Risque systémique

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On appelle risque systémique le risque qu’un événement particulier entraîne par réactions en chaîne des effets négatifs considérables sur l’ensemble du système pouvant occasionner une crise générale de son fonctionnement.

Inhérent au système

Le risque systémique est inhérent au système bancaire et financier, du fait des interrelations existant dans ce secteur entre les différentes institutions et les différents marchés. Le risque systémique du secteur financier est d’autant plus dangereux que le plus souvent les effets négatifs se diffusent sur l’économie réelle.

Il est important de souligner que les réactions en chaîne à un événement provoquant l’insécurité générale ne viennent pas d’un comportement irrationnel des agents économiques. Elles correspondent au contraire à des réponses rationnelles de leur part aux risques qu’ils perçoivent.

Ainsi par exemple lorsque se manifeste un risque de faillite d’une banque, il est logique que tous ceux qui ont déposé de l’argent dans cette banque se précipitent pour retirer leur argent. En effet si la faillite intervient, la banque ne pourra pas honorer toutes ses dettes. On appliquera la règle « premier demandeur » « premier servi » jusqu’à la cessation de paiement.

La réaction de panique est en quelque sorte rationnelle. Mais elle a pour effet de précipiter la faillite. Dans de telles circonstances, le fonctionnement du marché ne tend pas vers l’équilibre mais vers la catastrophe.

Nécessité d’une intervention publique

Pour l’éviter, on ne peut donc miser sur le marché mais sur l’intervention publique.

Celle-ci est d’abord préventive

L’activité bancaire et le fonctionnement des marchés financiers sont encadrés par des règles prudentielles et des mécanismes de contrôle et de surveillance mis en place par les autorités publiques pour éviter la survenue de choc ou d’événements à portée systémique. Il s’agit d’éviter que les acteurs prennent trop de risques et se comportent mal.

Par exemple, les établissements financiers doivent détenir un montant minimum de fonds propres qui dépend du degré de risque de leurs actifs. Ils sont tenus de communiquer aux autorités publiques de très larges informations sur les risques qu’ils encourent et sur la qualité de leurs portefeuilles d’actifs.

Dans de nombreux pays, des fonds de garantie des dépôts bancaires ont été mis en place pour que les déposants soient assurés de retrouver en toutes circonstances le montant de leurs dépôts. Cela permet d’éviter les paniques. En France, cette protection date de 1999. Dans la crise d’octobre 2008, l’État, en la personne de Nicolas Sarkozy, a même indiqué qu’il ne laisserait pas un épargnant perdre un centime.

Par ailleurs, les Banques centrales ont un rôle de banque des banques. Elles peuvent ainsi agir pour éviter les emballements en jouant sur les facilités de refinancement qu’elles accordent aux banques commerciales. C’est l’une des panoplies de la politique monétaire.

Quand la prévention ne suffit pas …

L’expérience montre cependant que la prévention ne réussit pas toujours.

Dans le cadre de la crise des subprimes, les risques systémiques et les menaces de crise systémique se sont multipliés : blocage des mécanismes de crédit interbancaire ; panique des déposants de la banque Northern Rock au Royaume-Uni ; épisodes de chutes brutales des cours des bourses ; faillite et fermeture de fonds d’investissement ; situation de faillite de la banque Bear Stearns (5ème banque d’affaires des États-Unis)…

L’intervention des pouvoirs publics vise alors « a posteriori » à empêcher la transformation du risque en crise systémique majeure.

Les banques centrales agissent en apportant des liquidités. C’est ce que l’on appelle leur fonction de « prêteur en dernier ressort ». Elles-mêmes et les gouvernements interviennent également pour empêcher en urgence l’arrêt d’activité des banques et des institutions financières dont la mise en faillite provoquerait trop d’effets négatifs en chaîne (dévalorisation des actifs, diffusion de la méfiance). « Too big to fail » (trop gros pour chuter) dit le dicton anglo-saxon.

Ainsi le gouvernement du Royaume Uni a, au moins provisoirement, nationalisé Northern Rock et la Banque centrale des États-Unis a favorisé le rachat de Bear Stearns par la banque JP Morgan Chase pour « une bouchée de pain » en garantissant de plus la banque repreneuse à hauteur de 30 milliards de dollars. L’essentiel est que les dettes de chacune de ces banques soient bien honorées.

La panoplie « anticrise systémique » du système financier était ces dernières années soumise à des critiques parfois opposées. Pour les uns, elle n’était plus suffisante face à l’accélération des innovations financières. Pour d’autres, elle avait l’inconvénient de trop limiter la concurrence. D’autres enfin craignent les effets « d’aléa moral ».

Mais pendant la crise de 2008, les États-Unis, le Japon et les États européens ont fini par prendre des mesures coordonnées à défaut d’être communes pour faire en sorte de sauver le système financier.

En Europe : des dispositifs de régulation et de sauvetage communs

En 2014, l’Union Européenne a créé l’Union Bancaire qui s’appuie sur deux dispositifs : le Mécanisme de Supervision Unique (MSU) et le Mécanisme de Résolution Unique (MRU). Le MSU a pour objectif d’établir et de contrôler des normes prudentielles communes à l’ensemble des banques européennes et le MRU de résoudre et fournir les fonds nécessaires au sauvetage d’un établissement financier en difficulté.

Quant à lui, le Mécanisme de Stabilité Financière (MES), qui a été lancé en 2012 par les pays de la zone Euro, a pour mission de soutenir des États membres en difficulté.

 

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