De nombreuses femmes en couple sont exposées à une situation de dépendance financière, notamment en raison de faibles moyens financiers ne leur permettant pas de quitter le foyer conjugal ou de subvenir à leurs besoins essentiels sans l’aide financière d’un proche. Et cette fragilité financière s’est accentuée sur un an selon la dernière étude menée par l’Ifop pour la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF) et le Crédit Mutuel Alliance Fédérale (*).
La dépendance financière des femmes au sein des couples
Parmi les femmes actuellement en couple, une part importante se trouve en situation de dépendance financière.
- 30 % ne disposent pas de source de revenus, autre que celle de leur conjoint,
- 28 % ne disposent pas d’épargne personnelle (leur permettant de faire face à une urgence financière),
- 23 % ne peuvent pas subvenir à leurs besoins essentiels, sans une aide financière d’un proche.
Cette dépendance financière s’est accentuée en un an. Si ces femmes en couple devaient quitter le foyer conjugal :
- 48 % (contre 44 % en 2024) n’auraient par les moyens financiers de le faire, sans une aide extérieure,
- 42 % (contre 40 % en 2024) ne pourraient pas payer un loyer toute seule.
Les femmes en couple sont aussi en situation de dépendance bancaire : 28 % d’entre elles ne disposent pas d’un compte bancaire personnel (contre 23 % en 2024)
Près d’un quart des femmes ont été victimes de violences économiques au sein du couple
24 % (contre 23 % en 2024) des femmes ont déjà subi des violences économiques de la part de leur conjoint. Et ce sont les femmes les plus jeunes qui sont les plus touchées : 37 % des 18 – 34 ans, 19 % des 65 ans et plus.
Qu’est-ce que la violence économique ?
Les violences économiques recouvrent la confiscation ou le vol de l’argent du foyer (17 % des femmes en couple concernées) : détournement par le conjoint de l’argent consacré aux enfants ou au ménage, non-participation au financement du train de vie du foyer ou des dépenses liées aux enfants…
La violence économique résulte également du contrôle des finances par le conjoint (12 %) et du contrôle de l’activité professionnelle (6 %), en s’opposant à ce que la femme travaille ou puisse suivre une formation notamment.
Pour plus de la moitié des femmes concernées (57 %), ces violences économiques ont pour conséquence de les mettre en difficulté pour couvrir les dépenses de première nécessité.
Et lorsque cette violence économique est associée à des violences physiques et verbale, ces femmes sont plus exposées au surendettement (10 %) ou à une interdiction bancaire (9 %).
L’ouverture d’un compte bancaire personnel perçue comme un accès à plus d’indépendance financière
L’étude révèle un paradoxe entre la perception de l’utilité de disposer d’un compte bancaire personnel et l’intérêt pour l’ouverture effective d’un tel compte.
Disposer d’un compte bancaire à son seul nom constitue :
- une indépendance financière pour 58 % des femmes en couple ;
- une protection en cas de séparation (pour 49 %) ;
- une possibilité d’épargne pour soi (pour 41 %).
Pour les femmes en couple ayant déjà subi des violences économiques, cet intérêt du compte bancaire personnel est encore plus marqué (respectivement 65 %, 62 % et 52 % des trois fonctions citées).
Les femmes en couple ayant été victimes de violences économiques sont 80 % à détenir un compte personnel, contre 72 % de l’ensemble des femmes en couple.
Pour la grande majorité (80 %) des femmes en couple qui ne disposent pas de compte personnel, le conjoint n’a pas de compte personnel, non plus. Le ménage détient uniquement un compte-joint.
Si leur banque leur proposait d’ouvrir un compte courant personnel, elles sont seulement 12 % à se déclarer intéressées par l’ouverture d’un tel compte courant.
Des initiatives bancaires pour l’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales
Le Crédit Mutuel Alliance Fédérale, depuis 2024, et La Banque Postale, depuis 2025 et après une expérimentation dans 5 régions (Hauts-de-France, Ile-de-France, Nouvelle-Aquitaine, PACA et Corse), proposent des dispositifs d’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales et de violences économiques.
Ces deux banques proposent une offre bancaire adaptée à la situation d’urgence, avec l’ouverture d’un compte bancaire au seul nom de la femme, dans un bref délai, et la mise à disposition d’une carte bancaire qui peut soit être activée sur smartphone, soit envoyée à une adresse sécurisée, différente de celle du domicile, selon l’établissement bancaire.
Ces offres bancaires ont été initiées en coopération avec des associations partenaires qui accompagnent les femmes victimes de violences conjugales.
La Fédération Nationale Solidarité Femmes est un réseau de 81 associations locales. Elle gère la ligne d’écoute nationale, dont le numéro d’appel est le 3919, gratuit et disponible 24h/24 et 7j/7.
Un accompagnement de la Banque de France en cas de violences économiques intrafamiliales
La Banque de France met en ligne sur son site internet un nouvel espace avec une foire aux questions (FAQ) pour répondre aux principales interrogations que peuvent se poser les victimes de violences économiques. Avec des réponses concernant spécifiquement des situations de dépendance ou de violences financières relatives aux comptes bancaires, aux moyens de paiement, à l’épargne, aux crédits, à l’assurance…
Pour bénéficier d’informations ou d’un accompagnement spécifique, la Banque de France peut être contactée en ligne, par téléphone au 3414 ou en se rendant dans une succursale proche de chez soi.
(*) Enquête en ligne réalisée par l’Ifop du 22 au 28 octobre 2025, auprès d’un échantillon représentatif de 1 000 femmes françaises âgées de 18 ans et plus.