Guerre en Ukraine : faut-il se passer du gaz russe ?

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Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, la mise en place d’un embargo sur les exportations russes de gaz a été décidée par les États-Unis et le Royaume-Uni, désireux d’exercer une pression sur la Russie en la privant d’une source majeure de revenus. Pour l’Europe, fortement dépendante du gaz russe, un embargo aurait des conséquences économiques importantes.

L’hypothèse d’un embargo européen sur les importations de pétrole et de gaz russe

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé, mardi 8 février, la mise en place d’un embargo sur les importations de pétrole et de gaz russe. Par ces décisions, les deux pays renoncent à se fournir en pétrole et en gaz auprès de la Russie. Il s’agit, pour les États-Unis et le Royaume-Uni, d’exercer une pression sur le régime de Vladimir Poutine, notamment en le privant de ressources financières précieuses.

Les pays européens pourraient également être privés de la possibilité d’importer du gaz naturel depuis la Russie. L’Union européenne pourrait, en effet, décider de durcir les sanctions économiques à l’encontre de la Russie. Une autre possibilité est que la Russie décide d’elle-même de stopper ses exportations de gaz vers l’Europe en représailles. Si elle paraît moins probable, cette hypothèse a toutefois été brandie le lundi 7 mars par le vice-premier ministre russe, Alexander Novak. Celui-ci a, en effet, déclaré réfléchir à l’opportunité de fermer Nord Stream 1, le gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique.

Quelles seraient les conséquences d’une rupture de l’approvisionnement en gaz russe  ?

Si l’Europe venait à être privée de gaz russe – quelle que soit l’origine de la coupure –, les conséquences économiques seraient particulièrement importantes. Une simulation récente de Goldman Sachs permet d’en évaluer l’ampleur : la banque d’investissement américaine prévoit, en effet, qu’en l’absence d’importations de gaz de la Russie, le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro serait inférieur d’environ 3 % au cours des deuxième, troisième et quatrième trimestres 2022, par rapport à un scénario sans embargo.

L’ampleur du choc que provoquerait un tel embargo s’explique notamment par la dépendance des pays européens à l’égard de la Russie en matière de gaz. Respectivement 34 et 38 % des importations totales de gaz des pays de la zone euro et de l’Union européenne provenaient de Russie en 2020. Si la France ne dépend que faiblement de la Russie pour ses importations de gaz (17 %), ce n’est pas le cas d’autres pays comme l’Italie (43 %) ou encore l’Allemagne (65 %). D’autres pays, enfin, sont entièrement dépendants de la Russie. C’est, par exemple, le cas de la Lettonie et de la République Tchèque.

Part des importations russes dans les importations totales de gaz

Quelles mesures pour réduire la dépendance européenne au gaz russe ?

Afin de réduire la dépendance au gaz russe, la Commission européenne a proposé différentes mesures. Elle entend, tout d’abord, mobiliser, à court terme, d’autres sources d’approvisionnement en gaz, en se tournant notamment vers le Qatar et les États-Unis. La Commission souhaite, de plus, rendre obligatoire le remplissage au 1er octobre de chaque année à 90 % des capacités de stockage de gaz dans l’Union européenne, afin de pouvoir lisser les évolutions du prix du gaz. Enfin, elle entend réduire la consommation de gaz en favorisant un recours accru à l’hydrogène et au biométhane.