Pré-printemps de l’économie : où va le travail ?

la finance pour tous

En anticipation du printemps de l’économie, une série de conférences ont été organisées jeudi 21 février à l’université Paris Dauphine. La séance d’ouverture portait sur l’avenir du travail, notamment face aux bouleversements technologiques à venir.

Le 21 février, le pré-Printemps de l’économie était organisé à l’université Paris Dauphine autour d’un cycle de sept conférences. La session d’ouverture, en lien avec le thème global de l’édition 2019, portait sur l’avenir du travail.

Philippe Aghion, professeur au Collège de France, Patrick Arthus, chef économiste chez Natixis, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT et Mathilde Guergoat-Larivière, maître de conférences, ont débattu de l’avenir du travail, alors que les évolutions technologiques et démographiques vont bouleverser nos économies.

La septième édition du Printemps de l’économie se tiendra du 18 au 20 mars 2019 et portera sur le thème « Travail : un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout ? ». Au programme, plus de 40 conférences et 160 intervenants pour débattre et diffuser la connaissance en économie.

Dans le cadre du Printemps de l’économie, La finance pour tous organisera le mercredi 20 mars une conférence sur le thème « Retraites : comment les financer ? ».

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Où va le travail ?

Face aux évolutions technologiques telles que la robotique et l’intelligence artificielle qui automatisent un nombre croissant de tâches, le chômage pourrait s’envoler.

Cependant, comme l’a rappelé Philippe Aghion, la peur de voir le progrès technique entraîner un chômage de masse est très ancienne et s’est révélée infondée. En effet, dès le début du XIXème siècle, les luddistes (du nom d’un ouvrier anglais) ont détruit des métiers à tisser qu’ils accusaient de prendre le travail des tisserands. Par la suite, chaque vague d’automatisation (machine à vapeur, électricité, fordisme…) a fait ressurgir le spectre d’une destruction massive d’emplois et d’un chômage endémique.

Ces craintes ne se sont cependant pas matérialisées car les nouvelles technologies, si elles détruisent certains emplois, génèrent des gains de productivité qui alimentent une hausse des revenus, donc une consommation supplémentaire et la création de nouveaux emplois.

Il y a deux siècles, environ 75 % de la population française travaillait dans l’agriculture. Aujourd’hui, du fait de la mécanisation, moins de 2 % des Français sont agriculteurs. Cependant, cela ne s’est pas traduit par une hausse vertigineuse du chômage car les gains de productivité dans l’agriculture ont généré une demande nouvelle et l’apparition de nombreux emplois dans l’industrie, et surtout dans les services.

Selon les intervenants, il est probable que les évolutions technologiques actuelles génèrent des effets identiques aux innovations du passé : destruction de certains emplois mais création de nouvelles activités, avec un volume d’emplois globalement inchangé, voire légèrement croissant.

Cependant, les défis sont nombreux. Pour Patrick Arthus, le problème est une bipolarisation du marché de l’emploi entre d’une part des emplois très qualifiés et bien payés, et d’autre part des emplois de service précaires et mal payés (hôtellerie, restauration, services à la personne…).

Face à cette situation, les intervenants ont souligné le rôle primordial des politiques de formation pour faciliter les reconversions et les gains de productivité.