Balance des paiements

la finance pour tous

La balance des paiements est un document de comptabilité nationale qui retrace l’ensemble des flux économiques (biens, services, capitaux…) entre un pays et le reste du monde au cours d’une année.

Déficit commercial français 2022 : 85,3 milliards d’euros (Banque de France)

Peu de documents de comptabilité nationale ont autant d’importance que la balance des paiements. Ses différents postes, notamment la balance commerciale et le compte courant, sont scrutés par le gouvernement et la banque centrale pour piloter la politique économique. En effet, ce sont ces postes qui récapitulent le solde des échanges entre un pays et le reste du monde. 

La balance des paiements est, dans son intégralité, un document décomposé en une multitude de postes. Prenons l’exemple (simplifié) de la balance des paiements de la France entre 2020 et 2022 :

Postes (en milliards d’euros)

Solde

2020

Solde 2021

Solde 2022

Compte des transactions courantes (1)

-41,5

9,0

-53,9

dont

Biens

-59,1

-67,4

-137,3

Services

18,7

35,0

52,0

Revenus primaires

42,1

82,6

76,7

Revenus secondaires

-43,2

-41,2

-45,3

Compte de capital (2)

2,1

9,6

10,7

Compte financier (3)

-54,3

4,6

-57,7

dont

Investissements directs

5,5

11,7

11,0

Investissements de portefeuille

-33,1

12,6

-119,3

Autres

-26,7

-19,6

50,6

Erreurs et omissions nettes (4)

-14,8

-14,0

-14,5

Sources : La balance des paiements et la position extérieure de la France, Banque de France.

Le compte courant

Le compte des transactions courantes, ou plus simplement « le compte courant » (1), retrace la somme des échanges internationaux de biens (balance des biens) et de services (balance des services). Un solde négatif indique que la valeur des importations est supérieure à celle des exportations : ainsi la balance des biens française déficitaire de 137,3 milliards d’euros en 2022 indique que la France a importé, cette année-là, 137,3 milliards d’euros de biens de plus qu’elle n’en a exporté. La balance commerciale de la France est régulièrement déficitaire, tandis que le solde des services est, quant à lui, structurellement positif.

Le déficit du compte courant a atteint, en 2022, un record historique.

Dans le compte courant, on trouve aussi les revenus des facteurs de production (revenus primaires) comme les salaires ou les revenus des investissements. Par exemple, les profits d’une entreprise étrangère implantée en France et rapatriés dans le pays d’origine apparaissent comme débit dans les revenus primaires. À l’inverse, le salaire d’un Français allant chaque jour travailler en Suisse ou au Luxembourg apparaîtrait au crédit des revenus primaires.

Enfin, les revenus secondaires représentent l’aide internationale et les envois d’argent à l’étranger. Par exemple, l’envoi par un immigré d’argent à sa famille dans son pays d’origine pèse négativement sur le solde des revenus secondaires du pays d’accueil.

Le compte de capital

Le compte de capital (2) retrace les achats ou ventes d’actifs non financiers, comme les brevets ou les droits d’auteur. Les montants concernés sont généralement faibles. La France en 2022 a vendu plus d’actifs non financiers auprès du reste du monde qu’elle n’en a achetés (10,7 milliards d’euros). La somme des soldes du compte courant et de capital correspond à la capacité ou au besoin de financement de la nation dans les comptes nationaux. Elle est égale, aux erreurs et omissions près, au solde du compte financier.

Le compte financier

Le compte financier (3) représente la somme des flux financiers entre un pays et le reste du monde : investissements directs, investissements de portefeuille (actions, obligations, etc.), ainsi que d’autres types d’investissements (produits financiers dérivés, avoirs de réserve, etc.).

Selon les normes comptables en vigueur, un solde positif des flux du compte financier représente un accroissement des avoirs nets de la France, et un solde négatif une réduction de ces avoirs nets.

Par exemple, le solde négatif du compte financier en 2022 indique que la France a connu une entrée nette de capitaux égale à 57,7 milliards d’euros.

Le poste « autres flux financiers » regroupe principalement les crédits commerciaux, les délais de paiement, les prêts bancaires, l’achat et la vente de produits dérivés et la variation des réserves de change (devises ou or détenues par la banque centrale).

Les erreurs et omissions

Les erreurs et omissions (4) représentent à la fois des erreurs ou arrondis dans la collecte des données ainsi que certains décalages de paiement dans le temps.

Par exemple, le paiement d’un avion est généralement effectué sur plusieurs années alors que la livraison s’effectue une année donnée. Il y a donc, pour chaque année, un décalage entre flux commerciaux et flux financiers qui se retrouve dans le poste « erreurs et omissions ».

La balance des paiements est, par construction, toujours à l’équilibre : la somme des soldes du compte courant et de capital est égale, aux erreurs et omissions près, au solde du compte financier.

Si un pays présente un déficit du compte courant, cela signifie (de façon simplifiée) qu’il a plus importé qu’exporté. Or, les fournisseurs étrangers exigent d’être payés et les importateurs français devront se procurer les devises étrangères nécessaires. L’obtention de ces devises étrangères est, ici, représentée par un solde du compte financier négatif.

    116 commentaires sur “Balance des paiements”
    1. Bonjour,
      en 2022, d’après la dernière publication de la Banque de France, le solde courant de la France est de -53,9 milliards d’euros, le solde du compte de capital de +10,7 milliards d’euros. On en déduit un besoin de financement de la Nation de 43,2 milliards d’euros. Or, d’après l’Insee, ce dernier est de 97,6 milliards d’euros (source : PIB et grands agrégats économique 2022).
      En 2021, il y a aussi un écart qui apparaît entre le besoin de financement de la Nation fourni par l’Insee (-30,1 milliards d’euros) et celui qui résulte des données de la Banque de France (+18,6 milliards d’euros).
      Ces écarts, plus ou moins grands, sont présents sur toute la période que j’ai retracée de 2012 à 2022.
      J’ai trouvé sur Internet, seulement un document de l’Insee publié en 2018 traitant de l’origine de tels écarts dont le montant non négligeable interroge sur la fiabilité des chiffres.

      1. Bonjour,
        La différence entre les deux données est effectivement substantielle et, comme vous, nous ne disposons pas d’éléments permettant de l’expliquer. Nous allons interroger les experts de l’INSEE. Si nous obtenons une réponse, nous la posterons ci-dessous.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

        1. Merci beaucoup.
          C’est une bonne chose que le site La Finance pour tous existe pour pouvoir établir une interaction entre des personnes qui s’interrogent et des experts.
          Cordialement

          1. Bonjour,
            Voici la réponse que l’INSEE nous a communiquée ce jour :
            « Si la Banque de France est bien notre source principale pour établir le compte du reste du monde et le besoin de financement de la Nation, nos estimations diffèrent pour plusieurs raisons :
            – Nous ne retraitons pas de la même façon les données des déclarations douanières pour les échanges de biens.
            – Nous publions notre compte définitif avant le compte définitif de la balance des paiements de la Banque de France, ce qui nous empêche de prendre en compte les dernières versions des données de la Banque.
            – Nous n’avons pas la même politique de révision : nous fonctionnons en base, avec une méthodologie stabilisée sur la durée d’une base et la prise en compte des améliorations méthodologiques au moment du changement de base, tous les 5 ans, afin d’avoir les séries chronologiques les plus cohérentes possibles, alors que la Banque de France opère des changements méthodologiques en continu car elle vise la meilleure estimation possible en niveau du solde courant pour une année donnée. Cela nous conduit à reprendre les chiffres de la Banque plutôt en évolution qu’en niveau, et contribue à créer des écarts au cours d’une base.
            Toutefois un important travail de rapprochement entre nos estimations et nos méthodes est en cours par les deux institutions, et sera publié au cours de l’année 2024. »
            Meilleures salutations,
            L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    2. Dans le compte financier, le MBP6 recommande la diffusion des informations sur les transactions nettes mais reconnaît que les informations sur les transactions brutes (c’est-à-dire pour montrer séparément l’augmentation et la diminution des actifs, et l’augmentation et la diminution des passifs) pourraient également être utiles dans certains cas. Pouvez-vous donner un exemple de cas dans lesquels, selon votre expérience, les informations sur les transactions brutes seraient utiles pour l’analyse?

      1. Bonjour,
        Nous n’avons pas d’exemple particulier en tête, mais disposer des données brutes pourrait être intéressant pour une étude fine des flux d’actifs et de passifs financiers entre la France et un autre pays en particulier.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    3. Bonjour
      Je m’interroge sur le fait que pour 2022, vous indiquez en préambule que le déficit commercial est de 163,6 milliards, alors que la balance des biens indique « seulement » 134,4 milliards.
      Merci pour votre explicaton.

      1. Bonjour,
        Merci pour votre commentaire ! La différence provient de l’inclusion ou non du négoce international, c’est-à-dire aux des transactions de marchandises effectuées à l’étranger (et donc sans franchissement des frontières françaises). Nous ajoutons une précision en ce sens dans le tableau ci-dessus.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        Il existe de nombreux axes possibles pour analyser l’impact des IDE sur l’économie : effet sur les échanges internationaux, sur l’emploi et la croissance, sur le progrès technique et sa diffusion, etc. La conclusion des études disponibles diffère selon les cas étudiés et il n’est pas possible de rendre compte de l’ensemble de cette littérature ici, mais n’hésitez pas à préciser votre question pour que nous puissions détailler davantage notre réponse.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      2. salut
        les IDE impactent positivement la croissance economique à travers l’entree de devise. Cette operation peut engendrer la creation d’emploi et le chomage va diminuer donc les revenus vont augmenter puis la consommation et la demande interieur. Par conséquence la croissance economique sera stimulée

    4. j’aimerais comprendre le lien, du moins la cohérence qui existe entre la dette extérieure et les statistiques de la balance des paiements. Quels postés de la Balance de paiements integre les éléments de la dette extérieure.

      1. Bonjour,
        Le FMI définit la dette extérieure de la manière suivante : « la dette extérieure brute est égale, à toute date donnée, à la position des passifs courants effectifs, non conditionnels, qui comportent l’obligation pour le débiteur d’effectuer un ou plusieurs paiements en remboursement du principal et/ou de verser des intérêts à un ou plusieurs moments futurs, et qui sont dus à des non-résidents par des résidents d’une économie ». La dette extérieure est donc, en partie, liée au compte financier de la balance des paiements.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    5. Bonsoir
      j’aimerais comprendre la notion de viabilité des déficits du compte courant. définition et caractérisation. Merci

      1. Bonjour,
        La littérature sur la viabilité des déficits de la balance courante courant s’intéresse aux risques que de tels déficits peuvent générer pour les pays concernés. Ces risques sont multiples : en cas d’un endettement extérieur très élevé, un pays pourrait se voir bloquer l’accès au crédit extérieur et devoir réduire drastiquement ses dépenses. Le risque de crise financière est dans ce cas élevé. De plus, des déficits persistants peuvent révéler des distorsions diverses à l’œuvre dans l’économie concernée. La caractérisation de déficits de la balance courante non viable est, cependant, délicate : en effet, tout déficit n’est pas nécessairement insoutenable. Pour en savoir plus sur la caractérisation « formelle » de la viabilité des déficits de la balance courante, nous vous conseillons la lecture de l’article « Current Account Deficits During Heightened Risk: Menacing or Mitigating? », disponible à l’adresse suivante : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/ecoj.12482
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        Une manière d’appréhender la balance des paiements est de s’intéresser aux soldes des différents comptes qui la composent : compte courant (balance commerciale et balance des services), compte de capital et compte financier.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        L’INSEE donne la définition suivante du principe de cohérence en comptabilité : « Les statistiques présentent une cohérence interne (c’est-à-dire que les égalités arithmétiques et comptables sont vérifiées). Des contrôles sont en place pour assurer au mieux la cohérence interne des données publiées. Ces contrôles sont systématiques et donnent lieu à des corrections automatiques ou à une expertise au cas par cas. Ils concernent aussi bien les données des entreprises que les données des ménages. À titre d’exemple, des études sur l’ajustement saisonnier des indicateurs à court terme ont été effectuées pour une meilleure cohérence avec les comptes trimestriels. Pour l’élaboration des statistiques annuelles d’entreprises, les données collectées par enquêtes sont mises en cohérence avec les données obtenues par des sources administratives ». Cette définition peut également s’appliquer à la balance des paiements.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        L’équilibre sur le marché des biens est donné par : Y = C(Y-T) + I + G + X – M, où Y est le revenu global, C la consommation, T les impôts, I l’investissement, G les dépenses de l’Etat, X les exportations et M les importations. En retravaillant cette équation, on trouve S – I = G – T + X – M, avec S l’épargne (soit la partie non consommée du revenu). Dans cette dernière relation, on a donc une égalité comptable entre d’une part, la différence entre l’épargne et l’investissement et, d’autre part, le solde budgétaire (T-G) et le solde courant (X-M).
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    6. 1-svp comment se presente le compte financier de la BDP du point de point de vue des postes de credits et de debits? 2- Pourquoi dit-on que si Des comptes de capitaux et financiers positifs signifient qu’un pays a plus de débits que de crédits, ce qui en fait un débiteur net envers le monde et Les comptes négatifs font du pays un créancier net?

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