Guerre des monnaies

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La guerre des monnaies désigne une situation dans laquelle les autorités de différents pays participant de façon significative aux échanges économiques internationaux, s’engagent dans des politiques de dévaluations compétitives.

Une dévaluation compétitive consiste pour un pays à abaisser le taux de change de sa monnaie au-delà de ce qui serait nécessaire pour tenir compte des données économiques de ce pays (croissance, productivité, inflation, etc.) pour favoriser la compétitivité du pays.Une dévaluation compétitive permet de doper les exportations. En effet, il est plus facile pour les étrangers d’acheter les produits du pays dont la monnaie est moins chère. Parallèlement, cela pénalise les importations car les produits étrangers deviennent plus chers pour les résidents du pays.

Les dévaluations compétitives peuvent être assimilées à des mesures protectionnistes. Quand un pays dévalue sa monnaie pour relancer sa compétitivité, cela peut être perçu par les autres pays comme déloyal. Ils sont alors tentés de dévaluer leur monnaie à leur tour.  On parle de « guerre monétaire », « guerre des devises » ou de « guerre des changes », lorsque de telles politiques se répandent. La situation générale de l’économie mondiale tend alors à se dégrader, le commerce mondial est déséquilibré et cela peut entraîner une montée générale du protectionnisme. Mais surtout, pour dévaluer une devise, un pays doit injecter beaucoup de monnaie dans les circuits économiques, ce qui favorise l’inflation.

Le précédent des années 1930

Un précédent célèbre de « guerre des monnaies » s’est déroulé pendant les années 1930, dans les suites de la crise de 1929.  Au cours d’une crise économique de grande ampleur, la Grande-Bretagne, puissance économique majeure de l’époque, a suspendu dès 1931 la convertibilité or de la Livre Sterling et opéré une dévaluation de 40 % de sa monnaie. Elle a été suivie par une vingtaine d’autres pays. Les pays qui avaient préservé leur convertibilité à l’or se sont retrouvés pris dans un étau déflationniste. Ils se sont alors lancés dans des dévaluations compétitives pour défendre leurs économies.

Comme le soulignent les économistes Barry Eichengreen et Douglas Irwin dans leur rapport publié en 2010 (Comment éviter la guerre des monnaies ? Project syndicate), « la crainte aujourd’hui est qu’une guerre des devises, avec son lot de barrières tarifaires et de représailles, pourrait entraîner des perturbations dans le système international du commerce aussi sérieuses que celles des années 30 ». Et, selon ces économistes, « il y a de bonnes raisons de s’inquiéter car l’expérience des années 30 suggère que les conflits de taux de change peuvent être même plus dangereux que les dépressions sévères de par les pressions protectionnistes qu’elles entrainent ». Cependant, malgré des craintes récurrentes depuis la crise de 2008, il n’y a pas eu de nouvelle guerre des changes comparable à ce qui s’est produit dans les années 1930.

L’opposition USA-Chine

Le nœud du conflit se situe entre les États-Unis et la Chine, les premiers reprochant à la seconde de maintenir sa monnaie sous-évaluée. En retour les États-Unis sont soupçonnés de chercher à répondre par la dévaluation « involontaire » de leur monnaie. Toutefois, l’ensemble des États sont affectés par la « sous-évaluation » des monnaies des deux principaux acteurs économiques mondiaux.
Les critiques des Etats-Unis envers la sous-évaluation de la monnaie chinoise se sont accentuées avec l’élection de Donald Trump. Cependant, si la plupart des économistes s’accordent à dire que la Chine a par le passé volontairement déprécié la valeur de sa monnaie pour stimuler ses exportations, ces critiques sont moins pertinentes depuis l’appréciation du yuan à partir de 2015.

Guerre des monnaies, état normal des marchés des changes ?

Le terme « guerre des monnaies » est revenu sur le devant de la scène en 2017  du fait des déclarations (parfois contradictoires) de Donald Trump qui a accusé la Chine et l’Allemagne de bénéficier de monnaies sous-évaluées pour favoriser leurs exportations. Mais dans les faits, les pays adoptent constamment des politiques d’ajustement monétaire en fonction de la situation de leurs économies.

Les dévaluations compétitives sont monnaies courantes depuis la fin de l’étalon-or en 1971, même si certaines périodes sont plus marquées.

 

    10 commentaires sur “Guerre des monnaies”
    1. Mes salutations, je voulais savoir comment un Etat procède pour récupérer la monnaie mise en circulation et ainsi limiter la quantité d’argent en circulation. merci.

      1. Bonjour,
        C’est le plus souvent la Banque centrale qui gère, au moins de manière indirecte, la quantité de monnaie disponible dans une économie. Pour cela, elle agit notamment sur les taux directeurs afin d’encourager ou, au contraire, de décourager la distribution de crédits de la part des banques commerciales, principal vecteur de création monétaire.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    2. Je voudrais savoir, est-ce que vous pouvez mettre un retour de monnaie pour la France suite un frexit. « Frexit » genre le nom de monnaie, nombre de pièces/billets du système antifraude, design…

      1. Bonjour,

        Nous ne comprenons pas votre question. Pouvez-vous la préciser ?

        Meilleures salutations,

        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    3. Bonjour, quelles sont les conditions dans lesquelles l’Allemagne est autorisée à pratiquer des dévaluations « en fonction de la situation de son économie » ?
      Merci!

      1. Bonjour,
        Le FMI considérait dans son rapport annuel, External Sector Report, que l’euro était « sous-évalué » pour l’Allemagne. Pour parvenir à ce résultat, le FMI a pris en compte l’excédent extérieur de l’Allemagne, ainsi que des données portant sur le niveau des coûts salariaux et la structure démographique.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    4. Bonjour,
      Tout d’abord merci pour votre travail !
      Pour vous citer : « Donald Trump qui a accusé … l’Allemagne de bénéficier de monnaies sous-évaluées pour favoriser leurs exportations. Mais dans les faits, les pays adoptent constamment des politiques d’ajustement monétaire en fonction de la situation de leurs économies. »

      Mais comment l’Allemagne peut-elle adopter une politique d’ajustement monétaire alors qu’elle fait partie de la zone euro ?

      1. Bonjour,
        Ce que nous entendons par là est que, sans l’euro, le deutsche mark serait certainement plus cher. L’Allemagne bénéficie donc de l’euro pour avoir un taux de change sous-évalué et donc favoriser ses exportations.
        Meilleures salutations.
        L’équipe de lafinancepourtous.com

    5. merci cela est instructif, pouvez vous faire un nouveau paragraphe par rapport à ce qui débute entre la chine et les états-unis actuellement (aout 2019) ce bras de fer ne risque t-il pas de provoquer une crise majeure ?

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