Le Prix du meilleur jeune économiste attribué à Xavier Jaravel

la finance pour tous

Xavier Jaravel est le lauréat du Prix 2021 du meilleur jeune économiste. Il s’est notamment distingué par ses travaux portant sur l’inégalité devant l’inflation et les conséquences de l’automatisation sur l’emploi.

Xavier Jaravel, lauréat du Prix 2021 du meilleur jeune économiste

Ancien élève de Sciences-Po Paris, titulaire d’un doctorat de l’université de Harvard et actuellement professeur au sein de la prestigieuse London School of Economics, Xavier Jaravel est le lauréat du Prix 2021 du meilleur jeune économiste. Remis conjointement par le quotidien Le Monde et le Cercle des économistes, ce prix récompense le meilleur économiste français de moins de 40 ans. X. Jaravel succède ainsi à Isabelle Méjean, lauréate en 2020.

Les lauréats du Prix du meilleur jeune économiste

En remportant le Prix 2021 du meilleur jeune économiste, X. Jaravel rejoint d’illustres prédécesseurs, lauréats au cours des années précédentes : Agnès Bénassy-Quéré et Bruno Amable (2000), Pierre Cahuc (2001), Philippe Martin et Thomas Piketty (2002), Pierre-Cyrille Hautcœur (2003), David Martimort (2004), Esther Duflo et Elyès Jouini (2005), Thierry Mayer et Etienne Wasmer (2006), David Thesmar (2007), Pierre-Olivier Gourinchas (2008), Yann Algan et Thomas Philippon (2009), Emmanuel Saez (2010), Xavier Gabaix (2011), Hippolyte d’Albis (2012), Emmanuel Farhi (2013), Augustin Landier (2014), Pascaline Dupas (2015), Camille Landais (2016), Antoine Bozio (2017), Gabriel Zucman (2018), Stefanie Stantcheva (2019) et Isabelle Méjean (2020).

Un aperçu des travaux de Xavier Jaravel

Parmi l’ensemble des thèmes économiques abordés par X. Jaravel dans ses recherches, deux ont particulièrement suscité l’intérêt du jury : l’inégalité devant l’inflation et les conséquences de l’automatisation sur l’emploi.

L’inégalité face à l’inflation

Le premier apport des travaux de X. Jaravel est de mettre en évidence l’inégalité des ménages face à l’inflation. Calculée à partir de l’évolution de l’indice des prix à la consommation, celle-ci est, par définition, appréhendée à partir d’un panier « moyen » de biens et services. L’inflation, telle qu’elle est mesurée par les services statistiques officiels, correspond donc à une moyenne et peut masquer des disparités assez importantes entre les ménages, dont la consommation varie en fonction de leurs budgets.

Jaravel montre ainsi que les ménages les plus modestes ont eu affaire, au cours de ces dernières années, à des taux d’inflation plus élevés que les ménages les plus aisés. Ce phénomène découle d’une plus forte concurrence sur les produits hauts de gamme, consommés par les ménages les plus aisés. Attirés par des perspectives de profit plus fortes, de nouvelles entreprises entrent, en effet, sur ces marchés afin de satisfaire la demande croissante pour ces produits. Cette forte concurrence exerce une pression sur les prix, lesquels augmentent de ce fait moins vite. Au contraire, pour les autres produits, la concurrence est moins forte, ce qui génère, en moyenne, des hausses de prix plus fortes.

En France, l’inflation est calculée à partir de l’évolution d’un indice des prix à la consommation par l’Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE). L’INSEE met, en outre, à disposition un simulateur d’indices des prix personnalisé, permettant à chacun de calculer l’inflation à laquelle il fait face en fonction de ses habitudes de consommation.

Ce différentiel d’inflation entre les ménages les plus modestes et les plus aisés est une donnée cruciale lorsque l’on s’intéresse à l’évolution du pouvoir d’achat. Celle-ci dépend, en effet, de l’évolution des revenus et des prix dans l’économie. L’impact différencié de l’inflation sur les ménages pourrait ainsi contribuer à expliquer le décalage existant entre l’évolution moyenne du pouvoir d’achat calculée par l’INSEE et sa perception par les ménages.

Les conséquences de l’automatisation sur l’emploi

D’autres travaux de recherche de X. Jaravel s’inscrivent dans la longue tradition des débats sur les effets du progrès technique sur l’emploi. On trouve trace de ces débats depuis, au moins, le début du XIXe siècle. Ainsi, lors de la révolution industrielle, certains s’inquiétaient de voir les machines remplacer les humains – c’est par exemple le cas des canuts, ouvriers spécialisés dans la soie à Lyon. Au début du XXIe siècle, ce débat a resurgi à la faveur du mouvement d’automatisation croissante des tâches. Le consensus parmi les économistes était alors le suivant : si le progrès technique peut engendrer une destruction d’emploi à court terme, il en crée, en revanche, à plus long terme, l’effet net sur l’emploi étant propre à chaque secteur. Il restait à déterminer si l’automatisation constituait un progrès technique « comme les autres » en matière d’emploi ou non.

Dans ce contexte, X. Jaravel a notamment montré que l’impact de l’automatisation est plutôt positif sur l’emploi. En automatisant sa production, une entreprise devient, en effet, plus productive, ce qui lui permet de gagner des parts de marché, notamment à l’étranger. Cela la pousse à embaucher davantage de main d’œuvre afin de faire face à cette augmentation de la production. Finalement, X. Jaravel a constaté que les entreprises ayant automatisé une partie de leur production au cours des vingt dernières années en France ont davantage contribué à augmenter le niveau d’emploi que les autres.