Change fixe, change flottant : les deux types de régime de change

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Le régime de change désigne l’ensemble des règles par lesquelles un pays ou un ensemble de pays organisent la détermination des taux de change. Il existe une grande variété de régimes de change, mais deux archétypes structurent les choix des différents pays : le régime de changes fixes et le régime de changes flottants (ou flexibles). 

Le régime de change fixe

Dans un régime de change fixe, le cours d’une devise est fixé par rapport à un étalon – souvent une autre devise ou un panier de devises – par la banque centrale.

Le cours ainsi fixé est appelé le cours pivot (ou parité fixe) et constitue le taux de change de référence autour duquel une certaine marge de fluctuation peut être autorisée (de plus ou moins quelques pourcents). Les autorités monétaires sont tenues de défendre le cours pivot pour le maintenir à l’intérieur de la marge de fluctuation autorisée. Des modifications du cours pivot (dévaluation ou réévaluation) peuvent néanmoins être autorisées sous certaines conditions.

Il existe plusieurs formes de régimes de change fixe. Un taux de change pivot peut être fixé avec une marge de fluctuation autorisée plus ou moins large.

Dans un régime de monnaie unique (cas de l’euro), une banque centrale établit des taux de change fixes et irrévocables entre les pays de la zone monétaire, les monnaies locales étant remplacées par une monnaie commune.

Dans un système de caisse d’émission, en anglais currency board (comme en Bulgarie), l’émission de monnaie dépend strictement des réserves de la banque centrale en d’autres devises. Autrement dit, la quantité de monnaie locale est assujettie à la quantité de monnaie extérieure détenue par les pouvoirs publics, ce qui assure sa convertibilité.

Le régime de change flottant

Dans un régime de change flexible (ou flottant), à l’inverse, aucun engagement n’est pris au sujet du taux de change, qui évolue librement, en fonction de l’offre et de la demande sur le marché des changes.

Il existe de même plusieurs formes de régimes de change flottant, depuis le régime « libre » dans lequel seul le marché définit l’équilibre, jusqu’au régime de flottement administré dans lequel les banques centrales interviennent de façon coordonnée pour informer le marché des taux de change cibles. C’est notamment le cas en Chine.

Avec le poids grandissant de la Chine dans le commerce international, la maîtrise du taux de change de la devise chinoise, le yuan, par la Banque Populaire de Chine est devenue un thème de débat récurrent lors des sommets économiques mondiaux.

La Chine est en effet souvent accusée de ne pas jouer le jeu des changes flottants, comme la plupart des pays développés, en maintenant sa devise sous-évaluée afin de favoriser ses exportations. Cette politique monétaire plus dirigiste qu’ailleurs est considérée comme une forme de concurrence déloyale par ses partenaires commerciaux, en premier lieu les États-Unis.

La convertibilité d’une monnaie

La convertibilité est la possibilité pour une devise d’être librement échangée contre une autre. Si la majeure partie des pays les plus avancés (États-Unis, Canada, Grande Bretagne, zone euro, Japon, etc) ont des devises librement convertibles, de nombreux pays continuent d’avoir une politique monétaire qui tend à maîtriser la convertibilité de leur devise, afin de se couvrir contre le risque de fuite.

Il ne faut pas confondre la convertibilité d’une monnaie avec le régime de change en vigueur dans le pays. En d’autres termes, la libre convertibilité n’est pas synonyme d’un régime de change flottant. Ainsi le Brésil ou l’Inde, qui ont opté pour un régime de change flottant, limitent tout de même la convertibilité respective du real brésilien et de la roupie indienne.

    132 commentaires sur “Change fixe, change flottant : les deux types de régime de change”
    1. Bonjour,
      Je souhaite comprendre comment font les utilisateurs d’une monnaie non convertible pour faire des achats en ligne en devise avec leur cartes bleue.
      Je suis ressortissant d’un pays dont la monnaie est arimée à l’euro avec une garantie de convertibilité illimitée assurée par la BCE via la banque de France.
      Je paie donc en ligne avec ma carte sans une aucune contrainte puisque mon compte est supposement en euro bien qu’il soit en CFA.
      Je voudrais comprendre si un nigerian, un ghaneen ou un bresilien a les mêmes facilités d’achat en ligne en devises.

      Par ailleurs, savez-vous comment fonctionne les comptes d’operations que les pays de la CEMAC ont aupres de la banque de France?
      est-il vrai que lorsque les etats de la CEMAC vendent à l’etranger, les recettes de cette vente sont versées, en raison de la garantie de convertibilité, au tresor public francais, qui, en retour imprime des billets en CFA et les reachemine vers le pays concerné?
      Si non, comment est alimenté ce fameux compte d’operation?

      Merci pour votre aide.

      1. Bonjour,

        Les facilités d’achat en ligne en devises dépendent des systèmes bancaires locaux et de la politique monétaire du pays. Pour le Nigéria, par exemple, les utilisateurs peuvent obtenir des cartes (Visa, MasterCard) liées à leur compte en monnaie locale. Lors d’un achat en ligne en devises étrangères, la banque locale convertit la monnaie locale en devise selon les taux de change en vigueur sur un marché parallèle, souvent avec des frais supplémentaires. Cela peut compliquer les transactions en ligne et les rendre plus chères. Il est également possible d’utiliser des portefeuilles numériques comme PayPal ou des systèmes de paiement en cryptomonnaies.
        Finalement, tout dépend de la facilité de conversion de votre monnaie domestique. En résumé, votre situation est plus favorable grâce à l’arrimage du CFA à l’euro et la garantie de convertibilité. Les résidents des pays avec des monnaies non convertibles doivent naviguer entre des frais de conversion élevés et des restrictions.
        Concernant votre deuxième question, les pays de la CEMAC déposent une partie de leurs réserves de change (au minimum 50 %) auprès du Trésor français dans des comptes d’opérations. Ces réserves servent à garantir la convertibilité illimitée du CFA en euro, en permettant au Trésor de contrôler les risques de change. Les pays de l’UEMOA ne sont plus concernés par cette règle depuis 2020. Les avoirs déposés sont rémunérés aux taux de la BCE.
        Concernant votre dernière question : non, le système ne fonctionne pas comme cela. En particulier par ce que les francs CFA sont émis localement, ils ne sont pas acheminés par la France. Supposons que l’entreprise camerounaise Congelcam fasse une exportation aux Etats-Unis. Elle reçoit, en fonction des règles en vigueur avec sa banque, soit des dollars, soit un montant équivalent en CFA. La banque transfert une partie de ces réserves à la BEAC (70 % depuis 2019), qui lui fournit en retour des réserves en CFA (la base monétaire augmente). Finalement, la BEAC laisse en dépôts la moitié de ces dollars auprès du Trésor français, qui seront rémunérés aux taux BCE.
        Meilleures salutations,
        L’équipe de Lafinancepourtous

      1. Bonjour,
        La question est en fait assez complexe, mais elle fait sans doute référence à la question des régimes de change fixe. L’idée est que si l’État veut maintenir une valeur fixe pour sa monnaie par rapport à une autre (par exemple le dollar), alors il doit faire varier certains paramètres de son économie par rapport à l’offre et la demande sur le marché des changes. La stabilité du change nécessite donc une certaine soumission à certaines règles, par exemple sur l’entrée et la sortie de capitaux, le déficit budgétaire, le solde commercial… Autrement dit, un régime à change fixe impose un certain nombre de contraintes de politique économique.
        Meilleures salutations,
        L’équipe de Lafinancepourtous

    2. bonjour, je voudrais savoir svp quels sont les raisons du taux de change faible du dinars algériens (dz) ? le mécanisme utilisé par les autorités pour fixer sa valeur? et pourquoi la valeur du dinars algériens est aussi faible en comparaison avec d’autres pays aussi faible économiquement que l’algérie en l’occurence la Tunisie, le maroc, l’egypte..etc merci pour votre réponse
      comment peut-on expliquer la faiblesse de la valeur d’une monnaie (cas de l’Algérie), et quel est le régime de change qui y est appliqué ? MERCI

      1. Bonjour,
        Tout d’abord, il est globalement une mauvaise idée de quantifier la force ou la faiblesse d’une monnaie par rapport à sa valeur nominale. Qu’un dinar permette d’obtenir un euro, ou bien un centime, n’a aucune importante économique. On pourrait tout à fait imaginer, par exemple, un « nouveau » dinar, ou chaque nouveau dinar serait simplement 100 anciens. Et cela ne changerait à peu près rien. La France a d’ailleurs déjà fait ce type d’opération (le Franc Lourd, en 1960), et les effets ne sont que très indirects (effets psychologiques de supprimer des zéros, signal sur la volonté de stabiliser la monnaie…). Savoir si un dinar algérien permet donc d’obtenir plus ou moins d’euros qu’avec un dirham n’a donc que peu d’intérêt.
        Le régime de change du dinar est considéré par le FMI comme un régime à mi-chemin entre le fixe et le flottant : un régime « rampant ». Voici ce que dit le FMI en 2023 :
        « La Banque d’Algérie (BA) n’annonce pas la trajectoire du taux de change. La valeur externe du dinar est déterminée sur le marché interbancaire des changes, sur lequel la BA est le principal vendeur. Ceci est dû aux entrées liées aux exportations de matières premières, y compris les hydrocarbures, qui, selon la loi en vigueur, doivent être cédées à la BA. La BA gère le dinar en référence à un panier de devises, et le taux du dinar par rapport aux devises du panier est basé sur les données de la balance des paiements. La BA n’a pas fixé de fourchette cible pour la fluctuation du dinar en dehors ou à l’intérieur d’une fourchette particulière, et les mouvements de taux de change observés ne confirment aucune pondération constante du panier de devises. »
        Ce qui compte, c’est bien plus l’évolution de la valeur de la monnaie dans le temps. Une monnaie qui perd en valeur renchérit les importations et fait baisser le prix des exportations, par exemple. Détailler l’ensemble des mécanismes serait bien trop long ici, mais vous pouvez regarder par exemple ceci : https://fr.wikipedia.org/wiki/Condition_de_Marshall-Lerner. Le dinar suit une pente descendante, ce qui, pour le coup, peut être inquiétant. Le Dirham est par exemple bien plus stable dans le temps.
        La baisse tendancielle du dinar dans le temps tient là encore à de nombreuses raisons, aussi bien internes qu’externes à l’Algérie : dévaluations par les autorités monétaires, utilisation du dollar dans les échanges extérieurs…
        Meilleures salutations,
        L’équipe de Lafinancepourtous

      1. Bonjour,
        La réponse à cette question est difficile. Il n’existe pas de recette miracle, et c’est pour cela que les régimes de changes sont différents selon les pays et selon les époques. Le consensus actuel est un juste milieu entre régime fixe et régime flottant. En effet, les pays « du sud » ont besoin d’une stabilité de leur monnaie pour se développer. Un régime flottant est très volatil, ce qui provoque des fortes variabilités économiques, mauvaises pour le développement. Un taux de change fixe (fixed peg) peut sembler plus attrayant, mais pose deux problèmes : 1 – Il réduit les marges de manœuvre des autorités monétaires et budgétaires du pays 2 – Surtout, le régime de change fixe peut rentrer en crise, pour de multiples raisons (mauvaise gestion économique, anticipation des investisseurs, spéculation des marchés…). Pour défendre le taux de change fixe, les autorités monétaires doivent disposer de beaucoup de réserves. Ce n’est souvent pas chose aisé, et peut de toute façon ne même pas suffire en cas de grave chute de la demande de la monnaie domestique. Or, quand un régime de change fixe s’effondre, il emporte avec lui toute la stabilité économique qu’il avait amenée.
        Aujourd’hui, beaucoup de pays sont dans des régimes intermédiaires, où les autorités monétaires garantissent une certaine stabilité avec une ou plusieurs monnaies de référence, mais en se laissant un peu de marge de manœuvre, aussi bien sur le court que le long terme. Il existe également des pays qui ont une monnaie parfaitement fixe par construction (les pays africains de la CEMAC ou de la CEDEAO), ce qui empêche en théorie toute crise de change, mais retire toute flexibilité. Enfin, certains pays abandonnent même l’émission de leur monnaie, préférant utiliser le dollar ou l’euro directement.
        Globalement, la dynamique semble que moins un pays est développé, plus son régime doit être fixe, et plus il se développe, plus il peut tendre vers un régime flexible.
        Meilleures salutations,
        L’équipe de Lafinancepourtous

      1. Bonjour,
        Qu’aimeriez-vous plus précisément savoir en ce qui concerne le flottement des monnaies ?
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        Le principal avantage prêté au système de changes fixes est la stabilité des taux de change. Celle-ci limite l’incertitude des agents économiques et devrait donc être favorable à l’investissement et au commerce international. En revanche, le recours à la politique monétaire pour tout autre objectif que le maintien de la parité est impossible dans un système de changes fixes. Le passage à un système de changes flexibles permet de retrouver l’autonomie de la politique monétaire et de s’affranchir des contrôles de change sans craindre le déclenchement d’attaques spéculatives.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    3. Bonjour,
      Est-ce que cela veut dire que pour les zones monétaire comme l’euro, la politique monétaire de la BCE est inefficace si elle souhaite passser en taux de change fixe ? La contrainte la stabilité du change conduit à sa perte d’autonomie ? Puis-je avoir plus d’explication svp

      1. Bonjour,
        Tout à fait : un pays adoptant un régime de changes fixes perdra l’autonomie de sa politique monétaire. Il en est de même pour une union monétaire. En effet, dans une telle situation, la Banque centrale aura pour mandat principal de faire respecter la parité préalablement déterminée.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

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