La crise des subprimes (2007-2008)

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Déclenchée aux États-Unis en 2007-2008, la crise des subprimes trouve son origine dans un excès d’endettement des particuliers. Du fait de l’interdépendance économique et financière entre les pays, elle s’est rapidement propagée au monde entier.

Le terme de « subprimes » désigne des prêts immobiliers accordés à des Américains disposant de faibles revenus. Au début des années 2000, les banques accordent massivement des prêts immobiliers, avec le soutien du pouvoir politique qui voit dans la frénésie de construction immobilière un bon moyen de dynamiser l’économie à court terme.

Le gonflement de la bulle

Les Américains achetant de plus en plus de maisons grâce au crédit bon marché, le prix de l’immobilier augmente. C’est la loi de l’offre et de la demande. En effet, il est difficile de modifier l’offre de logements à court terme, du fait des délais nécessaires à la construction de nouveaux immeubles ou maisons. Dans ce contexte d’une demande croissante de logements, ces derniers deviennent plus rares et donc plus chers.

Et plus les prix de l’immobilier augmentent, plus les Américains s’endettent pour acheter des biens de plus en plus chers… Ce mécanisme de hausse des prix alimentée par le crédit facile est bien connu des économistes qui le nomment une bulle spéculative.

Cet endettement est facilité par une forme de crédit que l’on ne connaît pas vraiment en France mais qui est considérée comme normale aux États-Unis, à savoir la recharge hypothécaire qui permet de se réendetter au fur et à mesure de l’augmentation du prix du bien immobilier servant de support à l’hypothèque.

L’utilisation de produits financiers complexes

Pour pouvoir accorder des crédits à des ménages très modestes, tout en respectant la règlementation américaine, les banques ont recours à des produits financiers complexes, masquant en partie la nature véritable des risques qu’elles prennent dans ces opérations. Ces produits opaques constituent le cœur du récit de The Big Short : le casse du siècle, le film aux multiples récompenses d’A. McKay, sorti en 2015 et adapté de l’ouvrage de M. Lewis.

La chute du prix des maisons déclenche la crise

Pour freiner la dynamique de cette bulle, la Banque centrale américaine, la FED, augmente les taux d’intérêt à partir de 2005. En augmentant les taux  auxquels elle prête de l’argent aux banques, la Banque centrale cherche à provoquer une hausse généralisée des taux d’intérêt dans l’économie. Avec des intérêt plus coûteux à rembourser, le recours au crédit est censé faiblir.

Dans le même temps, la hausse des taux d’intérêt provoque un renchérissement des crédits déjà accordés par les banques aux acquéreurs de logement. Aux États-Unis, les crédits immobiliers comportent, en effet, le plus souvent, un taux d’intérêt variable. Certains clients ne peuvent alors plus assurer le paiement de leurs mensualités, ce qui occasionne des pertes pour l’établissement prêteur et entraîne la saisie par la banque du logement concerné par le prêt. Ces habitations, ainsi saisies, sont alors vendues aux enchères, ce qui provoque une chute rapide des prix de l’immobilier et déstabilise tout un pan entier de l’économie américaine. Les banques se retrouvent donc en difficulté et, le 15 septembre 2008, la banque américaine Lehman Brothers fait faillite, déclenchant une panique inédite depuis 1929.

La propagation au reste du monde

De par le poids des États-Unis dans l’économie mondiale et la très forte interdépendance commerciale, bancaire et financière des principaux pays avancés du globe, le reste du monde est rapidement impacté. Cette crise  a été la plus violente que l’économie mondiale ait connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Ses effets négatifs se faisaient toujours sentir, plus de 10 ans après son déclenchement. En effet, le taux d’endettement public a pratiquement doublé aux États-Unis du fait de la baisse des recettes fiscales et du soutien qu’a apporté l’État au secteur financier.

Les politiques menées face à la crise

Pour enrayer la crise, les banques centrales ont injecté plus de monnaie dans l’économie et les États ont augmenté leurs dépenses afin d’atténuer les effets de la crise, comme le chômage par exemple.

L’outil employé par les banques centrales pour injecter de la monnaie dans l’économie et ainsi la soutenir s’appelle « l’assouplissement quantitatif ». Elle consiste, pour les banques centrales, à créer de la monnaie pour acheter des titres financiers, comme des obligations, à des institutions financières.

Parallèlement, les États ont pratiqué des politiques de soutien à l’économie (politiques budgétaires notamment).  Ces politiques ont eu des résultats contrastés. Aux États-Unis, elles ont permis un  rebond économique assez rapide, tandis qu’en Europe, elles n’ont pas suffi à éviter l’entrée dans une autre crise, celle des dettes publiques au sein de la zone euro.

    9 commentaires sur “La crise des subprimes (2007-2008)”
    1. Bonjour,
      Je trouve toujours très difficile de comprendre comment fonctionne la finance et pourquoi elle peut tout à coup basculer. Merci beaucoup pour les explications que vous donnez ici.

      Si je comprends correctement vos propos l’origine de la crise vient de la remontée des taux d’intérêt appliqués par la FED à partir de 2005. Pourquoi, dès que la situation est devenue « critique » la FED n’a t’elle pas rapidement rabaissé les taux pour éviter cette crise ? Est-ce que les « indicateurs de santé » de l’économie ne permettent pas de voir qu’il y va y avoir un « problème » ? On dirait que tout le monde financier est tout à coup surpris par la crise qui arrive comme si tout cela était finalement complètement opaque (également pour eux !)

      1. Bonjour,
        Et merci pour vos encouragements ! La remontée des taux d’intérêt par la FED a effectivement eu un rôle dans le déclenchement de la crise des subprimes. Les causes principales de celle-ci sont toutefois davantage à rechercher dans les déséquilibres sur le marché immobilier américain (formation d’une bulle) et dans l’utilisation de certaines techniques financières complexes. Sur ce dernier point, il existait effectivement une certaine opacité au sein du système financier, dans la mesure où il était particulièrement difficile d’évaluer l’ampleur des risques pris par les différentes institutions financières. Face à cette situation, la FED se trouvait face à un choix délicat. En effet, en remontant les taux d’intérêt, elle tentait de lutter contre l’inflation (l’un de ses mandats principaux) et contre la formation de la bulle immobilière. Baisser les taux d’intérêt ou les maintenir constants aurait pu contribuer à accentuer le développement de cette bulle et accélérer la surchauffe de l’économie américaine, retardant ainsi l’entrée en crise.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        Il s’agit ici d’un crédit immobilier à taux variable. Dans un tel prêt, le contrat prévoit que le taux d’intérêt varie en fonction de l’évolution d’une donnée prise comme référence (évolution des prix, évolution du taux d’intérêt sur les emprunts à court terme que les banques se font entre elles, etc.).
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    2. Cette crise des subprimes est un véritable scandale qui a ruiné énormément de pauvres gens !
      j’estime que c’était à l’état de veiller à protéger ces pauvres gens. Les taux variables devraient être interdits.

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