Agences de notation : à quoi correspond la note « A+ » ?
La note A+ constitue l’un des barreaux de l’échelle de notation de l’agence. Les autres agences, comme Fitch et Moody’s, suivent des échelles très similaires. L’agence de notation est censée évaluer objectivement la soutenabilité de la dette publique (c’est-à-dire sa capacité à honorer ses obligations financières).
Si l’agence est crédible, cette note est un signal pour les marchés qui l’utiliseront pour décider de leurs investissements.
Les raisons derrière la baisse de la note de la France
Les causes de cette dégradation sont connues. La principale, bien sûr, est l’incertitude qui pèse sur la consolidation budgétaire promise par les gouvernements successifs ces derniers mois. L’objectif, en théorie, est de revenir à moins de 3 % de déficit en 2029. En pratique, cependant, les analystes de S&P jugent cette trajectoire trop optimiste.
« Même si, selon nous, l’objectif de déficit budgétaire des administrations publiques de 5,4 % du PIB pour 2025 sera atteint, nous pensons qu’en l’absence de mesures supplémentaires significatives de réduction du déficit budgétaire, l’assainissement budgétaire sur notre horizon de prévision sera plus lent que prévu ».
L’agence de notation craint un ralentissement des mesures entreprises pour réduire le déficit, en prenant l’exemple du décalage de la réforme des retraites. Les élections présidentielles, en 2027, pourraient en cela constituer un tournant (positif ou négatif). Ainsi, le ratio de la dette publique atteindrait les 121 % du PIB en 2028 (actuellement à 115 %).
Cette incertitude budgétaire a certes des conséquences négatives directes, mais aussi indirectes. Selon S&P, « l’absence de visibilité sur le plan d’assainissement budgétaire pèse sur la croissance économique de la France ». Autrement dit, pas de budget, moins de croissance (car report des décisions d’investissement et de consommation).
Une baisse de la note de la France, et alors ?
Alors, qu’est-ce que cela change pour l’État français d’être moins bien noté ? Au moins trois choses.
D’abord, une baisse de la demande de certaines banques pour la dette française. En effet, les cadres règlementaires des banques (Bâle III en particulier) s’appuient sur les notes des agences de notation pour quantifier le risque qu’elles prennent. Une bascule de AA à A+ peut accroître les pondérations appliquées à certains portefeuilles : autrement dit, les banques (surtout hors zone euro) se voient limitées dans le financement de l’État français.
Ensuite, une baisse de la demande des fonds d’investissements. Certains fonds proposent des mandats « investment grade core » à leurs clients qui cherchent des placements sûrs. Or, ces mandats spécifient parfois des seuils d’achat alignés sur une qualité type AA : une dégradation peut alors entraîner des réallocations, même si elles ne seraient pas forcément massives.
Enfin, le signal négatif de la notation peut entrainer une hausse de la prime de risque exigée par un éventail plus large d’investisseurs internationaux, avec, à la clé, une sensibilité accrue du coût de financement.
Au final, donc, l’État français risque d’emprunter à des taux plus élevés, surtout si ces notations n’ont pas été anticipées par les marchés.