Théories du commerce international

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Le commerce international fait l’objet de vifs débats. Moyen de développement économique pour le uns, responsable de la désindustrialisation pour les autres, le sujet ne laisse personne indifférent. Tour d’horizon des principales théories économiques du commerce internationale qui soutiennent toutes qu’il est globalement bénéfique, à quelques exceptions près.  

Les avantages absolus de Smith

Adam Smith est surtout connu pour avoir posé les bases de la théorie économique moderne. Parmi ses multiples apports, il a notamment mis en lumière les gains que les pays peuvent tirer du commerce.

Le commerce international permet des gains de productivité puisque chaque pays, en se spécialisant dans les secteurs où il est le plus productif, augmente sa production totale (donc sa consommation). Cette idée est en lien avec l’exemple de Smith sur la manufacture d’épingles : en divisant les tâches successives permettant de fabriquer une épingle, Smith montre que la productivité augmente fortement grâce à la division du travail. Le commerce international, en permettant l’extension de la taille du marché et donc de la division du travail, en accroît les avantages.

La théorie du commerce international de Smith s’appelle la théorie des avantages absolus. Il montre que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il a un avantage compétitif absolu vis-à-vis des autres, et à échanger ensuite sa production.

Les avantages comparatifs de Ricardo

Au début du XIXe siècle, l’économiste anglais David Ricardo poursuit le travail de Smith mais montre qu’un pays a intérêt à se spécialiser et à participer au commerce international même s’il n’a pas d’avantage compétitif absolu.

C’est la théorie des avantages comparatifs : chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production pour laquelle il est comparativement le plus compétitif et à échanger. La conclusion de Ricardo, qui peut sembler contre-intuitive, est que chaque pays tire un intérêt du commerce international, quel que soit son niveau de développement. 

Cette théorie repose cependant sur certaines hypothèses restrictives, par exemple l’absence de coûts de transport. De plus, une spécialisation très poussée des pays les rend vulnérables. Par exemple, si un pays se spécialise dans la production de vin et qu’une maladie décime la vigne, il en résultera une violente crise économique. 

L’approche HOS

Dans les 1930 et 1940, plusieurs économistes renouvellent la théorie du commerce international et créeront ce qui est connu comme le modèle HOS, du nom de ses fondateurs : Eli Heckscher, Bertil Ohlin et Paul Samuelson.

Selon ce modèle, les pays se spécialisent en fonction de leurs dotations en facteur de production. Par exemple, les pays riches, plus avancés technologiquement, se spécialisent dans les productions nécessitant des techniques de pointe (informatique, aéronautique, recherche…). Les pays plus pauvres se spécialiseront dans des secteurs nécessitant beaucoup de main d’œuvre (par exemple, l’industrie textile en Chine).

La nouvelle théorie du commerce international

A partir des années 1970-1980, le modèle HOS est vivement critiqué, car il ne correspond pas à ce que l’on constate dans le commerce international. Les échanges ne semblent pas s’effectuer uniquement sur la base de dotation en facteurs de production.

Des économistes comme Paul Krugman observent que le commerce se fait principalement entre pays similaires et sur des produits similaires. On parle de « commerce intra-branche ». Par exemple, l’Europe vend des Airbus aux États-Unis mais achète des Boeing, ce qui est en contradiction avec les prédictions du modèle HOS. De la critique du modèle HOS est née la nouvelle théorie du commerce international, qui introduit des explications fondées sur la concurrence imparfaite.

Cette approche montre notamment l’importance des rendements d’échelle croissants, c’est-à-dire que, plus un pays fabrique d’un produit, plus il devient productif dans ce domaine car il développe un savoir-faire et des économies d’échelle. Cette approche explique la concentration géographique des activités (le cinéma à Hollywood, l’aéronautique à Toulouse, l’automobile en Allemagne, la finance à Londres…).

Si cette approche reste favorable à l’ouverture au commerce, elle montre l’utilité qu’il peut y avoir pour l’État à mener une politique industrielle. En effet, en aidant temporairement un secteur, l’État peut l’aider à gagner une taille critique qui lui permettra ensuite de bénéficier de rendements d’échelle et d’être compétitif sur le marché mondial.

    39 commentaires sur “Théories du commerce international”
      1. Bonjour,

        Le modèle HOS approfondit le modèle des avantages comparatifs développé par Ricardo. Tout d’abord, il intègre deux facteurs de production, là où Ricardo n’en considérait qu’un. Ensuite (et surtout), le modèle HOS cherche à expliquer l’origine des avantages comparatifs. Dans ce modèle, l’existence d’avantages comparatifs tient, en effet, à la différence de dotations factorielles entre les pays.

        Meilleures salutations,

        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    1. Bonjour. donc si je comprend bien, les consommateurs selon Krugman prefèrent consommer plusieurs variétés d’un meme plutot que de consommer une grande quantité de la meme variété d’un meme bien?
      aussi si nous devons l’expliquer par des calculs, comment devrons nous proceder?
      merci

      1. Bonjour,
        Paul Krugman se démarque des théories « traditionnelles » du commerce international en y intégrant des éléments de concurrence imparfaite. Il introduit ainsi la notion de différenciation du produit dans un modèle de commerce international. Les consommateurs sont, dans ce modèle, caractérisé par un goût pour la variété. Pour obtenir un tel résultat, les auteurs ont très souvent recours à une fonction d’utilité à élasticité de substitution constante (fonction CES).
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,

        Chez David Ricardo, les échanges internationaux relèvent d’un commerce inter-branche. Or, on constate qu’actuellement les échanges intra-branches, c’est-à-dire de biens appartenant à une même industrie, sont majoritaires au sein du commerce international.

        Meilleures salutations,

        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,

        Les modèles de la nouvelle théorie du commerce international peuvent se concentrer sur des variations différentes de la théorie traditionnelle des échanges commerciaux. Ainsi, les travaux pionniers de Paul Krugman sont basés sur des hypothèses de différenciation des produits, avec notamment un goût pour la variété des consommateurs, et l’existence de rendements d’échelle croissants. D’autres auteurs, comme Elhanan Helpman ou Marc Melitz, insistent sur le rôle joué par les firmes multinationales.

        Meilleures salutations,

        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    2. bonsoir ! s’il vous plait pouvez vous m’éclaircir en bref la différence qui existe entre la théorie classique, néo classique et moderne du commerce international ?

      1. Bonjour,
        L’article ci-dessus apporte une réponse à votre question. Pour la théorie classique, les échanges internationaux trouvent leur origine dans l’existence d’avantage absolu (pour Adam Smith) ou d’avantage comparatif (pour David Ricardo). La théorie néo-classique, plus souvent désignée sous le terme modèle HOS, explique l’existence d’un commerce international bénéfique à l’ensemble des pays par des différences de dotations factorielles. Enfin, la nouvelle théorie du commerce international introduit un cadre de concurrence imparfaite (rendements d’échelle croissants et stratégies de différenciation de produit) afin de mieux rendre compte des caractéristiques des échanges commerciaux actuels.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    3. j’ai une question, qu’elles est la difference entre les theories classique et les therories nouvelles oubien contemporain ???

      1. Bonjour,
        Contrairement aux théories classiques, la nouvelle théorie du commerce international repose sur un cadre de concurrence imparfaite et introduit notamment des hypothèses de rendements d’échelle croissants et de stratégies de différenciation de produit de la part des entreprises. Ces déviations par rapport aux théories traditionnelles visent à rendre compte des caractéristiques du commerce international contemporain : échanges entre des pays aux dotations en facteur relativement similaires (commerce France-Allemagne par exemple), commerce intra-branche, rôle joué par les firmes multinationales, etc.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    4. Les hypothèses de ces théories sont restrictives et parfois même contradictoires au vu:
      – de l’absence de coûts de transport (i.e pays infiniment proches) ;
      – de l’immobilité des facteurs de production (i.e pays infiniment éloignés)

      On pourra également évoquer les théorèmes Rybczynski et Stolper-Samuelson qui découlent du théorème HOS.

      1. Bonjour,

        Comme tout modèle économique, ces théories se basent en effet sur des hypothèses dont on peut discuter la pertinence. Elles peuvent toutefois être utiles pour penser certains phénomènes économiques. Par exemple, le théorème de Stolper-Samuelson que vous citez se fonde certes sur des hypothèses contraignantes mais permet d’éclairer les enjeux redistributifs du commerce international. Par ailleurs, le champ du commerce international a connu depuis plusieurs décennies de fortes transformations et a vu émerger des théories s’affranchissant des hypothèses des modèles initiaux, comme la nouvelle économie géographique par exemple.

        Meilleures salutations,

        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    5. Bonjour. Je voudrai savoir, et pour les pays non industrialisés qui n’ont que des ressources naturelles, seront ils gagnants si ils se lançaient dans l’ouverture du commerce exterieur?

      1. Bonjour,
        Les gains liés à l’ouverture commerciale ne sont pas liés à la production ou non de matières premières, mais dans la possibilité d’importer des produits moins chers de l’étranger. Selon la théorie de Ricardo (aux hypothèses certes restrictives), tous les pays gagnent donc à l’ouverture commerciale.
        Meilleures salutations
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      2. Bonsoir! Je réponds à Jonathan.
        Il faut souligner ici que les pays les moins industrialisés riches en ressources naturelles, peuvent gagner en CAPITAL dans le mesure où ils vendent leurs ressources et perdre ensuite. L’idéal serait d’user adéquatement de ces ressources pour produire afin d’exporter ces produits finis. Ce qui par conséquent pourrait leur conduire à un excédent de la balance Commerciale voire même une balance des paiements excédentaire.

    6. Bonjour,
      Je ne comprends pas pourquoi les gouvernements installent toujours plus
      d’austérité pour les classes moyennes, et pourquoi ils font des cadeaux juteux
      aux plus riches.N’est-il pas possible de partager plus équitablement les bénéfices.
      Jusqu’à présent, aucun parti ni de droite ni de gauche, n’a pas pu atteindre cet objectif.

    7. Je n’ai pas bien compris vos explications.Si un pays riche produit des technologies avancées,
      il risque de les faire fabriquer dans les pays à bas coût. Cela na aucun intéret pour citoyen
      c’est l’actionnaire qui en profite. Je ne me suis sans doute pas bien expliqué, mais le citoyen
      est souvent le dindon de la farce.

      1. Bonjour,
        Pour produire des technologies avancées, il est généralement moins coûteux de les produire dans des pays développés (parfois, il est même possible de ne les produire que dans des pays développés). Par exemple, les Airbus sont assemblés à Toulouse et les logiciels développés dans la Silicon Valley. Ce type de production nécessite en effet du travail qualifié qui se trouve principalement dans les pays développés. Les pays en développement comme la Chine se spécialisent plutôt dans les activités d’assemblage nécessitant surtout du travail peu cher.

        Cordialement
        L’équipe de Lafinancepourtous.com

      2. Bonne intervention.
        Oui, bien sure le pays ayant de la technique pointe peuvent investir dans des pays à bas out et une mains d’oeuvre moins che.
        Main n’oubliez pas que les pays pauvres n’offrent pas de bonne formation et qualification à leurs ouvriers donc ils ne peuvent pas s’adapter à des travaux qui nécessite une grande intensité et d’ou progrés technologique plus élevée.
        si ces pays offrent des formations de bonne qualité peuvent elle meme créer des laboratoitres de recherche et développer ces compétences et conquérir les pays riches.
        Donc les pauvres pays sont spécialisés dans des taches spécifiques et fabrication des composants bien maitrisés

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