Les effets pour l’Europe et l’Euro

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Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier ont été rédigés au moment de la crise de la zone euro. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

Ce décryptage revient sur la crise qui a secoué la Grèce et les conséquences que pourrait avoir cette crise sur les autres pays européens.

Le défaut sur la dette grecque

Depuis la fin de l’année 2009, les banques étrangères et les investisseurs privés étrangers ont considérablement réduit leur exposition à la dette publique grecque. Ils ont d’autre part subi sur la dette existante une décote de 53 %.

En cas de sortie de l’euro, le défaut sur la dette porterait sans doute également sur la dette en euro des agents privés  grecs détenue par des investisseurs étrangers. Selon Patrick Artus le secteur privé de la zone euro perdrait 120 mds d’euros (la dette extérieure brute de la Grèce détenue par le secteur privé), dont 62 Mds d’euros pour les banques.

Cependant, soulignent  les économistes Agnes Benassy Quéré et Yves- Emmanuel Bara « l’exposition est concentrée dans quatre banques, dont une portugaise et deux chypriotes. Le coût d’un défaut serait difficile à supporter pour Chypre, avec un PIB de seulement 17 milliards d’euros (l’équivalent du Limousin). Il le serait également pour le Portugal pour qui ce choc s’ajouterait à de nombreuses difficultés internes. Dans les deux cas, une aide supplémentaire du FESF serait sans doute nécessaire, avec des pertes potentielles pour les contribuables européens ».

Les préteurs publics ont pris le relai des préteurs privés pour financer l’Etat grec (prêts de  la BCE, des autres banques nationales à la banque centrale grecque, prêts du FESF associés à des garanties des Etats européens en cas de défaut de l’Etat grec). L’exposition du secteur public de la zone euro envers la Grèce, en juin 2012 est d’environ 300 milliards d’euros, soit 4 % du PIB de la zone.

Tout cela est loin d’être négligeable.

Le risque de contagion

Plus grave encore selon Patrick Artus est le risque de contagion aux autres pays qui ont un problème de solvabilité, à commencer par l’Espagne. Le plan actuel d’aide à ce pays ne suffirait certainement pas à endiguer une contagion qui, au-delà de l’Espagne, risquerait d’atteindre l’Italie, voire la France et menacerait finalement de faire éclater toute la zone euro.

Les effets  pour la France d’une sortie de la Grèce de l’euro

Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France a déclaré le 15 mai 2012 « qu’aucun groupe financier français (banque ou assurance) ne serait mis en difficulté par un scénario extrême sur la Grèce » tel qu’une éventuelle sortie de la Grèce de l’euro.

Les groupes financiers français ont déjà  intégré dans leurs résultats les effets de  la décote de 53 % consentie sur la dette publique grecque qu’ils détenaient. Selon  le gouverneur de la Banque de France, elles ont même  provisionné 75 % de leur exposition à la dette grecque. La dette grecque est maintenant essentiellement supportée par les Etats européens qui apportent des garanties au Fonds de soutien de la zone euro (FESF) qui accorde les prêts à la Grèce et par la Banque Centrale Européenne. 

Cependant certaines banques sont également exposées à la situation grecque du fait des prêts au secteur  privé grecs ou d’autres actifs grecs qu’ils détiennent. De ce point de vue la banque française la plus exposée parait être le Crédit Agricole qui a acquis, il y a quelques années, Emporiki, la 5ème plus grande banque  grecque. Cette banque risque  de subir des pertes supplémentaires  et d’avoir des besoins de recapitalisation.

D’autre part, l’exposition du secteur public français (Etat et Banque de France) envers la dette grecque est évaluée à 63 milliards d’euros.

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