Corrélation n’est pas causalité !

la finance pour tous

La corrélation et la causalité sont toutes deux des notions statistiques régulièrement utilisées dans le débat public, mais souvent confondues. Or, il ne faut pas tirer de conclusion hâtive d’une simple corrélation observée ! Explications.

Corrélation et causalité : définitions

Corrélation et causalité sont deux notions statistiques certes relativement proches, mais à ne pas confondre ! Lorsqu’il existe une corrélation entre deux variables, cela signifie simplement qu’il existe une relation entre ces deux variables. Cette relation peut être :

  • positive : lorsque les deux variables bougent dans la même direction ou ;
  • négative : lorsque les deux variables bougent dans une direction opposée.

Corrélation définition

La notion de causalité renvoie, quant à elle, au lien de cause à effet entre deux variables. Il y a, ainsi, causalité, lorsque le mouvement d’une variable provoque (« cause ») celui d’une autre variable.

Ainsi, une corrélation n’implique pas nécessairement une causalité ! Il est important de distinguer les deux notions car la nature de la relation entre deux phénomènes peut avoir un impact fort sur les politiques publiques à mener.

Les notions de corrélation et de causalité vues… par Coluche

« Quand on est malade, il ne faut surtout pas aller à l’hôpital : la probabilité de mourir dans un lit d’hôpital est 10 fois plus grande que dans son lit à la maison ».

Voici comment, il y a quelques années, l’humoriste Coluche insistait, d’une boutade, sur l’opposition entre les notions de corrélation et de causalité.

Il y a, certes, une corrélation positive entre le fait d’être admis à l’hôpital et le fait de trouver la mort, mais pas de causalité entre les deux ! En effet, les personnes admises à l’hôpital ont une probabilité plus grande de décéder, mais uniquement parce qu’elles sont malades !

Corrélation et causalité : un exemple simple

Prenons un exemple simple à partir des achats de glace et des coups de soleil.

Les évolutions des ventes de glaces et des coups de soleil ne sont pas indépendantes. Elles sont, en effet, reliées positivement, puisqu’elles augmentent, toutes les deux, au cours de l’été. On dit qu’il y a corrélation entre les ventes de glaces et les coups de soleil. En revanche, il serait absurde de conclure que l’on attrape un coup de soleil parce que l’on a mangé une glace ou de penser que le fait d’attraper des coups de soleil provoque une augmentation des achats de glaces. Dans les deux cas, l’augmentation simultanée des ventes de glaces et de l’occurrence des coups de soleil s’explique par un troisième facteur : le beau temps !

Il n’y a donc pas de causalité entre les ventes de glaces et les coups de soleil.

Un exemple économique : la dette publique est-elle néfaste pour la croissance économique ?

Dans les années 2010, un débat autour du niveau optimal de dette publique a agité les milieux universitaires économiques. Tout est parti d’un article de Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, deux économistes reconnus pour les travaux sur la macroéconomie et l’économie internationale. Cet article faisait état d’une corrélation négative entre le niveau de la dette publique d’un pays et sa croissance économique.

Plus précisément, l’étude de Reinhart et Rogoff suggérait que dans les pays où la dette publique était supérieure à 90 % du produit intérieur brut (PIB), la croissance économique était plus lente. Conclusion implacable des deux économistes : puisqu’une dette élevée cause un ralentissement de la croissance, alors il convient de mettre en œuvre des politiques d’austérité destinées à réduire le ratio dette publique sur PIB sous la barre des 90 %.

Des études ultérieures sont venues contredire le résultat central de l’article de Reinhart et Rogoff. Nombre d’entre elles ont réfuté, grâce à des modèles statistiques complexes, l’existence d’un lien causal entre une dette publique élevée et une croissance économique faible.

Reinhart et Rogoff ont, ainsi, confondu un peu rapidement corrélation et causalité ! Un article de John Irons et Josh Bivens a même mis en évidence que l’effet causal à l’œuvre serait l’inverse de celui trouvé par Reinhart et Rogoff : une croissance économique lente entraînerait une augmentation de la dette publique.

Dès lors, les recommandations en termes de politique économique de Reinhart et Rogoff seraient néfastes et donc à prendre avec une grande prudence !

0 commentaire

Commenter