Enjeux des dépenses publiques [12/17] : réduire nos émissions… en les exportant ailleurs ?

Cette œuvre concentre une réflexion sur les problématiques des dépenses publiques, et aborde des enjeux sociaux, territoriaux, régaliens, écologiques et économiques, permettant d’acquérir une vue d’ensemble du thème, données et graphiques à l’appui.

Le traitement des enjeux économiques et les partis pris de l’essai reflète la pensée de l’auteur, et non celle de La Finance Pour Tous, qui joue le rôle de relais d’un travail riche et densément documenté.

Enjeux des dépenses publiques : réduire nos émissions… en les exportant ailleurs ?

Les émissions intérieures de la France ont baissé, son empreinte carbone globale reste préoccupante. En 2021, les émissions liées aux importations représentaient 55 % de l’empreinte carbone totale de la France. La délocalisation de la production vers des pays où l’empreinte carbone est plus élevée rend difficile toute réduction effective des émissions à l’échelle nationale. Par ailleurs, la culture du gaspillage demeure un problème majeur.

De plus, les multiples crises environnementales affectent directement la production alimentaire, fragilisant l’approvisionne ment en certaines denrées essentielles. Le changement climatique, combiné à l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs, menace la production de fruits, légumes et autres cultures dépendant de la pollinisation. La disparition progressive des abeilles, dont la population a fortement diminué en dix ans, risque d’entraîner une baisse drastique des rendements agricoles. Dans le même temps, l’augmentation des températures et la multiplication des sécheresses pèsent sur la production céréalière, notamment du blé, réduisant les stocks et entraînant une volatilité des prix (+38 % entre février et avril 2022). Face à ces enjeux, la France se retrouve de plus en plus dépendante des importations alimentaires, une tendance qui aggrave son empreinte carbone.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que les risques climatiques ne cessent de s’intensifier. Le pays enregistre une augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles. En 2022, les canicules, les sécheresses et les inondations ont causé des dégâts estimés à 10 milliards d’euros, affectant aussi bien les infrastructures que les cultures et les habitations. Si ces phénomènes s’accélèrent, les coûts économiques et sociaux du changement climatique risquent d’exploser dans les prochaines décennies. L’État doit donc multiplier les efforts d’adaptation et renforcer les investissements dans la résilience des territoires. Pourtant, les dépenses publiques pour l’atténuation des effets climatiques restent encore en deçà des besoins réels, et l’absence d’une stratégie globale à long terme pourrait compromettre la capacité des générations futures à faire face aux défi s environnementaux.

Dans ce contexte, il apparaît indispensable de repenser le modèle économique et écologique français. Une simple réduction des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire ne suffira pas si elle s’accompagne d’une externalisation massive des impacts environnementaux vers d’autres continents. La transition vers un modèle durable doit reposer sur une transformation structurelle de la consommation et de la production, en privilégiant des pratiques plus respectueuses des ressources naturelles.

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Cela implique une relocalisation de certaines filières stratégiques, une accélération des investissements dans les énergies renouvelables et un changement profond des comportements individuels.

L’avenir dépendra de la capacité collective à intégrer ces enjeux dans les décisions économiques et politiques, afin d’assurer un développement viable et résilient pour les générations futures.