La finance islamique dans le monde

la finance pour tous

Malgré son encours estimé à plus de 2 800 milliards de dollars, la finance islamique ne représente qu’un peu plus de 1 % de la finance classique. Autrement dit, son activité reste relativement marginale.

Cette forme de finance est essentiellement pratiquée dans les pays du Moyen-Orient qui, avec quelque 2 000 milliards de dollars, représentent près de 70 % de son encours total.

encours actifs islamiques

Par ailleurs, on note depuis cinq ans une accélération significative de son encours. D’après la Société islamique pour le développement du secteur privé, cette croissance ne devrait pas ralentir au cours des années à venir. Elle estime, en effet, que l’encours financier des actifs islamiques atteindra 3 693 milliards de dollars en 2024.

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Quelles sont ses réelles perspectives de développement de la finance islamique ?

La finance islamique ne s’adresse pas uniquement au 1,5 milliard de musulmans. Plusieurs pays occidentaux s’y intéressent car elle présente des caractéristiques intéressantes en matière de transparence et de régulation bancaire.

Sur ce point, le Royaume-Uni fait office de précurseur. La Financial Services Authority a ainsi créé des normes pour ces nouveaux produits financiers et a ouvert un département spécifique dédié à la finance islamique. En 2004, l’Islamic Bank of Britain a ainsi ouvert ses portes, une première en Europe occidentale.

En Allemagne et en France, comptant à eux deux près de 9 millions de musulmans, la finance islamique n’a pas encore pénétré le marché bancaire traditionnel. Autrement dit, aucune grande banque allemande ou française ne propose à ses clients d’investir dans des produits dit « charia-compatibles », c’est-à-dire conformes à la loi islamique.

Quelques initiatives ont cependant émergé. En Allemagne, la banque islamique turque Kuveyt Türk s’est installée à Francfort et dans d’autres grandes villes allemandes comme Berlin en commercialisant des produits bancaires tels que le crédit immobilier « charia-compatible ».

En France, il n’existe à l’heure actuelle aucune banque islamique stricto sensu. Toutefois, de nombreux établissements de crédit « traditionnels » proposent désormais des produits et des solutions bancaires conformes aux principes de la finance islamique.

Quelles limites au développement de la finance islamique dans le monde ?

Malgré des projections de développement encourageantes dans les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, la finance islamique peine encore à trouver un écho en Europe et ce pour plusieurs raisons.

Tous les établissements bancaires commercialisant des produits dits « charia-compatibles » doivent être validés par un organisme islamique en charge de ce contrôle : l’Organisation de Comptabilité et d’Audit des Institutions Financières Islamiques (AAOIFI).

Or, l’empreinte des principes religieux adossés aux produits islamiques peut être « gênante » dans le processus d’intégration et de standardisation de ce type de produit au système financier classique. Comme le souligne Ada Di Marzo (Les Échos, 12/10/2012), « Les limites au développement de cette activité aujourd’hui sont plutôt liées à l’offre et non pas à la demande ».
Par ailleurs, les produits de la finance islamique devant prendre la forme de produits financiers (crédits classiques, comptes à terme et comptes sur livrets étant interdits), doivent, comme chaque produit financier commercialisé en France, disposer d’un agrément délivré par l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).

Enfin, dans la plupart des pays européens, les préoccupations économiques et sociales liées à la crise des dettes publiques, qu’a connu la zone euro, et celle provoquée par la pandémie de Covid-19, semblent avoir poussé au second plan la question de l’intégration et du développement des pratiques financières islamiques au sein des banques conventionnelles.

Les banques islamiques seraient plus stables et efficaces que les banques classiques.

Une étude universitaire américaine publiée en septembre 2012 propose de comparer l’efficacité et la stabilité des banques islamiques et conventionnelles. Cette étude révèle notamment que les frais de fonctionnement des banques islamiques sont plus élevés que ceux rencontrés dans les banques conventionnelles.

Cependant, elles disposent de services d’intermédiation financière supérieurs, (part des services rendus par les intermédiaires financiers non facturée à la clientèle) et présentent dans leurs bilans une meilleure qualité d’actifs. Ces deux derniers éléments justifient en partie la meilleure résistance des banques islamiques face à la crise financière.

En 2007, la banque Lehmann Brothers présentait un ratio d’endettement de 30:1. Autrement dit, le montant des dettes de la banque américaine était trente fois supérieur au montant de ses capitaux propres. Parallèlement, la plupart des banques islamiques présentes en Afrique du Nord et au Moyen Orient disposait d’un ratio d’endettement de 10:1.

En effet, tout investissement étant tenu de disposer d’un sous-jacent réel, cela contribue à réduire l’exposition aux risques de la banque et sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur en cas de défaillance du système mondial.

    15 commentaires sur “La finance islamique dans le monde”
      1. Bonjour,
        Nous ne disposons malheureusement pas d’une telle information.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,

        Vous trouverez sous chacun de nos visuels et dans notre article des références. Sous notre article, des élements d’informations complémentaires viennent étayer nos développements.

        Meilleures salutations
        L’équipe de lafinancepourtous.com

    1. salut, moi je suis musulman et d’origine tchadienne, je trouve ça normal puisque la finance islamique repond aux principes et lois islamiques.

    2. Je suis musulmane et je trouve que c’est offensif d’appeler cette finance une finance « islamique »!! Le principe majeur de la vraie finance islamique c’est l’absence de tout intérêt. Ce que les banques islamiques ont fait, c’est tout simplement un arrangement cosmétique à l’intérêt. Je préférerais encore prendre un emprunt à intérêt auprès d’une banque conventionnelle qu’une banque qui prétend respecter les propos islamiques. Honte à ceux qui ont eu l’idée et ceux qui l’appliquent pour des raisons religieuses. C’est vraiment malhonnête!

    3. Je pense très raisonnablement que la finance islamique aura un meilleur lendemain si seulement si l’organisme islamique en charge du contrôle de ces institutions financières reste adosser aux principes islamiques qui sont quelque part égalitaires pour son intégration et sa standardisation dans le système classique.

    4. Bonjour,

      La référence de l’étude est la suivante : « Islamic vs conventional banking : Business model, efficiency and stability », Beck T., Demirgü ç-Kunt A., Merrouche O., Journal of Banking and Finance, septembre 2012.

      Meilleures salutations.

      L’Equipe de Lafinancepourtous.com

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