Enjeux des dépenses publiques [2/17] : vieillissement et migration, un équilibre menacé

Antonin couvre une grande partie des problématiques des dépenses publiques, et aborde des enjeux sociaux, territoriaux, régaliens, écologiques et économiques, permettant d’acquérir une vue d’ensemble du thème, données et graphiques à l’appui. 

Le traitement des enjeux économiques et les partis pris de l’essai reflète la pensée de l’auteur, et non celle de La Finance Pour Tous, qui joue le rôle de relais d’un travail riche et densément documenté.
Cette semaine, Antonin traite du sujet du vieillissement et de l’immigration.

En 2020, les retraites représentaient 14 % du PIB, soit environ un quart des dépenses publiques. Le déficit chroniques des régimes de retraite est estimé à 2,1 % du PIB par an sur les 25 prochaines années, en raison des effets démographiques.

Texte et illustrations : Antonin Batteur

Les soins aux personnes âgées, notamment pour les affections de longue durée, connaissent une croissance annuelle de 3,8 %, liée pour un tiers au vieillissement.

Le nombre de personnes en perte d’autonomie pourrait doubler d’ici 2050, nécessitant une augmentation des dépenses pour la dépendance, estimées à 52 milliards d’euros en 2060 soit 2,07% du PIB.

Logement et services adaptés : besoin de développer des infrastructures spécifiques comme les EHPAD, les résidences autonomes, et des services de maintien à domicile. Il faudra créer 60 000 places supplémentaires en EHPAD et 215 000 en habitats alternatifs d’ici 2050. Le coût estimé pour moderniser les EHPAD existants est de 15 milliards d’euros pour 150 000 places.

Les politiques d’accueil et d’intégration des migrants nécessitent des budgets spécifiques, incluant l’hébergement, la formation linguistique et l’accès aux services publics (moins de 1% du budget). Par ailleurs, l’impact de l’immigration sur les finances publiques françaises est estimé à environ -0,3 point de PIB en 2019, indiquant une contribution nette légèrement négative. Cette estimation s’explique principalement par une contribution fiscale inférieure des immigrés, en raison de revenus moyens plus faibles, tandis que les dépenses publiques en leur faveur ne sont pas significativement supérieures à celles des non-immigrés. A l’inverse en 2021, la contribution nette des immigrés aux finances publiques françaises est généralement estimée entre ±1% du PIB.

Cependant, leur présence est nécessaire à la fois pour atténuer les effets du vieillissement de la population, favoriser le renouvellement démographique, soutenir la croissance économique, financer les régimes sociaux et combler les pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs essentiels tels que la santé, la construction ou la restauration.

En 2024, Au 1er janvier 2024, 13,1% en 2024 des médecins en activité sont diplômés à l’étranger dont 7,5 % ont obtenu leur diplôme en dehors de l’UE (majoritairement en Algérie pour 37%, Tunisie pour 12,4%, Syrie pour 9% et Maroc pour 7,4%). Cette hausse de 81% entre 2010 et 2024 du nombre de médecins actifs diplômés à l’étranger s’explique notamment par un besoin accru de spécialistes chirurgicaux (21% en activité sont étrangers en France) et de spécialistes médicaux (17,4%). Cette augmentation n’est que peu prononcé pour les infirmiers qui ne sont que 3% d’étrangers et dont la proportion d’infirmiers formés à l’étranger n’a pas progressé entre 2012 et 2022. Cependant, nous sommes loin de la Roumanie ou la Belgique qui ont respectivement 42,7% et 15,3% de médecins étrangers en activité.  De plus, en France, plus de 40 % du corps médical est âgé d’au moins 55 ans. Un renouvellement sera nécessaire à un moment.