Lors de sa déclaration de politique générale à l’Assemblée nationale, le 14 octobre 2025, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a proposé la suspension temporaire de la réforme des retraites de 2023, jusqu’à la prochaine élection présidentielle de 2027. Cette annonce a été faite dans un contexte de risque de censure de son nouveau gouvernement lors de l’examen de 2 motions de censure, le 16 octobre.
La suspension proposée devrait porter sur deux paramètres : l’âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation.
Qui serait concerné par le gel de l’âge légal et de la durée de cotisation ?
La réforme de 2023 prévoyait le report progressif de l’âge légal de 62 à 64 ans, à partir de la génération née à compter du 1er septembre 1961 jusqu’à la génération 1968 et les suivantes. Et la durée de cotisation passe de 168 trimestres (42 ans) à 172 trimestres (43 ans) dès la génération 1965.
L’âge légal de départ de 62 ans et 9 mois, requis depuis le 1er septembre 2025 pour la génération née en 1963, pourrait être bloqué jusqu’à janvier 2028. Et la durée d’assurance requise pour le taux plein serait gelée à 170 trimestres (42 ans et 6 mois), également jusqu’à janvier 2028.
En pratique, les personnes nées en 1964 pourraient bénéficier d’un âge légal de départ et d’une durée de cotisation similaires à ceux de la génération 1963.
Mais dès la génération 1965, l’âge légal et la durée de cotisation reprendraient leur progression (de 3 mois par génération et d’un trimestre supplémentaire jusqu’à 172 trimestres). Sauf nouvelle réforme adoptée après l’élection présidentielle.
Ce sont cinq générations (de 1964 à 1968) qui pourraient être concernées par cette suspension et ce report de la réforme des retraites de 2023, avec une réduction d’un trimestre de leur âge légal, soit 3,5 millions de personnes, selon le Premier ministre.
Les coûts supplémentaires de cette suspension de la réforme des retraites de 2023
Cette mesure de suspension de la réforme des retraites devrait représenter un coût supplémentaire estimé à 400 millions d’euros en 2026 et de 1,8 milliard d’euros en 2027, selon l’annonce du Premier ministre, Sébastien Lecornu. Il a également indiqué qu’elle devra « être compensée financièrement, y compris par des mesures d’économie ».
Des mesures de compensation financière du coût de la suspension devraient figurer dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, déposé en Conseil des ministres le 14 octobre.
Quelles seront les modalités de mise en œuvre de cette suspension ?
La suspension de la réforme des retraites de 2023 doit être décidée par une loi, débattue devant le Parlement. Cette disposition devrait passer par un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. Cet amendement serait déposé par le Gouvernement au cours du mois de novembre.
L‘adoption d’une nouvelle loi spécifique portant suspension de la réforme des retraites semble avoir été écarté.
Le Premier ministre a également proposé aux partenaires sociaux, patronat et syndicats, la tenue d’une conférence sur les retraites et le travail, pour le printemps 2026. Afin de « poser la question de l’ensemble de la gestion de notre système » de retraite. Alors que « certains veulent les systèmes par points, d’autres par capitalisation, d’autres veulent abandonner toute référence d’âge ».