Comment évolue le patrimoine des Français ?

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En économie, on entend souvent parler du Produit Intérieur Brut, la somme de toutes les richesses créées sur une année. Le PIB est le principal agrégat économique, et c’est un flux : il prend en compte les nouveaux biens et les services produits sur une période donnée. Pour compléter le panorama de l’économie française, il est également possible de s’intéresser au stock de richesses accumulée au cours des années. 

Dans une courte note parue début novembre, l’Insee propose un rapide tour d’horizon de la dynamique du patrimoine économique français ces dernières années.

La valeur du patrimoine

Le patrimoine économique national, qui mesure la richesse totale de l’économie, était de 19 559 milliards d’euros en 2024. Ce chiffre est en rebond de 2,6 % après une baisse en 2023.

Le patrimoine national se divise en deux grandes catégories : les actifs non financiers et le patrimoine financier net.

Les Actifs Non Financiers

Cette catégorie regroupe les actifs économiques qui ne sont pas des créances financières. On y trouve les actifs corporels (logements, autres bâtiments…) auxquels s’ajoutent les actifs incorporels (logiciels) ainsi que les autres actifs produits (biens de consommation) et non produits (comme les terres agricoles).

Les Actifs Financiers

Le patrimoine financier net est la composante financière du patrimoine national. Il est obtenu par la différence entre la valeur des actifs financiers détenus et la valeur des passifs financiers contractés (les dettes).

Répartition du patrimoine en France

Patrimoine par secteur institutionnel

Les actifs non financiers constituent la grande majorité du patrimoine économique français avec 19 627 milliards d’euros en 2024. Le patrimoine non financier des ménages (composé en très grande majorité d’immobilier) en représente environ les trois-quarts. Le patrimoine financier net est lui aussi détenu par les ménages, qui sont donc les créanciers des autres acteurs de l’économie (les entreprises et l’État).

Inégalités au sein des ménages

Bien que les ménages dans leur ensemble détiennent la majorité du patrimoine national (76,5 % en 2024), il est crucial de noter que cette richesse est très inégalement répartie au sein même de cette catégorie. L’indice de Gini, une mesure des inégalités dans un pays donné, est historiquement beaucoup plus élevé pour le patrimoine que pour les revenus, signalant une forte concentration des actifs dans les déciles supérieurs. En 2021, cette inégalité a été accentuée, notamment par l’envolée des prix de l’immobilier, creusant l’écart entre les ménages propriétaires et les autres.

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L’évolution du patrimoine économique

Chaque année, la valeur du patrimoine évolue, et chaque composante (terrains, actifs financiers, machines…) y contribue de manière positive ou négative.

évolution du patrimoine économique

Lla dynamique du patrimoine national est historiquement dominée par l’immobilier (constructions et terrain). Les crises immobilières ne sont donc pas indolores.

Aussi, l’évolution du patrimoine est caractéristique, et assez inédite. L’augmentation du patrimoine est portée par le patrimoine financier. Si on rentre dans le détail, trois types de produits financiers semblent particulièrement performants : les titres de créances (dette négociable), les crédits, et les parts d’Organismes de Placement Collectif.

Le patrimoine réel versus le patrimoine nominal : mesurer la richesse face à l’érosion monétaire

Sur une longue période, la valeur du patrimoine national suit une tendance haussière, avec quelques ralentissements (au début des années 2010, ou durant la crise sanitaire de 2020). Cependant, il est à noter que cette évolution est en valeur nominale et ne tient pas compte de l’inflation. 

Valeur du patrimoine national

Il est crucial de distinguer les deux notions pour comprendre l’évolution de la richesse :

  • La valeur nominale est la valeur mesurée en euros courants, telle qu’elle est affichée sur les relevés bancaires ou les estimations de biens immobiliers. Elle ne tient pas compte des variations du pouvoir d’achat.
  • La valeur réelle est la valeur ajustée de l’inflation. Elle exprime le véritable pouvoir d’achat de ce patrimoine, c’est-à-dire ce qu’il est possible d’acheter avec cette somme.

Certes, le patrimoine nominal national a connu une progression apparente, passant d’environ 17 101 milliards d’euros en 2020 à 19 558 milliards d’euros en 2024 (soit une augmentation nominale d’environ 14,4%).

Toutefois, en regardant la valeur réelle (en euros de 2004), la dynamique est toute autre. Le patrimoine réel national s’élevait à 14 087 milliards d’euros en 2020, culminant à 15 053 milliards d’euros en 2022 avant de redescendre. Aujourd’hui, en 2024, la valeur réelle est de 14 081 milliards d’euros.

Cela signifie que le patrimoine réel national en 2024 est comparable à sa valeur de 2020.

Autrement dit, malgré une forte croissance des montants affichés depuis quatre ans, la richesse nationale n’a pratiquement pas augmenté en termes de pouvoir d’achat réel.

Cette stagnation du patrimoine réel s’explique par l’inflation soutenue entre 2022 et 2024, qui a grignoté tous les gains apparents.

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