Présidentielles américaines : quel bilan économique pour Donald Trump ?

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A l’heure où le résultat des élections du Président des États-Unis est encore incertain, grand angle sur Donald Trump, l’actuel président, sur quelques-unes des politiques économiques menées lors de sa présidence.

Une baisse de la fiscalité sur les entreprises et les ménages les plus riches

L’un des faits marquants de la politique économique menée par Donald Trump est une vaste réforme fiscale, la loi « Tax Cuts and Job Act », votée en 2017. Cette réforme, en réduisant le taux d’imposition sur les sociétés de 35 à 21 % et en baissant les taux marginaux d’imposition pour les ménages aux revenus les plus élevés, devait permettre de relancer la croissance économique aux États-Unis, grâce à la restauration des marges des entreprises et à l’accroissement du pouvoir d’achat de certains contribuables.

Cette politique fiscale a eu pour effet de stimuler la croissance économique à très court terme. Le produit intérieur brut (PIB) a ainsi progressé, aux États-Unis, de 2,9 % en 2018 et de 2,3 % en 2019, soit un niveau supérieur à celui constaté en zone euro (1,8 % en 2018 et 1,1 % en 2019).

Certains économistes estiment que la politique fiscale expansionniste de l’administration Trump a permis un gain de 0,5 à 0,8 point de croissance par an.

Cette politique budgétaire se heurte, toutefois, à des limites certaines. Tout d’abord, elle n’a permis un regain de croissance qu’à court terme. Un rapport du Congrès américain de 2019 souligne en effet que les gains pour les entreprises ont davantage été utilisés pour des rachats d’actions, plutôt que pour financer l’investissement productif. Ensuite, cette politique a lourdement pesé sur les comptes publics américains. Selon une prévision du Fonds monétaire international (FMI) publiée en 2018, soit avant l’irruption de la pandémie de Covid-19, la dette publique américaine devait passer de 107,8 % du PIB en 2017 à près de 117 % en 2023, majoritairement du fait de cette réduction de la fiscalité.
Cette politique budgétaire menée de manière procyclique risque, dès lors, de réduire les marges de manœuvre de l’économie américaine, que ce soit pour lutter contre les effets économiques négatifs induits par la pandémie de Covid-19, ou pour soutenir l’activité en cas de récession ultérieure.
Enfin, en se situant dans la droite ligne des réformes initiées par Ronald Reagan dans les années 1980, cette politique marque un nouveau recul de la progressivité fiscale aux États-Unis et constitue « Le triomphe de l’injustice » pour reprendre le titre de l’ouvrage récent de Gabriel Zucman et d’Emmanuel Saez, qui craignent un nouvel accroissement des inégalités aux États-Unis.

Des relations commerciales tumultueuses

Une deuxième caractéristique de la politique économique de l’administration Trump au cours des quatre années écoulées est d’avoir entretenu des relations commerciales tumultueuses avec de très nombreux pays, au premier rang desquels figure la Chine. Depuis son investiture à la présidence des États-Unis en janvier 2017, Donald Trump a, en effet, mis en place, ou menacé de le faire, une série de droits de douane sur les importations américaines en provenance de l’Union Européenne, du Mexique, du Canada ou encore de la Chine.

Ainsi, en 2018, 200 milliards de dollars d’importations en provenance de la Chine se sont vus imposés à hauteur de 10 %.

Le double objectif poursuivi par Donald Trump était, d’une part, de permettre de réindustrialiser les États-Unis, à travers des relocalisations, et, d’autre part, de réduire le déficit commercial américain.

Bien qu’il soit difficile ici de raisonner en termes de causalité, on peut constater que l’emploi industriel a continué à augmenter aux États-Unis. Si la part de l’industrie dans l’emploi total est restée globalement stable et légèrement inférieure à 20 %, le nombre de personnes employées dans ce secteur, après une stagnation entre 2013 et 2015, s’est accru entre 2017 et 2019, passant ainsi de 32,4 à 32,9 millions, soit une augmentation de près de 1,5 %.

Emploi industriel aux USA

Dans le même temps, cette politique a eu des conséquences négatives sur les comptes extérieurs américains. La balance commerciale est traditionnellement déficitaire aux États-Unis, qui jouissent du privilège de pouvoir s’endetter en dollars. Le déficit de la balance commerciale s’est, toutefois, fortement creusé, au cours de la présidence Trump et dépasse les 600 milliards dollars depuis 2018. Par ailleurs, l’effet de telles mesures protectionnistes sur le bien-être des consommateurs demeure encore largement incertain.

Balance commerciale aux USA