Pourquoi les cours du Bitcoin continuent-ils de progresser ?

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Après une forte augmentation de son cours en 2020, le Bitcoin a continué sa progression en janvier et février 2021 et flirte désormais avec la barre des 50 000 euros. Caractéristique d’une véritable bulle spéculative, ce phénomène est amplifié par le comportement de certains investisseurs institutionnels et par les politiques monétaires menées par les Banques centrales. Explications.

Envolée des cours du Bitcoin

Après avoir progressé de près de 200 % au cours de l’année 2020 marquée par une crise économique mondiale d’une ampleur sans précédent, le Bitcoin a poursuivi son envolée en janvier et février 2021. Selon les données de CoinMarketCap (l’un des sites internet de référence dans le suivi des transactions de crypto-actifs), après avoir dépassé la barre des 30 000 euros mi-janvier, le Bitcoin a atteint près de 47 500 euros le 21 février dernier. Au cours des deux premiers mois de l’année 2021, son cours a ainsi progressé de 66 %, passant de 23 741 à 39 451 euros. Au total, le cours du Bitcoin a été multiplié par 5 depuis le 1er mars 2020.

Evolution du cours du bitcoin

Dans ce contexte, les prédictions les plus folles circulent quant à l’évolution future du cours du Bitcoin.

Par exemple, Tyler et Cameron Winklevoss prévoyaient, fin octobre, que le Bitcoin finirait par atteindre le cours de 500 000 dollars (environ 415 000 euros).

Il convient, toutefois, d’être méfiant et de prendre garde à déceler, derrière ces prédictions, certains conflits d’intérêt.

Tyler et Cameron Winklevoss sont, en effet, les fondateurs de Gemini, une plateforme de négociation de crypto-actifs, et ont donc un grand intérêt personnel à faire miroiter des gains élevés à leurs utilisateurs…

Le Bitcoin, une bulle spéculative

De l’avis de nombreux économistes, l’évolution du cours du Bitcoin est caractéristique d’une bulle spéculative, à savoir une situation où la valeur de marché d’un actif est totalement déconnectée de sa valeur intrinsèque. Allant même plus loin, Jean Tirole, économiste français et  Prix Nobel d’Economie en 2014, déclarait dans une tribune au Financial Times fin 2017 que le Bitcoin n’avait « aucune valeur intrinsèque ».

Le Bitcoin a déjà connu un épisode de bulle spéculative en 2017 : le crypto-actif avait alors vu son cours progresser de près de 1 800 %. Le Bitcoin n’avait toutefois pas dépassé la barre des 20 000 dollars (environ 16 500 euros). La bulle actuelle est donc sans commune mesure avec la précédente. Elle est, de fait, amplifiée par le comportement de certains investisseurs institutionnels et acteurs économiques et par les politiques monétaires particulièrement accommodantes actuellement menées par les Banques centrales, dans un contexte de lutte contre les effets de la crise économique liée au Covid-19.

Des investisseurs institutionnels achètent des bitcoins

Plusieurs investisseurs institutionnels ont, tout d’abord, décidé d’intégrer le Bitcoin dans leur stratégie financière. Massachusetts Mutual Life Insurance Co, une mutuelle américaine d’assurance-vie, a, par exemple, récemment annoncé avoir investi près de 100 millions de dollars en Bitcoin.

Par ailleurs, le service de paiement en ligne Paypal autorise partiellement depuis fin 2020 ses clients à acheter et vendre des Bitcoins à partir de leurs comptes.

L’arrivée sur le marché de ces acteurs économiques importants peut, en partie, expliquer l’ampleur de cette bulle spéculative.

Les politiques monétaires accommodantes font également le jeu du bitcoin

Dans le même temps, les politiques monétaires accommodantes menées par les Banques centrales jouent, sans doute, un rôle dans l’envolée des cours du Bitcoin.

Tout d’abord, un retour de l’inflation est craint par une partie des investisseurs, notamment depuis que des Banques centrales, comme la Réserve fédérale des États-Unis (FED), ont annoncé assouplir leur lutte contre l’inflation. Dans ce contexte, le Bitcoin apparaît pour ses partisans comme un moyen de se prémunir contre les pertes de pouvoir d’achat provoquées par un éventuel retour de l’inflation.

Ensuite, les mesures de politique monétaire dites non conventionnelles, telles que le programme temporaire d’achats de titres d’urgence actuellement mis en œuvre par la Banque centrale européenne (BCE), contribuent à alimenter les systèmes financiers en liquidités, dont certaines se reportent sur des crypto-actifs.

Faut-il acheter des Bitcoins ?

Une grande prudence est de mise à l’égard des investissements en crypto-actifs, en général, et en Bitcoin, en particulier.

Des tulipes à Amsterdam en 1637 aux valeurs technologiques en l’an 2000, l’histoire économique regorge d’exemples d’épisodes de bulles ayant conduit à la débâcle de nombreux investisseurs. Lorsque la bulle spéculative sur le Bitcoin éclatera, son cours chutera et provoquera nécessairement de nombreuses pertes financières.

Par ailleurs, le Bitcoin se caractérise par une forte volatilité. Ainsi, même avant l’éclatement de la bulle (dont nul ne saurait prédire précisément la date !), investir en Bitcoin peut s’avérer particulièrement risqué. 

Si un investisseur avait, par exemple, acheté pour 100 euros de Bitcoin le 14 janvier, il aurait perdu plus de 20 % de sa mise initiale le 21 janvier, soit une semaine plus tard seulement.

De plus, de fait de l’engouement autour des crypto-actifs, de nombreuses arnaques et fraudes se multiplient. L’Autorité des marchés financiers (AMF) met d’ailleurs régulièrement en garde les épargnants français contre ces risques. Les transactions de crypto-actifs étant bien moins régulées que les secteurs bancaire et financier, il est généralement impossible d’obtenir une indemnisation en cas d’arnaques ou de fraudes…