Prix de l’or : le rôle déterminant des banques centrales
Le prix de l’or, comme celui de tout autre bien, dépend de l’offre et de la demande. La différence, bien sûr, est que les acteurs qui échangent sur le marché de l’or sont très hétérogènes, et avec des objectifs distincts. En particulier, les banques centrales font figure de pilier sur le marché de l’or, et leur demande est un moteur souvent sous-estimé de la hausse récente. De nombreux pays émergents, en particulier, diversifient leurs réserves de change en augmentant la part d’or pour réduire leur exposition au dollar.
Autrement dit, acheter de l’or est comme acheter une assurance pour leur pays. Il est également à noter que l’or constitue une valeur refuge lors des phases de tensions géopolitiques. Les achats d’or par les banques centrales relèvent donc également d’une dimension stratégique.
Cette demande, régulière et peu sensible aux fluctuations de court terme, soutient le marché en profondeur. Elle créée comme un plancher qui contribue à ancrer des anticipations haussières.
Des taux d’intérêt faibles
L’un des défauts d’un investissement en or est qu’il ne rapporte rien. Le seul profit à espérer est une plus-value à la revente. En ce sens, les actions ou les obligations peuvent paraitre plus intéressantes. En pratique, il existe une relation négative entre le prix de l’or et les taux d’intérêt. Lorsque ces derniers sont élevés, il est plus intéressant pour les investisseurs de détenir des actions ou des obligations. A l’inverse, lorsque les taux sont faibles, alors l’or gagne en attractivité. Or, depuis mi-2024, les taux ont commencé à baisser, en particulier aux Etats-Unis, mais aussi en Europe. La demande pour le métal s’est donc renforcée.
La valeur du dollar comme pivot
Le prix de l’or est conventionnellement libellé en dollars. Lorsque le dollar se déprécie, un même lingot coûte mécaniquement moins cher pour les détenteurs d’autres devises, ce qui dope la demande mondiale. À l’inverse, un dollar fort agit comme un vent contraire. Depuis l’élection de Trump, le dollar s’est effectivement fortement déprécié, notamment à cause de la politique commerciale très offensive des Etats-Unis et les incertitudes budgétaires.
L’or, une couverture contre l’inflation
L’or est fréquemment présenté comme une couverture contre l’inflation. Tandis que le pouvoir d’achat des pièces, des billets ou des comptes en banque s’érode à cause de la hausse de leur quantité, l’or maintient sa valeur réelle. En effet, sa quantité est finie et sa production progresse lentement. Lorsque les investisseurs craignent une inflation persistante, la prime de sécurité attachée à l’or se renforce.
Investir dans l’or n’est toujours rentable. Il peut sous-performer dans les situations où la quantité de monnaie est stable (par ce que la banque centrale mène une politique monétaire restrictive par exemple). Durant les années 2010, le prix de l’or à stagné, et les investisseurs n’ont donc quasiment touchés aucun bénéfice.
Finance de marché et effets d’amplification
La financiarisation du métal jaune a facilité son accès via des fonds indiciels (ETF). Aujourd’hui, n’importe quel particulier peut acheter du métal précieux sous forme l’ETF. Cela a pour avantage de supprimer toutes les questions de stockage et de sécurité. Les fonds indiciels peuvent vous permettre d’investir directement dans de l’or physique, ou bien de suivre indirectement les cours de l’or (par exemple via des actions de sociétés aurifères). Atteignant parfois plusieurs dizaines de milliards de dollars, ces parts de fonds sont aujourd’hui très prisées, notamment par les investisseurs plutôt jeunes à la recherche de diversification.
Cette accessibilité renforce le rôle de l’or dans la construction de portefeuille, mais elle peut aussi amplifier les mouvements. Les flux entrants sur les véhicules d’investissement agissent comme un accélérateur en phase haussière, tandis que des dégagements rapides, par exemple lors de hausses brusques des taux, peuvent provoquer des corrections marquées sans que les fondamentaux aient changé.
L’offre physique
Du côté de l’offre, la production minière évolue sur des cycles longs. L’ouverture de nouveaux gisements exige des capitaux importants, des délais d’exploration, des autorisations réglementaires et des investissements environnementaux. Même lorsque les prix montent, l’offre ne peut pas répondre rapidement. Le recyclage tempère partiellement la tension, notamment lorsque les prix franchissent des seuils psychologiques qui incitent les ménages à revendre bijoux et pièces.
Mais là aussi, les volumes restent bornés par les stocks disponibles et la sensibilité des vendeurs au cycle. Cette insensibilité de l’offre contribue à des dynamiques de prix très puissantes, bien plus qu’un bien ou qu’un service classique.
Évolution du prix de l’or
La trajectoire future de l’or reste tributaire de nombreuses inconnues. La plus importante est peut-être l’orientation durable des taux d’intérêt : un cycle prolongé de rendements élevés pèserait sur le métal. La seconde est le cours du dollar. Depuis le 21 octobre, le prix de l’once d’or (31,1 g) a par exemple connu une correction brutale. Après une envolée au-dessus de 4 300 dollars, elle est aujourd’hui d’environ 4 125 dollars.
L’once d’or est la principale unité de mesure de l’or, et a été développée par les marchands de la ville de Troyes (d’où son nom plus complet de « once troy ») au Moyen-Age.
Un nécessaire retour à une tendance plus lente, dans un contexte d’apaisement des relations sino-américaines. Il reste donc très difficile d’affirmer quoi que ce soit pour la suite, bien que la tendance de ces dernières années semble bien installée.