Marché des fleurs : tout n’est pas rose !

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Bien qu’elles soient accessibles toute l’année et que certaines espèces fleurissent en décalé, le printemps est le temps des fleurs : muguet du 1er mai, cerisiers épanouis au Japon et en France, pâquerettes, jonquilles, roses et pivoines par exemple mettant des couleurs dans les prés et les bois, au grand dam des allergiques. Mais la fleur est aussi une industrie, qui, elle aussi, a souffert de la crise sanitaire du COVID. Et qui évolue aussi rapidement de la production à la distribution sous l’impact de la numérisation et des enjeux écologiques.

En 2017, le marché des fleurs en France a généré environ 1 milliard d’euros. Mais ce marché est en fait mondial, puisque 85 % des fleurs coupées qui finissent dans nos vases viennent de l’étranger (Colombie, Kenya, Éthiopie, Israël, Equateur… et maintenant aussi Chine) et que dans neuf cas sur dix, elles ont transité par les Pays-Bas, plaque tournante du business de l’horticulture, qui représente 60 % du marché mondial.

Importation européenne de fleurs

Système de vente au cadran à la bourse d’Aalsmeer – les enchères inversées

La bourse d’Aalsmeer, près d’Amsterdam, est connue comme le « Wall Street de la fleur ».

Pour faciliter la vente de fleurs, les Hollandais ont mis en place un système efficace d’enchères inversées. Concrètement, les lots de fleurs sont affichés sur les écrans électroniques présents dans la salle de bourse et appelés le « cadran », avec toutes les informations nécessaires pour connaitre la provenance, le producteur, la qualité, la quantité disponible, etc.

Les enchères sont dégressives : on part d’un prix élevé et le prix de vente proposé baisse rapidement sur le cadran, le premier acheteur (ou broker) se manifestant emportant alors la vente.

Certes, en 2020, le confinement lié au Covid-19 a induit une chute drastique du chiffre d’affaires (moins 70 % en un an sur la rose coupée par exemple) mais la tendance à la croissance devrait reprendre à la sortie de la crise sanitaire. Toujours avec une forte saisonnalité, où les dates-clés comme la Saint Valentin, la fête des mères, la Toussaint et Noël constituent des pics d’activité.

Économie des fleurs : importation versus production locale

Les préoccupations écologiques devraient avoir un impact progressivement croissant sur ce marché avec des achats plus locaux.

En France, la profession horticole, avec l’appui du ministère de l’agriculture, tente d’amener les consommateurs à privilégier des fournisseurs nationaux, dont la surface cultivée déclinait progressivement, à travers :

  • la création d’un label « fleurs de France », lorsque plus de 50 % des composants d’un bouquet a poussé sur le territoire national. Et aussi, la définition d’une charte de qualité, la mise en œuvre de certifications (ex : plante bleue) ;
  • des mesures nationales pour soutenir la filière horticole depuis 2016 avec des déclinaisons régionales et des relais, notamment dans les aires les plus concernées, comme le Val de Loire, l’Auvergne, la Provence  (ex : contrat de filière) ;
  • des campagnes de communication autour de la priorité aux circuits courts et aux respects des saisons.

Mais le bilan est à moduler à partir d’informations qui peuvent paraître contradictoires :

  • selon une étude universitaire anglaise (université de Cranfield) et de manière contre-intuitive, une rose du Kenya émet six fois moins de CO2 – voyage en avion compris – qu’une rose des Pays-Bas élevée sous une serre chauffée au gaz naturel. Ce rapport diminue car de plus en plus de serres se couvrent de panneaux solaires et utilisent la géothermie afin de réduire la facture énergétique ;
  • selon une autre étude menée par des chercheurs de l’Université de Lancaster, la consommation carbone d’un bouquet de roses importées est de 60 kg de CO2, soit l’équivalent d’un trajet Paris-Londres en avion. De plus, un tel bouquet importé peut receler jusqu’à 25 substances chimiques interdites destinées à conserver le bouquet alors que les fleurs ont été coupées 10 jours auparavant ;
  • les agriculteurs du Kenya ou de l’Équateur, qui ont subi la baisse du marché pendant la crise sanitaire de la COVID19 ont dû être soutenus par des organisations comme Fairtrade Max Havelaar. Un basculement des sources d’approvisionnement devrait prendre en compte leur situation, eux qui ne sont pas toujours au cœur des préoccupations des grands conglomérats qui dominent le marché de la production voire de l’importation, qu’ils soient américains, hollandais voire colombiens (salaires, santé…).

Distribution : de plus en plus via internet

Malgré une concurrence de plus en plus active des grandes surfaces, l’activité de fleuriste (hors période de pandémie) est plutôt stable avec une majorité de boutiques indépendantes (plus de 14 000 en 2019) et le développement (4,5 % des point de vente en 2018) de réseaux de franchise (ex : Monceau Fleurs).

Mais le secteur qui se développe le plus vite est celui de la vente par Internet, qui regroupe les anciens réseaux d’envoi de fleurs (ex : Interflora – plus de 50 % des fleuristes y sont affiliés ou Florajet) et des « pure players » (ex : Aquarelle).

Et puis, le 1er mai, et en respectant la réglementation, tout un chacun a le droit de vendre sa cueillette !

Le premier krach boursier est dû à la tulipe

Venue de Turquie aux Pays-Bas à la toute fin du XVIe siècle, la tulipe est appréciée par tous les habitants de l’Europe. Elle fascine tant, que les plants les plus précieux sont volés et payés à prix d’or.

Elle fait l’objet de catalogues illustrés présentant ses variétés et leurs prix. À partir des années 1630, un vrai marché se met en place. La hausse des prix est tirée par la demande et la spéculation, un bulbe pouvant atteindre le prix d’une maison, voire plus. On en vient à acheter non plus des bulbes existants mais des bulbes à venir (naissance d’une bulle spéculative liée à des transactions à terme), en pariant ainsi sur les productions futures de tulipes.

Et le 6 février 1637 tout s’écroule : les prix s’effondrent brutalement. La tulipomanie ne sera plus jamais ce qu’elle était.

La raison de ce krach pourrait être l’épisode de peste à Haarlem, principal centre des échanges.

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