Arnaques financières aux locations saisonnières : les précautions à prendre

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Fausse annonce de location permettant au faux propriétaire de récupérer le chèque de réservation ou faux locataire qui obtient le remboursement d’un versement trop important… Que faire face à ces types d’arnaques ?

Pour les vacances, nombreux sont ceux qui louent des maisons ou des appartements. Mais attention aux arnaques financières qui ont tendance à se multiplier, notamment sur internet. D’autant qu’il existe des arnaques des deux côtés : pour les propriétaires comme pour les locataires.

Voici les précautions à prendre face à ces types d’arnaques.

Les arnaques de faux propriétaires

D’après les constats réalisés par les huissiers de justice, l’arnaque au locataire la plus répandue est celle du faux propriétaire.  

le faux propriétaire : l’arnaqueur récupère des photos d’un bien et une annonce ainsi que, si possible, les noms et les coordonnées du vrai propriétaire. Il explique par mail à un locataire potentiel qu’il ne peut pas faire visiter la maison mais demande un chèque « pour réserver » car il a reçu beaucoup de demandes. Le prix de la location paraissant particulièrement compétitif, le locataire s’empresse d’adresser son chèque de réservation, puis l’arnaqueur disparait en supprimant son compte et son adresse email. C’est l’arnaque la plus classique.

Les arnaques de faux locataires

En sens inverse, les arnaques de faux locataires sont en essor ; il convient donc que les  propriétaire soient particulièrement vigilants. Les deux plus répandues et dangereuses sont les suivantes :

l’arnaque du chèque supérieur au montant demandé : le faux locataire envoie un chèque d’un montant supérieur au prix de la location et demande ensuite au propriétaire de lui retourner la différence. Le propriétaire adresse alors un virement ou un chèque du montant du remboursement. Sauf que, quelques jours plus tard, la banque de l’escroc met son chèque en opposition ou le rejette au paiement pour défaut de provision. Le propriétaire aura adressé, lui, son remboursement qui sera bien encaissé par l’escroc…

l’arnaque au faux RIB : le faux locataire demande au propriétaire son RIB pour procéder au virement du règlement, et il lui demande aussi un exemplaire signé du contrat de location. Une fois en possession du RIB et de la signature, l’escroc demande par courrier postal à la banque du propriétaire, en son nom bien sûr, de faire un virement, mais sur son compte à lui.

Les précautions à prendre

Pour les propriétaires

– ne jamais procéder à un remboursement qu’un locataire peut demander au motif qu’il a réglé « par erreur » une somme supérieure au prix de la location. Le propriétaire doit toujours privilégier pour le règlement du loyer soit l’acompte, soit les arrhes, qui ont l’avantage de sécuriser le paiement d’une location saisonnière ;

– vérifier que son identité n’est pas usurpée, en surfant par exemple sur Google pour vérifier que sa photographie d’identité n’est pas utilisée sur un site d’annonces ;

– bien vérifier que les emails qui arrivent sur l’adresse mail proviennent bien du site de mise en ligne de l’annonce du bien. Cela évite le risque de « phishing » qui est la capture des données du propriétaire qui s’est connecté à une fausse adresse mail, permettant aux escrocs de mettre en ligne de manière frauduleuse son annonce et éventuellement de recevoir l’argent. La règle est qu’en cas de doute, il ne faut jamais valider son adresse email ;

– enfin, être prudent par rapport à des locataires qui refusent le mode de règlement proposé par le propriétaire, refusent un écrit ou un contrat de location, refusent le versement d’arrhes ou d’un acompte et proposent de tout régler tout de suite, utilisent des messageries très peu connues, demandent une copie d’une pièce d’identité et/ou un RIB du propriétaire, etc.

Pour les locataires

– s’assurer que le bien existe réellement : en vérifiant que le bien correspond à l’adresse indiquée (utiliser Google Maps/Google Earth, par exemple) ; éventuellement contacter la mairie ou la gendarmerie du lieu de vacances ;

– se méfier d’une offre particulièrement attractive. Pour se faire une idée du « juste prix », il convient de consulter des annonces de biens similaires sur le net. Se méfier aussi d’avis particulièrement flatteurs laissés par des « clients » sur le net ;

– impérativement contacter le propriétaire par téléphone : avant tout paiement, le locataire doit contacter son propriétaire par téléphone et ne pas se contenter d’échanger par mails. L’appel téléphonique permet de vérifier le numéro, et d’obtenir des informations précises sur la location qu’il sera ensuite possible de vérifier ;

– être très prudent en cas de paiement vers des comptes à l’étranger, ou par l’intermédiaire de sociétés de transfert d’argent telles que Western Union, Mandat-cash ou Moneygram, qui rendent impossible la localisation du « propriétaire ». Si vous procédez à un virement, vous avez toutes les chances de vous faire arnaquer ;

– limiter le premier acompte versé à 30 % (maximum : plutôt 20%, idéalement) du prix total de la location. C’est la règle des locations de vacances : il convient donc de se méfier d’une demande d’acompte supérieur ;

– signer en deux exemplaires le contrat de location. A défaut d’un « contrat de location », il faut exiger un écrit, qui doit être lu et signé en deux exemplaires, dont l’un est conservé par le locataire.

Les démarches à faire en cas d’arnaques

Malgré toutes ces précautions, propriétaire et locataire peuvent être victimes d’arnaques. Mais il existe un certain nombre de recours possibles pour faire valoir ses droits.

La démarche immédiate : l’opposition bancaire

Dès que vous avez un doute et que vous avez l’impression d’avoir à faire à une escroquerie, il faut contacter le plus rapidement possible sa banque et lui demander de bloquer le paiement (par chèque, carte bancaire ou virement), à condition que l’opération soit en cours de traitement et que les fonds ne soient pas encore sortis du compte. Pour enregistrer une demande d’opposition, la banque pourra demander au préalable un dépôt de plainte pour escroquerie auprès des services de police ou de gendarmerie.

Pour les virements, théoriquement un virement ponctuel SEPA est irrévocable. Mais il est possible de demander à sa banque d’annuler l’ordre de virement avant sa date d’exécution.

Pour en savoir plus sur les règles d’opposition bancaire : chèques et carte bancaire.

La responsabilité des plateformes de réservation en ligne 

Une des difficultés à obtenir réparation ou remboursement provient du fait que la plupart des réservations de locations de vacances s’effectuent à partir de  sites en ligne (Abritel, Leboncoin, Booking, gitesdefrance, Airbnb…). Or ces plateformes rejettent toute responsabilité en cas de litige entre deux utilisateurs de leur plateforme qui n’a, selon elles, qu’une simple fonction de « mise en relation ».

Pour aller plus loin : plateformes de location saisonnière

Le dépôt d’une plainte

Si la victime a réussi à identifier son escroc, elle peut saisir le tribunal en déposant une plainte contre l’auteur de l’escroquerie.

Si la victime n’a pas identifié son escroc (cas le plus fréquent), elle peut déposer une plainte contre X, même si l’escroc se trouve à l’étranger.

La plainte peut être enregistrée par les services de police ou de gendarmerie. En cas de plainte contre X, il est possible d’enregistrer une pré-plainte en ligne. La plainte peut également être directement déposée auprès du Procureur de la République, en adressant une lettre sur papier libre au tribunal judiciaire du lieu de l’infraction ou du domicile de l’escroc (porter plainte auprès du Procureur de la République).

La lettre devra préciser un certain nombre d’éléments caractérisant l’escroquerie. Un récépissé sera ensuite remis dès que les services du Procureur de la République auront enregistré la plainte (pour connaitre le Tribunal judiciaire compétent).

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