er janvier 2026, comme la loi de finances pour 2026. Mais il est clair que de nombreux amendements par les oppositions sont prévus afin de contrer certaines de ces mesures
Voici quelques-unes des mesures envisagées qui impacteraient directement le budget des ménages.
Gel des pensions de retraite de base sur 2026
Un gel des pensions de retraite est prévu par le PLFSS, sur l’année 2026. Avec une minoration de leur revalorisation de 0,9 point de pourcentage d’inflation, entre 2027 et 2030.
La minoration de revalorisation avait été prévue de 0,4 point avant la décision de suspension de la réforme des retraites de 2023. Le taux de minoration est accru pour permettre le financement de cette suspension.
Suspension de la réforme des retraites de 2023
La mesure de suspension de l’application de la réforme des retraites de 2023 (avec un gel du relèvement de l’âge de départ à 63 ans et 9 mois et de la durée d’assurance à 170 trimestres) jusqu’à janvier 2028 a été intégrée dans les débats du PLFSS, par voie de lettre rectificative présentée en conseil des ministres le 23 octobre. Le coût de cette suspension est évalué à 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard en 2027.
En 2026, les retraités seraient également concernés par la suppression de l’abattement proportionnel de 10 % à l’impôt sur le revenu des pensions de retraite. Il serait remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 € pour un célibataire et 4 000 € pour un couple.
Recul de l’âge de majoration des allocations familiales
Actuellement, les familles avec 2 enfants à charge bénéficient d’une majoration des allocations familiales lorsque l’un des enfants atteint l’âge de 14 ans.
Le PLFSS prévoit de décaler de 14 à 18 ans l’âge de la majoration des allocations familiales pour les futurs bénéficiaires, à compter du 1er mars 2026. Les bénéficiaires actuels ne seraient pas concernés par ce changement.
« Cette mesure représente une économie de plus de 200 M€ dès 2026 pour les dépenses de la branche famille et monterait progressivement en charge jusqu’en 2029 » selon le dossier de presse du PLFSS.
Doublement du montant et des plafonds journaliers et annuels des participations forfaitaires et franchises restant à la charge des assurés
Actuellement, la franchise médicale est de 1 € par boîte de médicament et acte paramédical, 4 € pour les transports sanitaires. La participation forfaitaire est de 2 € par consultation d’un médecin ou des analyses de laboratoire et des radiographies. Ces montants seraient doublés, soit respectivement 2 € et 8 € pour les franchises médicales, 4 € pour la consultation médicale.
La participation forfaitaire pourrait être étendue aux consultations chez le dentiste, et la franchise médicale appliquée aux « dispositifs médicaux » (prothèses, pansements, etc.).
En outre, les deux plafonds annuels des participations forfaitaires et des franchises passeraient à 100 € contre 50 € actuellement.
Les personnes exemptées du paiement de ces participations forfaitaires et franchises ne seraient pas modifiées : bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire, de l’AME, femmes enceintes et enfants jusqu’à 18 ans, invalides de guerre.
Le gain sur les franchises serait de 2,3 milliards d’euros.
Mesures relatives aux arrêts de travail et les indemnisations maladie
La durée des arrêts maladie serait limitée à 15 jours par un médecin de ville et à 30 jours à l’hôpital, pour une première prescription. Le renouvellement serait limité par tranche de 2 mois maximum. Actuellement, la durée de ces arrêts n’est pas limitée.
Le PLFSS prévoit également la suppression des règles dérogatoires des indemnités journalières et des arrêts maladie (de plus de six mois) applicables en cas d’affections de longue durée (ALD) non exonérantes. Ce sont les modalités d’indemnités journalières des arrêts maladies hors ALD qui s’appliqueraient.
Création d’un congé supplémentaire de naissance
Le PLFSS prévoit la création d’un nouveau congé de naissance, qui s’ajouterait aux congés déjà existants : maternité, paternité et d’adoption. Et il serait toujours possible de bénéficier d’un congé parental à l’issue du congé de naissance.
Le congé de naissance, d’une durée de 2 mois maximum, pourrait être pris par chaque parent, simultanément ou en alternance avec l’autre (soit 4 mois en tout pour le couple). Le congé de naissance serait indemnisé en fonction du salaire antérieur des bénéficiaires.
L’indemnisation serait dégressive :
- 70 % du salaire net le 1er mois,
- 60 % du salaire net le 2ème mois.
Ce congé de naissance serait effectif en 2027.
Retraite : des mesures pour réduire les inégalités entre les femmes et les hommes
Le PLFSS prévoit la prise en compte des enfants pour le calcul du salaire moyen annuel des femmes. Actuellement, ce calcul se base sur les 25 meilleures années pour tous les assurés du régime général. Le salaire de référence serait basé sur les 24 meilleures années de carrière pour les femmes ayant eu 1 enfant, des 23 meilleures années pour les femmes ayant eu 2 enfants ou plus.
Cette mesure pourrait entrer en vigueur pour les départs en retraite intervenant à compter de l’année 2026.
Pour l’ouverture des droits à une retraite anticipée pour carrière longue, la majoration de durée d’assurance attribuée pour la naissance d’un enfant pourrait être retenue pour déterminer la durée totale d’assurance nécessaire, dans la limite de 2 trimestres. Actuellement, les trimestres de majoration pour enfant ne sont pas pris en compte.
Cette mesure pourrait entre en vigueur à compter de septembre 2026, pour les femmes nées à partir de 1970.
Réforme des règles du cumul emploi-retraite
Le PLFSS prévoit de réformer le dispositif de cumul emploi-retraite, pour le recentrer sur un mécanisme de complément de revenu accessoire pour les retraités les plus modestes. Le cumul emploi retraite pourrait être progressif, selon l’âge de l’assuré retraité reprenant une activité professionnelle :
- Avant l’âge légal (64 ans à terme) = cumul partiel, avec un écrêtement de la pension de retraite à hauteur de 100 % des revenus, dès le 1er euro (c’est-à-dire réduction de la pension de retraite de la totalité du salaire perçu) ;
- Entre l’âge légal (64 ans à terme) et l’âge d’annulation de la décote (67 ans) = cumul partiel, avec un écrêtement de la pension de retraite à hauteur de 50 % des revenus, supérieurs à un seuil fixé par décret (de l’ordre de 7 000 € de revenus annuels d’activité)
- Au-delà de l’âge d’annulation de la décote (67 ans) = cumul intégral et création de droit à une seconde pension
La mesure entrerait en vigueur au 1er janvier 2027, pour les personnes partant en retraite après cette date. Les retraités en cumul emploi retraite avant cette date ne seraient pas concernés.