LBO

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Le LBO, de l’anglais «Leverage Buy-Out », est un terme générique désignant un montage juridico-financier de rachat d’entreprise par effet de levier (« leverage »), c’est-à-dire par recours à un fort endettement bancaire.

Le but de l’opération est de permettre aux repreneurs de racheter une société en dépensant un minimum d’argent. Concrètement, le montage se décompose en trois étapes :

  • Tout d’abord, les repreneurs vont créer une société (dite « holding »), en faisant en sorte d’être majoritaires dans le capital (le reste du capital pouvant être apporté par une banque par exemple).

  • Ensuite, cette holding va se charger d’acquérir la société convoitée (dite « société cible »), en acquérant la majorité de son capital. Elle paye en utilisant le moins possible de ses fonds propres et donc en utilisant surtout l’argent d’un emprunt contracté auprès d’une banque. Cet emprunt est qualifié de « dette senior ». Dans les grosses opérations, le repreneur est en général un fonds de capital-investissement. Dans ce cas, la société holding ne s’endette pas seulement auprès d’une banque, mais également en émettant des obligations qui sont souscrites par le fonds de capital-investissement. Cette source de financement est qualifiée de « dette junior ». En effet, son remboursement se fera après le remboursement de la dette senior et seulement si celui-ci se passe bien.

  • Les charges financières des dettes contractées par la holding seront payées grâce aux remontées de dividendes provenant de la cible. Les repreneurs vont pouvoir acquérir la cible grâce aux ressources même de celle-ci.

Au bout de quelques années, la société cible est revendue ou introduite en bourse, ce qui génère souvent de confortables plus-values pour ses actionnaires.

 L’effet de levier revêt principalement deux aspects :

  • Premièrement, un effet de levier financier, c’est-à-dire l’effet décrit plus haut : l’emprunt de la holding est intégralement payé par le résultat de la cible (ce qui explique que les sociétés cibles choisies soient des entreprises rentables ou potentiellement rentables). Or, le repreneur n’a utilisé qu’un minimum de fonds propres (ceux qui sont nécessaires à la constitution de la holding).

  • Deuxièmement, un effet de levier fiscal : la holding pourra déduire de l’impôt sur les sociétés les intérêts de l’emprunt si elle détient une forte participation dans la société cible.

Les LBO suscitent des débats, notamment sur leur utilité économique et sociale. Selon les critiques ils profitent de l’abondance de la liquidité, et ils ont tendance à endetter les entreprises.

Mais les effets positifs dus à l’amélioration du management des entreprises et l’apport de moyens pour investir semblent l’emporter. Une étude publiée en 2007 par l’AFIC (Association Française des Investisseurs en Capital, devenue France Invest en 2018) faisait état de l’apport bénéfique des LBO en France, du moins en matière de croissance du chiffre d’affaires des entreprises sous LBO (5,6 % en moyenne annuelle) et des effectifs salariés (4,1 % par an), et précisait que l’amélioration des conditions sociales constitue l’un des principaux leviers de création de valeur (qui est le but du LBO).

L’une des sources indispensables d’un LBO est l’emprunt. Or, la crise des subprimes a causé un déficit de liquidités pour les banques et a de ce fait renchéri le coût du crédit.

Pour ces raisons, un ralentissement net du marché du LBO s’est produit dès 2007 et a peiné à récupérer depuis. En France, il y avait eu 226 opérations de LBO réalisées en 2007, un record dépassé seulement en 2018 avec 245 opérations. 

    61 commentaires sur “LBO”
    1. Ne serait-ce pas de la pure spéculation financière ?
      Les LBO ne pourraient-ils pas créer une belle crise comme celle des subprimes ? Ce que je vois là dedans, c’est le moment de prendre une société, de la presser comme un citron puis que la jeter une fois qu’elle n’a plus rien à rendre…

    2. Bonjour, vous indiquez une progression du CA 5,6% en moyenne annuelle, ainsi que les effectifs de 4,1%. Mes questions sont les suivantes : Au bout de combien de temps sont revendues les sociétés sous LBO – Si d’autre part il est de bon ton d’augmenter le CA sur quelques instants ‘t’ ne sont-elles pas quelques peu obligées d’augmenter les effectifs ? Effectifs de quels types ‘cdd- interimaires-stagiaires…’ ? Qui est ou sont à l’origine des LBO ‘ la BDF ‘ ? Pouvez-vous precisez les types d’améliorations sociales.
      Merci pour vos réponses.

      Meilleurs Voeux à tous.

    3. Bonjour,

      Nous délivrons aucun conseil d’ordre financier ou juridique. Pour votre projet, il conviendrait de vous adresser à un expert-comptable ou à un cabinet conseil spécialisé sur ces sujets, par exemple. Vous trouverez de plus amples informations sur le site de l’AFIC : http://www.afic.asso.fr/Website/site/fra_accueil.htm

      Meilleures salutations.

      L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    4. Bonjour,

      Est-il envisageable de procéder à un LBO sans recourir à de la dette bancaire? Ce pourrait être le cas avec des apports en compte courant (environ 50%) associés à l’obtention d’un crédit-vendeur. Les leviers financier et fiscal en seraient certes diminués, mais la holding garde son intérêt puisque les dividendes remontant de la cible et permettant le remboursement du crédit-vendeur ne sont pas imposés à l’IRPP pour les repreneurs, mais à l’IS chez la cible. Ce qui évite une double imposition. Que pensez-vous d’un tel montage, il n’est jamais fait part de LBO sans recours à la dette.

      Merci d’avance,

    5. Bonjour,

      Il est vrai que la dette bancaire reste la principale source de financement des opérations LBO. En effet les banques sont souvent frileuses pour accorder les prêts indispensables à ces opérations, notamment à cause de la crise et de la nouvelle règlementation bancaire. Selon Dealogic, un cabinet d’analyse financière, le montant des prêts LBO en Europe au premier trimestre 2012 a reculé de 26%, en un an, pour s’établir à 40,2 milliards de dollars.
      Le financement d’un LBO par une seule banque serait une opération risquée. En pratique pour faire face à ce risque, plusieurs banques mettent souvent en place un prêt syndiqué. Le prêt est alors divisé en différentes tranches caractérisées par des taux d’intérêt et des durées de remboursement différents. Ces différentes tranches de prêt peuvent également êtres garanties sur des actifs différents (nantissement des titres de la société, nantissement sur les comptes bancaires, sur les marques ; sur les fonds de commerce, par exemple). Bref, ce prêt comprend des clauses complexes qui visent à se prémunir contres les conséquences d’une éventuelle faillite de l’entreprise placée sous LBO.

      Meilleures salutations.

      L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    6. Les banques sont-elles frileuses à l’idée de prêter pour des opérations de LBO? Se rassemblent-elles souvent pour créer des prêts syndiqués et donc partager le risque?

    7. Bonjour,

      Pour qu’une opération de LBO réussisse, il faut que la rentabilité de la société cible soit supérieure au taux d’emprunt bancaire.
      Si la société cible connaît des difficultés financières, la rentabilité est alors menacée et les dirigeants auront du mal à rembourser leur emprunt bancaire. Ils doivent alors trouver des solutions pour augmenter cette rentabilité. Si les difficultés financières sont trop importantes, les dirigeants peuvent aussi décider de vendre la société pour pouvoir faire face à leurs échéances de crédit.
      Un fonds d’investissement peut investir sur une entreprise non rentable en entrant dans un schéma de LBO s’il considère que le potentiel de rentabilité de cette entreprise est intéressant. S’il apporte des fonds, c’est parce qu’il sait comment obtenir une rentabilité supérieure.

      Meilleures salutations.

      L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    8. que se passe t il si la société cible est en difficultés financières ?
      quel est l’intérêt d’un fond d’investissement dans l’achat d’une cible non rentable ? peut être n’est ce pas possible ? et pourtant…………

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