Le prix du pétrole peut-il devenir négatif ?

Réponse

À première vue, on pourrait penser qu’un prix négatif du pétrole n’a pas de sens. Pourtant, le prix du pétrole américain (WTI) est momentanément passé en territoire négatif lors de la crise du Covid-19.

Un prix négatif signifie que le producteur paie le client pour vendre sa marchandise. A priori, cela n’a pas de sens. Pourtant, il arrive des cas où la logique économique est chamboulée. Par exemple, depuis quelques années les taux d’intérêt négatifs sont devenus la norme. Quand le taux d’intérêt (c’est-à-dire le prix de l’argent) est négatif, cela signifie que l’épargnant paie l’emprunteur pour lui prêter son argent. Cela peut s’expliquer par une abondance d’épargne qui pousse les détenteurs de capital à placer leur argent à l’abri, par exemple en achetant des obligations d’État à taux négatif, un peu comme on louerait un coffre pour y déposer des liasses de billets.

De la même façon, le prix négatif d’une marchandise comme le pétrole semble étrange. Pourtant, fin avril 2020, le prix du pétrole est, pendant quelques jours, devenu négatif aux États-Unis, avec un plancher à -36,98 dollars. Précisons que le marché pétrolier est segmenté au niveau mondial, en fonction des propriétés de chaque pétrole (teneur en souffre notamment) et de son lieu de livraison. Le pétrole américain, appelé WTI (West Texas Intermediate), est le seul dont le prix est passé en dessous de 0.

La baisse de la demande de pétrole liée au Covid-19 a fait plonger le prix du pétrole dans le monde entier. L’offre n’a quant à elle pas pu s’ajuster à cette baisse, car on ne ferme pas un puits de pétrole comme un simple robinet. Les capacités de stockage étant arrivées à saturation, les producteurs se sont retrouvés avec d’énormes quantités de pétrole qu’ils ne savaient pas où stocker. Face à cette surabondance, le prix a plongé en territoire négatif, ce qui revient à dire que les producteurs payaient les clients pour les débarrasser d’un pétrole qu’ils ne pouvaient stocker.