Les conséquences économiques de la guerre en Ukraine

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Hausse des prix de l’énergie et de certaines matières premières, ralentissement de la croissance économique et turbulences sur les marchés financiers mondiaux : voici les principales conséquences économiques de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie le jeudi 24 février, le conflit opposant les deux nations s’est mué en une véritable guerre. Celle-ci pourrait être lourde de conséquences également sur le plan économique.

Vers une hausse des prix de l’énergie et de certaines matières premières

11e puissance mondiale en termes de produit intérieur brut (PIB), la Russie est l’un des premiers exportateurs mondiaux de gaz naturel. Elle fournit également du pétrole, des céréales, comme le blé et le colza, et des métaux industriels, tels que le nickel et l’aluminium. Dans ce contexte, l’une des premières conséquences de la guerre en Ukraine devrait être une augmentation du prix de l’énergie et de certaines matières premières.

Lors de la seule journée du 24 février, le cours du gaz naturel a augmenté de plus de 25 % sur le marché TTF, plateforme localisée aux Pays-Bas et considérée comme référence en Europe.

Plusieurs facteurs expliquent ces tensions sur les prix de l’énergie et des matières premières. Tout d’abord, la Russie pourrait volontairement réduire son offre, afin d’exercer une pression sur les pays, en particulier européens, susceptibles de lui infliger les plus lourdes sanctions économiques. Selon un mécanisme de marché classique, à demande inchangée, le prix d’un bien augmente lorsque les quantités offertes diminuent. D’autre part, face aux sanctions prises par les États-Unis et l’Europe, la Russie pourrait se retrouver de plus en plus isolée et réduire sa participation aux échanges commerciaux, ce qui conduirait les autres pays à rechercher des sources alternatives d’énergie et donc plus coûteuses. Enfin, la guerre déclenchée en Ukraine pourrait amener à la détérioration des infrastructures nécessaires aux exportations de biens : ports, gazoducs, oléoducs, etc.

Vers une activité économique et un pouvoir d’achat dégradés

En France, comme dans de nombreux pays, les mécanismes de formation des prix du gaz et de l’essence sont complexes et ne dépendent qu’en partie des cours du gaz naturel et du pétrole. La hausse des prix sur les marchés internationaux de l’énergie et des matières premières devrait, toutefois, provoquer l’accélération de l’inflation qui a fait son grand retour aux États-Unis et en Europe l’année dernière.

Cette accélération de l’inflation pourrait avoir deux conséquences majeures :

  • Tout d’abord, elle devrait peser sur le pouvoir d’achat, c’est-à-dire sur la capacité, pour les ménages, d’acheter des biens et des services avec leurs revenus. Si l’inflation est supérieure à la progression des revenus des ménages, alors le pouvoir d’achat recule. Il s’agit d’ailleurs du scénario prévu par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) pour l’année 2022. Selon les prévisions de l’Institut parues en décembre dernier, le pouvoir d’achat des ménages devrait reculer en France de 0,2 % en 2022. L’inflation « supplémentaire » générée par la guerre en Ukraine devrait aggraver ce phénomène.
  • L’accélération de l’inflation pourrait, ensuite, inciter les Banques centrales, dont la Banque centrale européenne (BCE) pour la zone euro et la Réserve Fédérale (FED) aux États-Unis, à davantage durcir les politiques monétaires menées. Afin de limiter l’inflation, elles ont, en effet, d’ores et déjà annoncé la fin prochaine des programmes d’assouplissement quantitatif mis en œuvre au début de la crise du Covid-19, comme le PEPP en Europe, et des hausses futures des taux d’intérêt. Du fait de la guerre en Ukraine, les Banques centrales pourraient accélérer la mise en œuvre de ces stratégies au détriment de l’activité économique.

Turbulences sur les marchés financiers internationaux

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a, enfin, provoqué des turbulences sur les marchés financiers internationaux. La plupart des marchés boursiers aux États-Unis et en Europe ont clôturé en baisse. Sans surprise, les valeurs les plus touchées sont celles qui sont le plus exposées au marché russe. Pour la France, il s’agit, par exemple, des établissements bancaires.

À la Bourse de Paris, l’indice CAC 40 a reculé de près de 3,8 % au cours de la séance du jeudi 24 février.

Au cours des dernières années, la Russie a, de son côté, tenté de réduire son exposition au système financier international, notamment en diminuant considérablement le montant de sa dette publique et en constituant des réserves de change. Si les États-Unis et les pays européens venaient, par leurs sanctions, à exclure totalement la Russie du système financier international, l’économie de cette dernière pourrait s’effondrer.