Le protectionnisme

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L’ouverture aux échanges, si elle est généralement préconisée par la théorie économique, est aussi régulièrement critiquée. La mondialisation serait entre autres responsable de destruction d’emplois et de baisse des salaires. C’est pourquoi des mesures protectionnistes sont parfois mises en place, avec, dans le passé, des résultats plus que mitigés.

Quels sont les gains attendus du libre-échange ?

Les théories classiques du commerce international montrent que chaque pays à intérêt à se spécialiser dans les productions pour lesquelles il est le plus productif. Ainsi, il exporte les biens ou services dans lesquels il s’est spécialisé et importe les produits fabriqués plus efficacement à l’étranger.

Grâce à cette spécialisation, chaque pays peut augmenter sa productivité, donc la quantité de biens et services produits et consommés.

Le commerce international peut être comparé à la situation des individus qui se spécialisent chacun dans la production d’un type de biens ou services. Par exemple, le boulanger ne fabrique que du pain et le maçon que des maisons. Ils se procurent auprès des autres professionnels tous les biens et services qu’ils ne produisent pas. Mais ce faisant, le boulanger comme le maçon deviennent plus productifs du fait de leur spécialisation qui leur permet de se perfectionner dans un domaine précis. Cette hausse de la productivité permet d’accroître la production et la consommation.

Des critiques récurrentes de la mondialisation

L’application des préceptes de Ricardo en matière de libre-échange peut avoir des effets négatifs.

Par exemple, la spécialisation d’un pays implique la disparition de certaines activités. Les personnes ayant perdu leur emploi peuvent peiner à se former pour retrouver un travail dans les activités dans lesquels le pays s’est spécialisé.

De plus la mondialisation, de par la concurrence accrue avec les pays en développement qu’elle entraîne, est tenue pour responsable des délocalisations et licenciements massifs dans les secteurs les plus riches en main d’œuvre peu qualifiée. Le protectionnisme est le plus souvent la réponse préconisée contre les effets de la mondialisation et correspond au refus de laisser les produits fabriqués à bas prix dans des pays qui ne sont pas soumis aux mêmes réglementations sociales et environnementale que les pays les plus riches envahir nos économies.

Différents types de mesures protectionnistes

La protection de l’économie d’un pays face à la concurrence internationale peut prendre plusieurs formes. Les plus fréquentes sont :

  • L’instauration de droits de douane, c’est-à-dire de taxes sur les importations.
  • Le durcissement des mesures sanitaires et de protection du consommateur. Dans certains cas, des normes sanitaires peuvent être détournées pour, sous couvert de protéger le consommateur, pénaliser les productions étrangères.
  • Favoriser les producteurs domestiques, par exemple lors des appels d’offres. Si l’État ne fait appel qu’à des producteurs locaux, cela s’apparente à une mesure protectionniste, puisque les entreprises domestiques sont protégées de la concurrence étrangère.
  • Subventionner les producteurs domestiques. De la même façon que précédemment, si un pays aide ses producteurs locaux, par exemple en leur accordant des subventions, cela revient à leur offrir une forme de protection face à la concurrence.

Le protectionnisme éducateur

Un des arguments les plus fréquents en faveur du protectionnisme, connu sous le nom de « protectionnisme éducateur » est dû à Friedrich List, économiste allemand du début du XIXe siècle.

L’idée est qu’un gouvernement doit aider ses industries naissantes en les protégeant de la concurrence internationale. Si un secteur d’activité est à ses débuts, et qu’il n’est pas encore parvenu à atteindre le niveau technologique des entreprises étrangères, il est voué à l’échec en cas d’ouverture commerciale.

Une fois qu’elles ont grandi et sont capables d’affronter les producteurs internationaux, les protections sont supprimées ou réduites pour que le pays bénéficie des gains de productivité dus au commerce international.

Le protectionnisme : une politique judicieuse ?

La tentation des barrières douanières

En période de crise, les gouvernements sont souvent tentés de se protéger contre la concurrence étrangère en se repliant sur eux-mêmes. De fait, s’ils sont inondés par des produits importés peu chers, qui mettent à mal les économies domestiques, ils pensent qu’en empêchant ces produits d’entrer dans leur pays, ils sauveront leur industrie et feront repartir la croissance.

C’est le raisonnement qui fut tenu en Europe et aux États-Unis à la suite de la crise de 1929, et plus récemment aux États-Unis par Donald Trump. L’histoire n’a pas donné raison à cette approche ; on connaît les conséquences néfastes qu’a eues l’escalade des mesures protectionnistes dans les années 1930, et on a à l’inverse constaté une période de prospérité après guerre qui est allée de pair avec la baisse progressive des barrières douanières à la suite des accords du GATT, puis dans le cadre de l’OMC.

Les effets néfastes du protectionnisme

De nombreux économistes doutent de l’efficacité du protectionnisme. Prenons l’exemple des droits de douane instaurés par Donald Trump sur les importations en provenance de Chine ou d’Europe dans le but de défendre l’emploi aux États-Unis. Une telle mesure, en pénalisant les importations, pourrait en effet créer des emplois nouveaux dans des secteurs désormais à l’abri de la concurrence.

Mais les effets secondaires sont également à prendre en compte. Le principal effet secondaire est que les exportations américaines risquent elles aussi de diminuer suite à l’instauration ou à l’augmentation des droits de douane par les autres pays en guise de représailles. Mais, même dans le cas où les droits de douane chinois et européens ne seraient pas augmentés, les exportations américaines risquent néanmoins de se contracter. En effet, toutes choses égales par ailleurs, si les États-Unis importent moins, le dollar s’appréciera (si les États-Unis importent moins, ils achètent moins la devise des autres pays, ce qui rend le dollar plus cher). L’appréciation du dollar rendra mécaniquement les exportations américaines plus chères.

A l’arrivée, les exportations américaines auront baissé d’un niveau plus ou moins similaire aux importations, annulant les effets positifs attendus sur l’emploi. La production ne sera plus effectuée dans le pays le plus efficace, ce qui diminuera la productivité de l’économie américaine. Les droits de douane auront eu des effets négatifs supérieurs aux effets positifs.

La difficulté d’instaurer des mesures protectionnistes efficaces

Le « protectionnisme éducateur » de Friedrich List est séduisant, mais il implique que l’État sache précisément quelles sont les industries à protéger. Le risque est que les protections commerciales soient accordées aux industries les mieux représentées politiquement, et pas forcément aux secteurs qu’il serait économiquement pertinent de protéger.

Parfois, le protectionnisme protège les rentes d’entreprises bénéficiant d’un lobbying efficace sous couvert de défendre l’emploi local. Dans ce cas, de telles mesures protectionnistes sont clairement néfastes pour l’économie du pays qui les met en place.

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    2 commentaires sur “Le protectionnisme”
    1. bonjour, il va falloir ajouter un argument de poids en faveur du protectionnisme. En relocalisant la production, on diminue les échanges donc les transports internationaux. On contribue ainsi à l’incontournable transition écologique en diminuant les GES dûs aux transports.
      cordialement,

      1. Bonjour,
        Effectivement, un des arguments en faveur d’une relocalisation de certaines activités en France a trait à l’écologie. En dissociant les lieux de production et les lieux de consommation, les échanges internationaux contribuent aux émissions de gaz à effet de serre, en particulier lors du transport des biens. Dans le même temps, une note du Commissariat général au développement durable, certes un peu ancienne, montre que ce sont davantage les modes de production que le transport qui génèrent des émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, il conviendrait d’étudier pour chaque activité productive 1/ si le mode de transport utilisé est particulièrement polluant (le transport maritime pollue beaucoup moins que l’aérien par exemple) et 2/ si la production sur le territoire peut s’effectuer selon un mode moins polluant que dans un autre pays. Vous pouvez retrouver cette note à l’adresse suivante : http://temis.documentation.developpement-durable.gouv.fr/docs/Temis/0078/Temis-0078107/Point_158.pdf
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

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