Guerre en Ukraine : les cryptomonnaies peuvent-elles aider la Russie face aux sanctions économiques ?

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Face à la chute du rouble et à l’isolement financier provoqués par les sanctions économiques des pays occidentaux, la Russie pourrait recourir aux cryptomonnaies. Un manque d’infrastructures et la faible acceptation des cryptomonnaies comme moyen de paiement rendent cette possibilité peu probable.

Vers un plus large recours aux cryptomonnaies en Russie ?

Selon un classement établi par Chainalysis, une société spécialisée dans l’analyse de blockchains, la Russie apparaissait, en 2021, au 18e rang des pays utilisant le plus les cryptomonnaies. Le contexte actuel, marqué par la guerre en Ukraine et les nouvelles sanctions économiques fortes décidées par les pays occidentaux, pourrait favoriser la diffusion des cryptomonnaies et leur utilisation en Russie.

Du fait de l’exclusion de certaines banques russes du système Swift, la Russie se trouve, en effet, isolée sur le plan financier. De plus, la guerre et les sanctions économiques ont provoqué une chute sévère du rouble. Alors qu’en moyenne 84 roubles étaient nécessaires pour se procurer un euro en décembre 2021, il en faut désormais plus de 144 ! La devise russe a ainsi perdu plus de 70 % de sa valeur exprimée en euros.

Guerre en Ukraine : les cryptomonnaies sont-elles un moyen pour la Russie de contourner les sanctions économiques ?

Dans ce contexte, le recours aux cryptomonnaies pourrait permettre à la Russie de limiter l’isolement financier et aux ménages et entreprises russes de tenter de conserver le pouvoir d’achat de leurs actifs et de leur épargne.

Une généralisation du recours aux cryptomonnaies est-il envisageable en Russie ?

Une généralisation de l’utilisation des cryptomonnaies en Russie est, toutefois, difficilement envisageable. Tout d’abord, la Russie manque d’infrastructures adaptées. Elle est, en effet, l’un des pays à avoir exprimé une hostilité franche à l’égard des cryptomonnaies, la Banque centrale russe déclarant en début d’année projeter l’interdiction du minage et des transactions de crypto-actifs. De plus, V. Poutine s’est à de nombreuses reprises exprimées contre l’utilisation des cryptomonnaies : la Russie ne sera pas le deuxième pays, après le Salvador à adopter un crypto-actif, comme le Bitcoin, comme monnaie officielle. Enfin, il n’est pas envisageable pour les agents économiques russes de régler leurs transactions principalement en cryptomonnaies. Bien peu de transactions peuvent effectivement être réglées en cryptomonnaies à l’heure actuelle.

Les plateformes de cryptoactifs soucieuses du respect des sanctions adressées à la Russie

Actives aux États-Unis et au sein des pays membres de l’Union européenne, les principales plateformes d’échanges de cryptomonnaies, comme Coinbase ou Binance, ont appliqué les sanctions décidées par ces pays. Elles ont, en particulier, bloqué les comptes d’une liste de personnalités jugées proches de V. Poutine. Du point de vue des sanctions adressées à la Russie, il n’existe donc pas de différence entre les cryptomonnaies et les monnaies « traditionnelles ».