Introduction en bourse d’un triptyque de Francis Bacon

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Trois études pour un portrait de Georges Dyer, le célèbre triptyque de Francis Bacon, sera bientôt introduit en bourse, une première en Europe. Investir dans des toiles de maître sera donc bientôt accessible au plus grand nombre… mais une telle opération financière n’est pas dénuée de risques. Décryptages.

Mécanisme de l’introduction en bourse

Il s’agit d’une première en Europe : Trois études pour un portrait de Georges Dyer, une œuvre de Francis Bacon, sera introduite en juillet prochain sur Artex, une bourse d’échange d’actions régulée au Liechtenstein. Cette dernière ambitionne d’introduire en bourse plusieurs autres œuvres d’art au cours des prochains mois. Comment une telle opération se déroule-t-elle ? L’œuvre d’art est, tout d’abord, acquise par une société anonyme de droit luxembourgeois, spécialement créée pour l’occasion. Dans le cas du triptyque de Bacon, la société se nomme Art Share 002 S.A. Les parts sociales de cette société sont ensuite introduites en bourse et proposées aux investisseurs.

Les actions de Art Share 002 S.A. seront proposées à une valeur nominale de 100 dollars, ce qui revient à une valorisation du triptyque de Bacon à environ 55 millions de dollars. L’œuvre d’art avait été vendue, en mai 2017, pour près de 52 millions de dollars par l’intermédiaire de Christie’s, une société de vente aux enchères.

Trois études pour un portrait de Georges Dyer introduit en bourse

Les avantages et risques associés à une introduction en bourse

Plusieurs avantages sont attendus d’une telle introduction en bourse.

Pour les (anciens) propriétaires de l’œuvre d’art, elle permet de céder une œuvre d’art en évitant d’avoir recours à une vente aux enchères. Régulièrement utilisé dans le domaine de l’art, ce mode de transaction peut s’avérer incertain – il existe une possibilité non nulle que la vente ne puisse avoir lieu au prix de réserve fixé par le vendeur – et relativement coûteux en raison des commissions prélevées par les maisons de ventes. Cela a, toutefois, un prix pour les vendeurs : ils se privent de la possibilité que les enchères aboutissent à un prix plus élevé qu’anticipé.

Pour les acquéreurs, une telle opération présente l’intérêt de permettre une plus grande diversification des actifs qu’ils possèdent. Il faut toutefois noter que ces titres ne génèreront aucun revenu, contrairement aux actions « classiques » (qui peuvent donner lieu à un versement de dividendes) ou aux obligations (dont les propriétaires touchent intérêts). Les œuvres d’art demeureront, en effet, exposées dans des musées.

Les risques des placements dits « alternatifs »

S’ils peuvent permettre de davantage diversifier son patrimoine financier, les investissements dans des placements dits « alternatifs » présentent également des risques. Le premier d’entre eux est le risque de liquidité : le marché d’actifs « alternatifs » peut être relativement étroit, ce qui peut empêcher de s’en séparer rapidement.

Un autre risque est celui de la perte en capital, dans la mesure où la valeur de ces actifs peut fluctuer à la hausse, certes, mais également à la baisse. Dans le cas des œuvres d’art, ce risque semble particulièrement élevé dans la mesure où la valorisation ne repose que sur des critères subjectifs.