Aristophil : manuscrits, lettres, timbres… Une vaste arnaque pour plus de 35 000 victimes
Des lettres de Proust, de Joséphine de Beauharnais, un manuscrit d’Einstein… Le plaisir des belles lettres peut coûter cher : les placements en biens « atypiques » restent toujours très complexes, et la plus-value est rarement au rendez-vous… Et dans le cadre de l’affaire Aristophil, c’est une liquidation en 2015, qui a permis de mettre en lumière une vaste escroquerie : son fondateur, Gérard Lheritier, vendait en indivision à des épargnants des parts de lettres historiques, manuscrits originaux, timbres… Avec une promesse de rendement de 8 % par an, et la « garantie » de récupérer son capital au terme de 5 ans… Avec un réseau de courtiers au discours bien rodé, les particuliers ont investi entre 1 500 € et près d’un million d’euros pour certains !
À l’époque, il existait l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF). Et les objets d’antiquité, d’art ou de collection, restaient exonérés de cet impôt, ce qui a pu intéresser les gros contribuables pour réduire leur ISF !
Aristophil : une pyramide de Ponzi
Cette affaire n’est pas sans rappeler le « cas Madoff ». Car le recrutement de nouveaux épargnants a permis de servir le rendement affiché aux premiers entrants. Ce système de « vente pyramidale » est également assez fréquent dans les arnaques commerciales, notamment celles incitant à faire adhérer de nouvelles recrues dans le secteur de la vente de produits.
Des ventes aux enchères pour un montant dérisoire
Pour donner suite à la liquidation de l’entreprise, plus de 130 ventes aux enchères ont été organisées entre 2017 et 2023, pour un produit de 110 millions d’euros… Comparé à la valeur à l’époque estimée d’un milliard !
« Le problème, c’est que les prix étaient surévalués, et qu’aujourd’hui, au maximum, ils vont pouvoir récupérer 15 % de ce qu’ils ont acheté » a expliqué le président de l’association de défense des consommateurs Guy Grandgirard à France Info.
Par exemple, une lettre de Napoléon Bonaparte à Joséphine, estimée à 1,2 million d’euros par Aristophil, a été cédée aux enchères pour seulement 280 000 euros. Et selon la direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes, le prix initial d’acquisition des œuvres avait été revalorisée par la société de 147 %.
Il faudra attendre la fin du procès pour savoir quelles seront les indemnisations prévues.
Placement à taux garanti élevé : l’arnaque la plus fréquente
Au-delà de ces placements en biens divers, il existe depuis quelques années de nombreuses offres illégales, notamment sur les réseaux sociaux. Des livrets d’épargne à taux garanti à plus de 6 %, affichant les logos de grandes banques françaises. Il est clairement tentant d’espérer un rendement supérieur à celui du Livret A (1,7 % actuellement). Or personne ne peut vous garantir de tels taux ! Les derniers chiffres publiés sont alarmants : le préjudice moyen s’élève à 69 000 € pour les faux livrets et 19 000 € pour les faux crédits.