Politique monétaire conventionnelle

la finance pour tous

Toutes les banques commerciales sont dans l’obligation de détenir un compte auprès de la banque centrale nationale de leur pays. C’est à travers ces comptes que la BCE conduit sa politique monétaire. Pour cela, elle dispose de trois principaux outils : les réserves obligatoires, les opérations d’open market et les facilités permanentes.

Les réserves obligatoires

La BCE impose à toutes les banques commerciales de « déposer » sur leur compte auprès de leur Banque centrale nationale un pourcentage des dépôts qu’elles gèrent. Si le taux des réserves obligatoires est de 1 %, cela signifie que si une banque gère 1000 € de dépôts, elle doit déposer 10 € à la Banque centrale nationale.  

Plus le taux des réserves obligatoires est faible, plus les banques pourront faire circuler la monnaie. Si la BCE décidait de baisser ce taux à 0,5 %, lorsqu’une banque gère 1 000 €, elle ne devrait plus déposer que 5 € à la Banque centrale nationale au lieu des 10 € précédemment.

Inversement, si la BCE augmente ce taux à 2 %, les banques pourront moins faire circuler la monnaie car pour 1 000 € de dépôts, 20 € au lieu de 10 € précédemment devront être déposés à la banque centrale nationale et seront donc « gelés ». Cet instrument est aujourd’hui peu utilisé par la BCE. La seule modification du taux des réserves obligatoires remonte au 18 janvier 2012, où il est passé de 2 % à 1 %, niveau qui était en vigueur lors de la création de la BCE en 1999.

Les opérations d’open market

Quand une banque a besoin de liquidités pour honorer les paiements effectués par ses clients (si ses clients retirent plus d’argent de leurs comptes qu’ils n’en déposent), elle les emprunte à une autre banque.
De l’autre côté, quand une banque a des liquidités disponibles (ses clients remettent plus d’argent sur leurs comptes qu’ils n’en retirent), elle les propose aux autres banques. C’est ce que l’on appelle le marché interbancaire.

Les banques se prêtent pour des durées très courtes, parfois seulement pour 24 heures, et jusqu’à un an. Les paiements entre banques se font exclusivement par l’intermédiaire des comptes qu’elles détiennent à la banque centrale. C’est pourquoi on parle de « monnaie banque centrale« .

Les taux d’intérêt sur le marché interbancaire servent de référence aux banques pour fixer les taux d’intérêt des crédits qu’elles accordent à leurs clients.

Mais quand une banque ne trouve pas le montant nécessaire auprès des autres banques, elle peut s’adresser à la BCE qui, dans le cadre de sa politique dite « d’open market », va lui prêter ces liquidités à un taux d’intérêt appelé « taux des opérations principales de refinancement » ou « taux directeur ».
La banque doit pour cela apporter à la BCE des garanties sous la forme de titres de créances de qualité qu’elle détient. On dit qu’elle se « refinance » auprès de la banque centrale. C’est le mode principal d’intervention de la BCE. Celle-ci a modifié son taux directeur, le taux de ces opérations principales de refinancement, à près d’une cinquantaine de reprises depuis sa création en 1999 (historique des taux).

Si la BCE augmente le taux de ses opérations de refinancement, les banques vont répercuter cette hausse sur le coût des crédits qu’elles accordent. Les agents économiques vont être plus réticents à emprunter et vont alors réduire leur consommation (particuliers) ou leur production (entreprises).

Inversement, si la BCE diminue le taux de refinancement, les banques vont diminuer le taux d’intérêt de leurs crédits. Les agents économiques vont être plus enclins à emprunter et vont alors augmenter leur consommation (particuliers) ou leur production (entreprises).

En cas de tensions sur le marché interbancaire (les banques ne veulent plus se prêter), la banque centrale peut aussi fournir des liquidités (octroi de prêts temporaires garantis par des titres par exemple) ce qui a pour effet de faire baisser le taux du marché monétaire.
En sens inverse, elle peut également intervenir pour retirer des liquidités (elle vend aux banques des titres de dette publique par exemple) et orienter le taux du marché monétaire à la hausse.

Historique taux directeurs BCE

Le taux de refinancement principal de la BCE est de 4,5 % depuis le 20 septembre 2023.
Dans un contexte de crises multiples (crise des subprimes, crise des dettes publiques, crise liée au Covid-19), la BCE a régulièrement baissé ses taux directeurs à partir de 2008 et les a ensuite maintenu à un niveau nul. En juillet 2022, la BCE a décidé d’une première augmentation du taux de refinancement principal, à 0,5 %, dans un contexte de retour de l’inflation. Le taux a depuis été augmenté à plusieurs reprises.

Dans le cadre de ses opérations d’open market, la BCE peut mettre en œuvre trois autres types d’interventions :

  • les opérations de refinancement à plus long terme prennent la forme de cessions temporaires mensuelles destinées à fournir des liquidités à une échéance de trois mois. Ces opérations sont exécutées par les banques centrales nationales par appels d’offres selon un calendrier prédéfini ;

  • les opérations de réglage fin sont effectuées afin de gérer la liquidité sur le marché et d’assurer le pilotage des taux d’intérêt, notamment pour corriger l’incidence éventuelle de fluctuations imprévues de la liquidité bancaire. Les opérations de réglage fin prennent essentiellement la forme d’opérations de cession temporaire, mais peuvent également comporter des opérations fermes, des opérations d’échange de devises et des reprises de liquidités en blanc. Elles sont effectuées par les banques centrales nationales par voie d’appels d’offres ou de procédures bilatérales ;

  • enfin, la BCE peut mener des opérations structurelles en émettant des certificats de dette et en ayant recours à des opérations de cession temporaire ou à des opérations fermes.

Les facilités permanentes

La BCE peut également octroyer des liquidités aux banques qui n’auraient pas pu être servies lors des opérations de refinancement principal d’open market par le biais des facilités permanentes.

Ces facilités permanentes, qui sont gérées de façon décentralisée par les banques centrales nationales membres de la zone euro, sont réalisées sans appel d’offre, à la demande des banques sans limitation de montant ou à l’initiative de chaque banque centrale nationale.

Elles permettent de fournir ou de retirer des liquidités par le biais de prêts ou de dépôts d’une durée de 24 heures. Le taux d’intérêt de ces opérations est fixé par la BCE. Ils déterminent respectivement le taux plafond et le taux plancher du marché interbancaire au jour le jour.

Depuis le 20 septembre 2023, le taux d’intérêt annuel de facilité de prêt de la BCE est fixé à 4,75 % et celui de la facilité de dépôt à 4 %, après avoir été négatif pendant plusieurs années. Ceci avait pour objectif d’inciter les banques commerciales à utiliser leurs liquidités excédentaires pour accorder des crédits aux agents économiques, plutôt qu’à les placer sur leurs comptes auprès de leur banque centrale nationale.

    4 commentaires sur “Politique monétaire conventionnelle”
      1. Bonjour,
        Les dépôts constituent des ressources pour les établissements bancaires. Ces derniers les utilisent pour accorder des prêts à leurs clients, effectuer des placements à court terme, etc. Dans certains cas, enfin, les dépôts sont dits « fléchés ». C’est le cas d’une partie des sommes versées sur le Livret A et le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) : celle-ci est reversée à la Caisse des dépôts et consignations afin de contribuer au financement du logement social, du développement industriel et du développement durable.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    1. Bonjour

      « Les réserves obligatoires
      La BCE impose à toutes les banques commerciales de « déposer » sur leur compte auprès de leur banque centrale nationale un pourcentage des crédits qu’elles accordent. Si le taux des réserves obligatoires est de 1 %, cela signifie que si une banque accorde un crédit de 1000 €, elle doit déposer 10 € à la banque centrale nationale.  »

      Désolé mais c’est totalement inexact; les réserves obligatoires sont calculées dur les dépôts et non pas sur les crédits.

      « Banque de France
      Eurosystème

      ABC L’Eco en bref

      La politique monétaire conventionnelle

      Pour renforcer son efficacité, la politique monétaire conventionnelle s’appuie également sur un système de réserves obligatoires rémunérées : les banques commerciales doivent déposer à la banque centrale une part des dépôts provenant de leurs clients.

      https://abc-economie.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/821065_pol-mon-conv.pdf  »

      Cdt

      1. Bonjour,

        Et merci de votre vigilance ! Vous avez tout à fait raison : nous allons modifier cet article en ce sens.

        Nous vous souhaitons une très belle année 2022
        Meilleures salutations,

        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

4 commentaires

Commenter