La blockchain, une révolution ?

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La blockchain, présentée comme une véritable révolution technologique, qui bouscule les intermédiaires et qui veut créer une société de « pair à pair », suscite également la critique.

En 2017, plusieurs acteurs de l’ère numérique se sont intéressés à cette innovation. Philippe Rodriguez, président de l’association Bitcoin France, a écrit un livre intitulé « La révolution Blockchain ». Stéphane Loignon, auteur du livre « Big Bang Blockchain : la seconde révolution d’internet », anticipe aussi un véritable changement du monde sous l’effet de la blockchain, dans le domaine économique, politique et sociétal, aussi puissant qu’internet.

Applications de la blockchain

Un des avantages premiers que nous offre la blockchain est de nature économique. La blockchain, basée sur les échanges de pair à pair permet de supprimer tout intermédiaire durant les transactions. Cette technologie constitue un système totalement décentralisé et numérique.

Les intermédiaires des échanges hors-blockchain tels que les banques ou autres plateformes comme Uber pour le transport et Booking ou Airbnb pour le logement, se constituent une rémunération sous forme de commission. L’existence d’intermédiaires alourdit donc le prix total payé in fine par le consommateur de ces services et de ces biens.

La blockchain a ainsi permis la création de plusieurs plateformes alternatives à ces plateformes touchant des commissions. On peut donner l’exemple de la start-up blockchain Slock.it (racheté en 2019 par Blockchains) qui développait un concurrent de Airbnb, ou encore Open bazaar (le Ebay de la blockchain), qui permettait de mettre en relation les demandeurs et les offreurs de biens ou services sans intermédiaires, et donc à des tarifs plus avantageux.

Ainsi, une interface comme Slock.it permettait aux utilisateurs de vendre ou louer des biens tel que des appartements, de l’électroménager, etc, à travers des contrats intelligents signés sur la blockchain, d’où leur slogan « louez, vendez ou partagez tout ce que vous voulez ». C’est donc à travers ce concept d’objets connectés que fonctionne cette interface susceptible selon plusieurs observateurs de menacer l’existence même des plateformes en ligne utilisées aujourd’hui tel que Airbnb.

Pour illustrer ce procédé, nous pouvons prendre l’exemple d’une location d’appartement. La serrure de la porte de l’appartement, une fois connectée à la blockchain, peut être liée à un contrat intelligent. Lorsque le contrat expire la porte se verrouille automatiquement.

Parmi les innovations majeures de la blockchain, les contrats intelligents (smart contracts), permettent d’exécuter automatiquement, sans intervention humaine, les conditions et termes d’un contrat. Cette innovation a pris naissance grâce à la blockchain Ethereum.

Une autre application de la blockchain, toujours liée à sa nature d’outil sans intermédiaires, est le transfert d’argent. La blockchain, notamment grâce à la crypto-monnaie Bitcoin, atteint le domaine bancaire. En effet, cette monnaie numérique, une fois acceptée par les acteurs concernés du transfert monétaire, est transmise à travers la blockchain sans passer par des intermédiaires bancaires et donc avec des couts de transactions très bas voir quasi-nuls, qui permettent de rémunérer les mineurs de bitcoin. Cette nouvelle monnaie qui prend de plus en plus de place dans le monde pourrait-elle détrôner les monnaies traditionnelles ?

Dans plusieurs pays d’Afrique, les individus sont confrontés à des coûts de transactions très élevés lorsqu’ils souhaitent réaliser des transferts d’argent avec l’international. C’est au Kenya qu’a été créé le premier portefeuille mobile pour Bitcoin en 2013, dénommé Kipochi. Cette initiative a permis de réduire de manière significative les couts de transaction des transferts internationaux. Cependant, suite à cette transaction, les utilisateurs doivent trouver des intermédiaires pour convertir les bitcoins reçus en monnaie nationale.

La blockchain est aussi utilisée dans le monde de l’assurance. Cela peut consister à offrir via la blockchain, une assurance personnalisée à la demande en termes de nature et de durée de l’assurance. C’est à travers une application utilisant la technologie blockchain que ce processus entre l’offreur de l’assurance et le demandeur pourra être réalisé.

Les limites de la révolution blockchain

Malgré le nombre de secteurs que pourrait impacter cette technologie révolutionnaire, il existe certaines limites à l’intégration de la blockchain dans nos sociétés.

La blockchain reste une technologie complexe à première vue, et ne semble toujours pas assez démocratisée pour véritablement révolutionner tous les secteurs dans lesquels on cherche à l’intégrer. Selon une étude réalisée par le cabinet Deloitte en 2019 sur l’effet de la blockchain sur l’industrie des services financiers, 47 % des entreprises interrogées en sont encore au stade de l’apprentissage ou n’ont pas encore commencé à s’y intéresser. Adapter la société à cette nouveauté révolutionnaire pourrait prendre du temps.

Enfin, une autre limite de la blockchain concerne une de ses applications, qui est le transfert d’argent via le Bitcoin. En effet, cette monnaie numérique qui repose sur la blockchain, est dépourvue de cadre juridique à la différence des autres devises traditionnelles. Ainsi, le Bitcoin n’a pas de cours légal (un commerçant n’est pas obligé de l’accepter, à l’inverse d’une monnaie qui a cours légal que personne ne peut refuser et qui a ce qu’on appelle une « valeur libératoire »), et est basé sur le concept du pair à pair, c’est-à-dire  qu’il n’y a pas de banque centrale pour réguler la quantité de Bitcoin émise dans l’économie. Ceci crée une forte instabilité de la valeur du Bitcoin. Le Bitcoin étant très volatile, cela suscite de l’incertitude quant à l’utilisation de cette monnaie, et ainsi un manque de confiance en ce système sur lequel repose cette monnaie numérique.

cours du Bitcoin

Les secteurs traditionnels se mettent à utiliser cette technologie

La blockchain semble ainsi menacer les secteurs traditionnels qui y répondent en intégrant cette technique dans leurs pratiques.

La blockchain est à première vue un ennemi pour les banques. Pourtant, certaines d’entre elles sont prêtes à l’intégrer dans leur propre système de fonctionnement afin de faciliter certains processus. La Banque de France a lancé le projet « MADRE » en 2016 en partenariat avec des groupes bancaires français, qui consiste à mettre en place la première blockchain opérationnelle dans un cadre interbancaire. Utiliser cette technologie pourrait permettre à la Banque de France d’échanger et partager des données et des informations avec les différents acteurs impliqués. Par exemple, le premier domaine d’emploi prévu est le partage des identifiants créanciers SEPA (ICS) avec un groupe restreint de banques.

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