1er janvier 2002 : apparition de l’euro

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Le 1er janvier 2002 marque l’apparition des pièces et billets en euros. Créée en 1999, la monnaie unique a déjà une histoire mouvementée, ponctuée par une grave crise au début de la décennie 2010. Construction ambitieuse, la zone euro devait notamment renforcer l’intégration économique et politique au sein de l’Union Européenne et favoriser la convergence entre les économies européennes. Ces objectifs ne sont, aujourd’hui, pas véritablement atteints.

Création de l’euro

En réflexion depuis les années 1970, la création de l’euro est inscrite dans le traité de Maastricht signé en 1992. Elle a effectivement lieu en 1999. La zone euro est alors composée de 11 pays membres de l’Union Européenne : Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et Portugal. Les pièces et billets libellés en euro commencent à circuler dans ces pays à partir du 1er janvier 2002. L’euro devient alors la deuxième monnaie la plus utilisée à l’échelle internationale, derrière le dollar.

Créé il y a une vingtaine d’années, l’euro possède déjà une histoire mouvementée, marquée notamment par la crise des dettes souveraines entre 2010 et 2012. Initialement conçu pour faciliter l’intégration économique et politique au sein de l’Union Européenne, renforcer l’influence mondiale du continent et accélérer la convergence entre les économies européennes, l’euro a un bilan qui demeure mitigé.

L’euro et la crise des dettes souveraines

Les deux décennies d’existence de la zone euro ont, tout d’abord, été marquées par une crise de grande ampleur au début de la décennie 2010. Cette crise, qualifiée de « crise des dettes souveraines », a des causes multiples : conséquences économiques de la crise des subprimes de 2007-2008, excès d’endettement public et/ou privé, faible croissance économique, etc. Elle a, toutefois, été amplifiée par les politiques d’austérité alors menées. Initialement destinées à rétablir l’équilibre des comptes publics, elles ont finalement déprimé l’activité économique dans les économies concernées.

Les effets de cette crise ont été particulièrement hétérogènes : tous les pays de la zone euro n’ont pas été touchés de la même manière par cette crise. Le pays le plus impacté fut la Grèce. Celle-ci n’a d’ailleurs toujours pas retrouvé le niveau de produit intérieur brut (PIB) par habitant qui était le sien en 2009. Plus précisément, le PIB / habitant était, en Grèce, inférieur de 20 % en 2019 (soit avant le déclenchement de la crise liée au Covid-19) à celui de 2009. La crise a également eu des effets durables en Espagne et en Chypre qui n’ont retrouvé le niveau d’activité économique qui était le leur en 2009 respectivement qu’en 2015 et 2017.

Création de l'Euro et évolution du PIB

La zone euro, une zone monétaire optimale ?

Pour certains économistes, cette crise des dettes souveraines a également été révélatrice des défauts intrinsèques à la zone euro. Celle-ci en effet fut, dès sa création, loin de constituer une zone monétaire optimale. Dû à l’économiste canadien Robert Mundell, le concept de zone monétaire optimale permet d’énoncer quelques-unes des conditions dans lesquelles il est avantageux pour une région géographique d’adopter une monnaie commune. Si l’adoption d’une monnaie commune peut avoir des avantages, notamment en termes d’intensification des échanges et d’intégration financière, elle a également un coût élevé : la perte d’autonomie en matière de politique monétaire. En adoptant une monnaie commune, les pays membres de la zone monétaire perdent, en effet, la possibilité d’agir sur des instruments de la politique monétaire ou de change.

D’après R. Mundell, une zone monétaire doit, pour être « optimale », être dotée de mécanismes d’ajustements permettant de réduire l’impact de chocs asymétriques, c’est-à-dire qui ne touchent qu’un pays ou un groupe de pays de la zone. Plusieurs types de mécanismes d’ajustement sont possibles : une forte mobilité du travail, un système de transferts fiscaux entre les différents pays membres, etc. De tels mécanismes ne sont pas présents au sein de la zone euro, où la solidarité budgétaire entre les différents États n’est qu’embryonnaire, en l’absence notamment d’un budget européen substantiel.

Une intégration économique et financière encore limitée

Enfin, la zone euro n’a pas tenu toutes ses promesses en matière d’intégration économique et financière. Certes, les principaux partenaires commerciaux des pays ayant adopté la monnaie unique sont d’autres membres de la zone euro. Toutefois, c’était le cas avant la création de l’euro.

L’Allemagne est le premier partenaire commercial de la France.

Une étude de la Banque centrale européenne (BCE) estime à 5 % l’intensification des échanges commerciaux à l’intérieur de la zone euro générée par la création de la monnaie commune, ce qui est relativement peu au regard des attentes qu’elle a suscitées. De fait, les obstacles aux échanges comme les différences de langue ou encore de systèmes juridiques demeurent élevés au sein même de la zone euro. La même étude calcule ainsi que deux régions européennes échangent 6 fois moins l’une avec l’autre si elles ne situent pas dans le même pays.

La première nuit de l’€uro | Archive INA

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