Les enjeux de l’affaire

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Cet article et l’ensemble de ceux composant ce dossier consacré à la crise des subprimes ont été rédigés entre 2008 et 2010. Ils doivent être considérés en se plaçant dans le contexte de l’époque.

Deux questions essentielles sont posées au travers de l’affaire Goldman Sachs : quid du conflit d’intérêt –quand la banque mise contre les positions de ses clients- et qu’en est-il vraiment de la régulation de ces produits financiers à haute technicité ?

Les conflits d’intérêts

Lors de l’audition des dirigeants de Goldman Sachs le 27 avril 2010 par la sous commission du Sénat, plusieurs sénateurs ont demandé si Goldman avait vraiment pour priorité l’intérêt de ses clients, comme le prétend son slogan, « Les intérêts de nos clients passent toujours en premier » ?

Ils n’ont pas obtenu de réponse. Un sénateur a demandé : « Vous pariez contre les mêmes produits que vous vendez et cela ne vous dérange pas et vous espérez que les gens vont vous faire confiance ? ». Un autre : « Vous vendez des produits (« de merde ») à vos clients sans les en informer, puis vous misez contre. N’y a-t-il pas là conflit d’intérêts ? ».

C’est évidemment une question centrale. « Les « synergies » entre le métier de banque d’affaires et le trading pour compte propre donnent lieu à des conflits d’intérêts majeurs » soulignent les économistes Hubert Landier et David Thesmar. « Rien de tout cela n’est vraiment nouveau, ajoutent-ils : la crise des valeurs Internet avait déjà mis en lumière les conflits d’intérêts des banques. Celles-ci avaient alors prétendu s’en prémunir par des « murailles de chine » internes. Leur étanchéité n’est guère crédible lorsque les enjeux deviennent gros. L’affaire Goldman est là pour rappeler qu’en matière de fraude informationnelle l’autodiscipline ne vaut pas grand-chose. Le coût en termes de réputation est trop faible, les mémoires trop courtes, la punition trop rare ».

La régulation de certains produits financiers

Le dirigeant de hedge fund, George Soros, certes atypique, considère ainsi que la leçon à tirer de l’affaire Goldman Sachs est que « L’utilisation de produits dérivés et d’autres instruments synthétiques doit être régulée même si toutes les parties sont des investisseurs avisés ».

« Les produits dérivés peuvent être très utiles mais comportent aussi un certain nombre de risques cachés » explique-t-il. Les couvertures de défaillance (CDS) sont des instruments particulièrement douteux… Leur utilisation doit être limitée à ceux qui ont un intérêt assurable dans les obligations d’un Etat ou d’une société.

Ce « scandale financier » a ravivé aux États-Unis les questions relatives à l’encadrement des pratiques bancaires. En juillet 2010, la loi Dodd Franck a été adoptée et constitue aujourd’hui l’un des principaux piliers de la régulation bancaire américaine.

 

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