Prix du pétrole : pourquoi le marché est-il si volatil ?

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Au cours des deux dernières semaines du mois de juin 2025, les prix du pétrole ont suivi des dynamiques très instables. Retour sur ces évolutions, et les principaux chocs qui peuvent les expliquer.

De quoi dépendent les prix du pétrole ?

Les prix du pétrole dépendent fondamentalement de l’offre et de la demande. L’offre est fixée en grande partie par l’OPEP et l’OPEP+, des organisations regroupant les principaux producteurs de pétrole, qui s’accordent sur les quantités à produire, en cherchant à maximiser leurs profits. La demande dépend des besoins courants des acteurs économiques (des entreprises, des ménages…).

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Mais les prix du pétrole dépendent aussi, voire surtout, des anticipations de l’offre et de la demande. Si les marchés anticipent que l’offre sera plus faible dans le futur, par exemple, et que donc les prix seront plus élevés, alors les prix augmentent tout de suite. C’est un marché dit « forward looking » (qui regarde vers l’avenir). Beaucoup de spéculations, et de couverture sont négociées sur le marché du pétrole, tant cette ressource structure nos économies.

La récente évolution du prix du pétrole

Voici les prix du pétrole sur le mois dernier. Deux mouvements importants sont à considérer : une envolée entre le 1er juin et le 17 juin, et un effondrement entre le 23 juin et le 24 juin. Les prix sont à peu près stabilisés ces trois derniers jours.

Évolution du prix du baril de pétrole

Pourquoi de tels mouvements ? En fait, l’envolée a surtout pour origine une « prime de guerre », en lien avec le conflit israélo-iranien. L’Iran est en effet au cœur du marché du pétrole. Tout d’abord, l’Iran est le septième producteur mondial de pétrole. La république islamique a le contrôle du détroit d’Ormuz, un lieu de passage stratégie d’une grande partie du pétrole extrait au Moyen-Orient. En effet, environ 20 % du pétrole mondial passe par ce détroit. Si le détroit se retrouvait bloqué, à la suite d’un blocus de l’Iran, alors le marché du pétrole se verrait chamboulé. Les prix du pétrole ont donc suivi le cours de la guerre : frappes sur les bases militaires iraniennes, envoi de centaines de missiles balistiques sur le dôme de fer israélien, déplacement de plusieurs dizaines d’avions ravitailleurs des États-Unis vers le Moyen-Orient, largage de bombes sur les installations nucléaires, puis cessez-le-feu après une réponse très limitée (et négociée discrètement) par le régime iranien.

À date, la situation semble à présent stabilisée. Les prix sont donc repartis à la baisse, et sont maintenant à un niveau comparable d’avant crise.

Prix du baril : des mouvements de long-terme

En fait, les prix du pétrole suivent sur le long-terme une tendance baissière, pour des raisons structurelles : les États-Unis produisent massivement du pétrole (en partie du pétrole de schiste), les réserves mondiales de pétrole sont très élevées, les grands pays développés (la Chine en particulier) développent leur parc d’énergies renouvelables de plus en plus vite, l’électrification des usages (chauffage, voitures…) se démocratise, les pays producteurs de pétrole sont incités à augmenter l’offre pour financer leur grands projets et s’entendre avec leurs alliés (l’Arabie Saoudite en particulier)… La récente panique sur les marchés ne compense donc pour autant pas ces dynamiques sous-jacentes puissantes.

Quels impacts sur les prix à la pompe en France ?

La hausse des prix du pétrole, d’environ 18 % entre le 1er juin et le 20 juin, ne s’est pas répercutée fortement sur les prix à la pompe en France.

Selon le site prix-carburant.eu, le prix d’un litre de SP95 en France était de 1,698 € le 1er juin, et a piqué à 1,758 € le 24, soit une hausse de 3 %. Le prix d’un litre de gazole était de 1,593 € le 1er juin, et a piqué à 1,711 € le 22, soit une hausse de 7 %. Il y a plusieurs raisons pour expliquer cette transmission assez faible.

Le prix du pétrole brut négocié sur les marchés ne compte que pour 25 % dans le prix final à la pompe.

Une augmentation du prix du pétrole brut n’a donc qu’un impact limité. De plus, les raffineurs et les distributeurs ont des stocks, et si les prix augmentent pour une période courte, les distributeurs peuvent préférer s’appuyer sur leurs stocks plutôt que sur une hausse des prix.

Enfin, il peut parfois exister un petit délai de transmission de quelques jours entre les prix du prix du pétrole brut et les prix à la pompe, raison pour laquelle le pic de prix du carburant a été atteint entre le 22 et le 24 juin, alors que les prix du pétrole brut avaient déjà terminé leur descente.