Conséquences pour la Grèce d’une sortie de l’euro ?

la finance pour tous

Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier ont été rédigés au moment de la crise de la zone euro. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

Ce décryptage revient sur la crise qui a secoué la Grèce et les conséquences qu’entraîneraient une sortie de la zone euro.

Dévaluation de la nouvelle drachme

La première conséquence d’une sortie de la zone euro serait l’introduction d’une nouvelle devise grecque, la nouvelle drachme. Un taux de change paritaire (soit 1 euro = 1 nouvelle drachme) pourrait être fixé au départ. Mais ce taux de change serait par la suite flottant car le peu de réserve monétaire de la Banque centrale grecque en drachmes rendrait impossible le maintien d’un régime de change fixe.

Une dépréciation massive de la nouvelle devise grecque aurait alors lieu sur le marché des changes, ce qui reviendrait à une dévaluation de fait.

La Banque centrale pourrait alors acheter de la dette publique en nouvelle drachme, mais la dette extérieure, en euros, s’alourdirait et serait impossible à rembourser par l’Etat et les entreprises. La Grèce devrait faire défaut sur sa dette extérieure soit actuellement 360 milliards d’euros.

Selon les expériences étrangères de ces vingt dernières années, l’ordre de grandeur de la dévaluation pourrait être de 50 % en un an.

Devaluation dans une situation de crise

Lecture du graphique : Les  pays ayant effectué  ces deux dernières décennies, une dévaluation dans une situation de crise plus ou moins comparable à celle de la Grèce aujourd’hui ont subi en moyenne, une dévaluation de leur monnaie de 39 % sur les trois premiers mois, et de 48 % au bout d’un an.

Des effets mitigés pour la Grèce

Selon certains il serait finalement positif si la Grèce n’avait plus de dette publique, elle n’aurait plus à payer de charge d’intérêt sur sa dette publique interne et sur sa dette extérieure. Son déficit public et son déficit extérieur seraient ramenés l’un et l’autre  à 3 % du PIB au lieu de 10 % aujourd’hui. Ses exportations pourraient être relancées grâce à la dévaluation. 

Cette analyse est contestée par d’autres économistes. D’une part, les risques d’inflation par le renchérissement des importations seraient importants. L’industrie ne serait pas plus attractive pour les investisseurs étrangers. La Grèce n’aurait plus aucun crédit de l’étranger. Elle ne pourrait plus financer aucun déficit extérieur et devrait renoncer à importer si le problème se pose. D’où des risques de pénurie qui pourraient handicaper  l’activité.

Enfin selon les économistes Sophie Piton et  Yves-Emmanuel Bara  « la question essentielle est finalement moins la dévaluation que la crédibilité de la nouvelle monnaie ». Les entreprises, les banques et  les  ménages grecs, qui  sont habitués à l’euro, monnaie forte et dont la valeur varie peu, « pourraient favoriser les échanges en euros au détriment de la drachme. L’on assisterait alors à l’émergence d’une économie « euroïsée », comparable aux économies « dollarisées » du Panama ou de l’Equateur. La Grèce perdrait alors le bénéfice d’avoir recouvré l’indépendance monétaire ». Au total jugent ces économistes, « la sortie de la zone euro serait donc pour la Grèce une thérapie de choc ».

Le cas de l’Argentine

La comparaison entre la crise traversée par la Grèce, et la situation de l’Argentine à la fin des années 1990 et début 2000 s’impose.

Beaucoup d’économistes ont attribué la rapide relance économique de l’Argentine après 2001 à la dévaluation du peso et aux gains de compétitivité qui ont découlé de la dépréciation du taux de change de la devise argentine. Mais la dévaluation du peso a aussi (ou surtout ?) permis la dilution de la dette. En clair, une entreprise qui devait 1 million de dollars à sa banque fin 2001 a vu sa dette se transformer en 1 million de pesos argentins. En effet, une conversion à parité avait été décidée entre le dollar US et le « nouveau » peso argentin. Durant l’année 2002 une baisse significative du taux de change a eu lieu : un dollar valait 4 pesos à la fin de l’année. Ainsi fin 2002, la dette d’1 million de pesos de cette entreprise ne valait plus que 250 000 dollars.

Quelles leçons en tirer ? Plus de dix ans après cette dévaluation, force est de constater que la dépréciation qui a suivi l’abandon de la parité avec le dollar, n’a pas renforcé les exportations de façon substantielle et n’a pas attiré les investisseurs étrangers en masse. En revanche, elle a permis d’alléger les bilans des entreprises qui ont commencé à rapidement dégager d’importants profits qu’elles ont pu réinvestir.

0 commentaire

Commenter