Faut-il s’inquiéter de l’augmentation de la dette publique en France ?

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Le premier trimestre de l’année 2022 a été marqué par une nouvelle augmentation du montant de la dette publique en France. Malgré les commentaires alarmistes de certains « Cassandre » de l’économie, cette situation est pourtant loin d’être catastrophique : l’augmentation de la dette s’explique par sa saisonnalité et elle reste soutenable, étant donné le niveau actuel des taux d’intérêts réels.

La dette publique en France

Selon les données publiées vendredi 24 juin par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), la dette publique a atteint, fin mars 2022, 2 901,8 milliards d’euros, soit 114,5 % du PIB. L’endettement des administrations publiques françaises a donc augmenté de près de 88 milliards d’euros au cours du premier trimestre de l’année 2022, alors qu’il s’était réduit d’environ 20 milliards d’euros au dernier trimestre 2021.

Évolution de la dette publique

Parmi les administrations publiques, l’acteur le plus endetté demeure l’État (2 293,6 milliards d’euros), devant les administrations de sécurité sociale (300,2 milliards d’euros), les administrations publiques locales (245,1 milliards d’euros) et les organismes divers d’administration centrale (62,8 milliards d’euros).

Faut-il s’inquiéter de la situation des finances publiques en France ?

La question de la dette publique donne régulièrement lieu à des discours catastrophistes. Cela a une nouvelle fois été vérifié à l’occasion de la parution des dernières données de l’INSEE. Ces « Cassandre » de l’économie annoncent, pêle-mêle, un « krach imminent », « une faillite de l’État » ou encore qu’il « est vital de sortir de l’endettement public ».

Sans nier les aspects négatifs potentiels d’une dette publique élevée – elle peut se traduire par des dépenses supplémentaires pour faire face à la charge d’intérêts et peut réduire les possibilités offertes en termes de politique budgétaire –, il n’en demeure pas moins que l’état des finances publiques est loin d’être aussi catastrophique que ne le présentent les Cassandre.

Dette publique et saisonnalité des comptes publics

Contrairement à ce qu’annoncent les Cassandre, la progression de la dette publique au premier trimestre 2022 n’est, tout d’abord, en rien synonyme d’une « faillite » des administrations publiques. Cette augmentation s’explique, en effet, par la saisonnalité de la dette : l’État a, en effet, tendance à davantage emprunter au cours du premier semestre de l’année.

Par exemple, en 2019, l’Agence France Trésor (AFT) – l’institution chargée de la gestion de la dette publique – a procédé à l’émission de plus de 138 milliards d’euros de titres au premier semestre, contre environ 100 milliards d’euros « seulement » au second semestre.

Il existe donc une tendance à l’augmentation de la dette au premier semestre et à la diminution au second semestre.

Montants des émissions de titres de dette par l’État

La dette publique française est soutenable

Les finances publiques françaises sont, ensuite, soutenables. Autrement dit, l’État a la capacité d’honorer ses engagements financiers à terme. Un critère déterminant dans l’étude de la soutenabilité de la dette est le niveau des taux d’intérêt. Plus précisément, la charge de la dette dépend du niveau du taux d’intérêt réel et de la croissance économique.

Le durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) a, certes, pour conséquence de tirer les taux d’intérêt nominaux vers le haut, mais l’inflation que l’on connaît actuellement en France – 5,2 % en mai en rythme annuel – maintient les taux d’intérêt réels à des niveaux faibles. Dans ces conditions, l’endettement public est relativement peu coûteux.