Recapitalisation (des banques)

la finance pour tous

Recapitaliser une entreprise signifie augmenter ses capitaux propres. Les capitaux propres ou fonds propres sont constitués par les capitaux de départ de l’entreprise auxquels s’ajoutent les bénéfices réalisés, non distribués aux actionnaires et mis en réserve année après année.

Pour les banques, l’existence d’un niveau de fonds propres suffisant est particulièrement important. En effet, une banque n’est pas tout à fait une entreprise ordinaire.

D’une part, la banque est financièrement fragile car elle a fréquemment besoin de liquidités, elle est exposée au risque d’un mouvement de retrait des dépôts qui excèderait ses réserves d’argent disponible.

D’autre part, la faillite d’une banque peut entraîner la chute de toutes les autres et provoquer l’asphyxie et la paralysie de toute l’économie. C’est pourquoi les banques sont soumises à des règles particulières concernant le ratio de leurs fonds propres par rapport aux prêts qu’elles accordent et aux placements qu’elles effectuent.

Le respect des ratios réglementaires sert en principe à éviter que les banques ne prennent trop de risques et ne mettent en péril l’ensemble du système. On parle alors de crise systémique.

Un problème spécifique pour les banques

Il existe plusieurs moyens pour une banque d’augmenter son ratio de fonds propres. Elle peut céder des actifs afin de réduire la taille de son bilan afin que le rapport entre fonds propres et actifs augmente. Ou elle peut se recapitaliser c’est-à-dire augmenter ses capitaux propres. Pour cela, elle peut faire appel aux actionnaires actuels ou à de nouveaux actionnaires ou accroître les bénéfices non distribués aux actionnaires.

Les banques et la crise de 2007-2008

Après la faillite de Lehmann Brothers et les menaces d’écroulement de l’ensemble du système bancaire mondial, les banques ont connu une première et massive recapitalisation notamment par des apports de capitaux publics. Associée à des politiques plus prudentes de gestion du capital, cela a permis une amélioration significative des ratios de solvabilité. Selon la Banque de France, du troisième trimestre 2007 au troisième trimestre 2009, les levées de capitaux effectuées aux États-Unis ont représenté plus de 500 milliards de dollars. Durant la même période, 232 milliards de dollars ont été levés dans la zone euro, 157 milliards au Royaume-Uni, 51 milliards en Suisse et 67 milliards au Japon.

La crise de la dette souveraine en Europe

L’aggravation de la crise des dettes publiques en Europe et en premier lieu de la crise de la dette grecque à l’été 2011et le nouveau ralentissement économique de l’Europe ont relancé les inquiétudes et le manque de confiance à l’égard de la solidité des banques européennes.

Cela s’est traduit par une nouvelle crise de liquidités des banques trouvant plus difficilement à se refinancer sur le marché interbancaire risquant de dégénérer en une nouvelle crise bancaire.

Les inquiétudes provenaient notamment des pertes que les banques ont dû enregistrer sur la dette grecque et de celles qu’elles auraient pu avoir à enregistrer en cas de situation semblable du Portugal, de l’Italie ou de l’Espagne. Les banques européennes ont, en effet, acquis notamment ces dernières années une part significative des dettes publiques émises par leurs États et par les autres États européens.

Face à ces menaces, la Commission européenne s’est prononcée le 12 octobre 2011 en faveur d’une recapitalisation « coordonnée et ciblée » des banques européennes comme le préconisait l’Agence Bancaire Européenne (Autorité européenne de contrôle des banques). 

L’Autorité européenne de contrôle des banques (EBA – European Banking Authority) a établi fin octobre 2011 que, pour l’ensemble des pays européens, la recapitalisation nécessaire était de 106,4 milliards d’euros en tenant compte notamment de l’impact différencié de la nouvelle restructuration de la dette grecque.

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