Actionnaire salarié. Qu’est-ce-que c’est ?

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Il y a plusieurs façons de devenir actionnaire de son entreprise. Mais tous les salariés qui possèdent des actions de leur entreprise ne sont pas considérés comme « actionnaires salariés » au sens du Code de commerce.

Il y a plusieurs façons de devenir actionnaire de son entreprise

  • lors d’une privatisation, 10 % des titres offerts par l’Etat sont en principe réservés aux salariés et anciens salariés;

  • lors d’une augmentation de capital réservée aux salariés. La décision est prise par l’Assemblée Générale des actionnaires. L’augmentation est ouverte à tous les salariés sous réserve de conditions d’ancienneté, mais ceux-ci sont libres de souscrire ou non ;

  • par la vente aux salariés d’actions préexistantes cédées par l’entreprise, sur la base d’une autorisation de l’Assemblée générale des actionnaires ;

  • lors d’attribution d’actions de l’entreprise dans le cadre de la participation ;

  • lors de distribution d’actions gratuites, existantes ou à émettre, aux salariés et mandataires sociaux des entreprises. C’est l’assemblée générale des actionnaires qui décide de la mise en place d’un programme d’attribution d’actions gratuites. Dans le cas où ces distributions concernent tous les salariés, et sous réserve du respect de certaines conditions de répartition, le salarié pourra les placer dans le PEE à l’issue de la période d’acquisition;

  • par l’attribution d’options de souscription ou d’achat d’actions (stock-options) : la société attribue des options qui permettent aux salariés qui les possèdent, de souscrire ou d’acheter des actions, généralement avec une décote au jour de l’émission de l’option.
  • et bien sûr, par l’achat direct de titres, sur le marché, lorsqu’il s’agit d’une société cotée.

L’actionnaire salarié au sens du Code de commerce

Le Code de commerce ne donne pas à proprement parler une définition de l’actionnaire salarié. Mais son article L.225-102 (introduit par la loi de 2001), qui impose aux entreprises de rendre compte chaque année de l’état de la participation des salariés à leur capital, dresse une liste limitative des actions à prendre en considération. Il s’agit des actions qui sont  dans un FCPE ou une SICAV d’actionnariat salarié (régis par les articles L.214-165 et L.214-166 du code monétaire et financier) des actions issues des privatisations, tant qu’elles sont dans leur période d’incessibilité ou si elles demeurent ensuite conservées au nominatif par le salarié en activité, des actions gratuites détenues au nominatif par des salariés en activité et dont l’attribution a été autorisée par une Assemblée générale des actionnaires postérieure au 7 août 2015, voire par une Assemblée générale antérieure si les statuts de la société le prévoient, des actions détenues en direct par un salarié suite au versement de la participation, pendant leur période d’indisponibilité.

Ne sont donc pas recensées dans les actions d’« actionnaire salarié », les actions de l’entreprise acquises individuellement par les salariés en dehors des dispositifs d’épargne salariale et d’actions gratuites, ou après exercice de stock-options (sauf si elles sont versées dans un PEE) non plus que les actions acquises dans le cadre d’une reprise de l’entreprise par ses salariés (R.E.S).

Conditions préférentielles

Les dispositifs de l’actionnariat salarié permettent d’acquérir des actions dans des conditions préférentielles : rabais sur les prix (décote), complément versé par l’entreprise (abondement), étalement de paiement, avantages fiscaux.

Le bénéfice de ces avantages est lié à des conditions de durée de détention.

Par exemple en cas de privatisation, un rabais de 20 % maximum peut être consenti par l’Etat aux salariés par rapport au prix minimum proposé aux investisseurs, mais à condition de conserver les actions pendant au moins 2 ans. La décote consentie par l’entreprise peut atteindre 40  % si le blocage est de 10 ans au moins, 30% dans le cas contraire.

En cas d’attribution gratuite d’actions, le délai minimum à respecter entre l’attribution et la possibilité de revendre les actions définitivement acquises est au minimum de deux ans.

Epargne salariale

Les conditions préférentielles sont très souvent associées à l’inscription de l’actionnariat salarié dans un mécanisme d’épargne salariale (dans le cadre d’un Plan d’Epargne d’Entreprise).

Ainsi, les actionnaires salariés au sens du Code de commerce détiennent leurs actions

  • soit directement au sein du PEE, au nominatif,

  • soit indirectement dans le cadre d’un FCPE ou d’une SICAV d’Actionnariat Salarié, eux-mêmes logés dans le PEE,

  • soit hors PEE pour les actions attribuées au titre de la Participation, ou acquises lors de privatisations.

Les motivations des salariés

L’actionnariat salarié répond à deux grands types de motivations :

  • Réaliser un bon placement pour son épargne, qui profite à la fois des résultats financiers de l’entreprise qui influent sur le cours de l’action et conditionnent le dividende, de la décote sur le prix d’acquisition (voir supra), des avantages fiscaux et de l’abondement de l’entreprise. La durée de détention minimale imposée dans le cadre des PEE (règle générale de 5 ans minimum, sauf cas de dérogations) est adaptée à un placement en titres financiers pour lequel une durée minimum de placement est conseillée.

    Il faut prendre garde cependant à respecter la règle d’or de la diversification de son patrimoine. Notamment si l’épargne salariale constitue la principale – voire la seule – épargne, il ne faut pas la placer seulement en titres de son entreprise. Si celle-ci est, pour une raison ou pour une autre en difficulté, on risque de perdre en même temps en tant que salarié et en tant qu’actionnaire.

    Ce risque peut néanmoins être limité, d’une part, par des fonds à formules « garanties » qui vous protégeront contre la chute des cours de votre action, mais avec des contreparties telles que le renoncement à bénéficier des dividendes, d’autre part du fait de la décote et de l’abondement reçu lors de la souscription, qui ont pour effet d’abaisser le prix de revient des titres détenus par l’actionnaire salarié.

  • Participer davantage à la vie de l’entreprise, mieux comprendre sa stratégie et ses enjeux financiers, être associé comme actionnaire aux décisions, voire chercher à protéger son entreprise d’une prise de contrôle notamment par une société étrangère.

L’actionnaire salarié qui détient des actions de son entreprise en direct bénéficie des mêmes droits qu’un actionnaire ordinaire.

S’il détient des actions par l’intermédiaire d’un FCPE ou d’une SICAV d’actionnariat salarié, son droit de vote des résolutions en AG s’exerce le plus souvent indirectement par le Conseil de surveillance du FCPE ou le CA de la SICAVAS. Le choix d’apporter ou non ses actions à une OPA ou une OPE, s’exerce de la même façon. Le règlement peut néanmoins prévoir de redonner ces droits individuellement.

S’agissant de l’élection d’actionnaires salariés au Conseil d’administration ou au Conseil de surveillance de l’entreprise, la loi du 30 décembre 2006 prévoit que, dans les sociétés cotées où les actionnaires salariés détiennent plus de 3 % du capital, un ou plusieurs administrateurs doivent être élus par l’assemblée générale des actionnaires, sur proposition des actionnaires salariés qui choisissent leurs représentants par élection. 

Les motivations des entreprises

Le développement de l’actionnariat salarié est lié aux incitations des pouvoirs publics en direction des salariés comme des entreprises, incitations qui rencontrent de leur part un intérêt croissant. Pour les entreprises, en effet, l’actionnariat salarié peut constituer un bon moyen de renforcer la cohésion et le lien social, de sensibiliser les salariés à leurs objectifs économiques et financiers et de renforcer la stabilité du capital dans le cas de sociétés cotées.

 

    51 commentaires sur “Actionnaire salarié. Qu’est-ce-que c’est ?”
    1. article très complet mais qui oublie un dispositif d’actionnariat salarié, la Sapo. La Sté Anonyme à Participation Ouvrière, née de la loi « Chéron » du 26 avril 1917 et codifiée aux articles L225-258 à L225-270 du Code de Commerce fait de TOUS ses salariés un actionnaire collectif, sans apport financier des salariés, uniquement en valorisation de leur apport de travail (compétences, savoir-faire etc.).
      Mais encore faut-il que dans notre récit populaire, biberoné aux incantations et dogmes libéraux, il existe encore des voix pour affirmer que le Travail a une valeur, est un patrimoine, et n’est pas une consommation, une charge…

    2. Bonjour,
      j’ai acquis quelques actions de ma société il y a 6 ans. Aujourd’hui, je souhaite les revendre (du fait d’une fusion, le nouveau pacte d’actionnaire prevoie des Clauses que je ne souhaite pas signer) mais mon entreprise m’indique qu’elle a aucune obligation de les racheter.

      Après lecture du document remis à l’époque, je constate en effet que ce dernier était très léger et ne comportait qu’une promesse de vente de ma part à mon employeur sous certaines conditions (décès, démission etc).

      Du coup, si mon employeur refuse le rachat, puis je céder mes actions à qui je veux vu qu’aucun article ne semble s’y opposer ?

      Contractuellement, est il normal que l’entreprise ne prevoie aucun cas de rachat à l’initiative du salarié ?

      Enfin, puis je rester actionnaire en conservant mes titres sans signer le nouveau pacte d’associé proposé ?

      1. Bonjour

        Pour un cas si spécifique, il faut consulter un expert (avocat, conseiller juridique) qui va étudier l’ensemble des éléments du contrat. Vous pouvez galement vous rendre sur le site de la FAS https://www.fas.asso.fr/ afin de trouver des éléments de réponse.
        Meilleures salutations
        L’équipe de lafinancepourtous.com

    3. Bonjour, je possède 1 action de mon ancienne entreprise d’où j’ai démissionné et le gérant m’impose de la lui céder. Est il dans son droit ? Je souhaiterais la garder.

      1. Bonjour
        Si cela a été notifié par l’entreprise dans l’accord d’actionnariat, vous êtes tenu de lui vendre cette part. Renseignez-vous sur les clauses d’accord.
        Meilleures salutations
        L’équipe de lafinancepourtous.com

    4. Bonjour. Je ne trouve pas la réponse à ma simple question. Je suis actionnaire à 50% d’une SAS. Je vends mes actions.
      Mais je en plus d’etre associé égalitaire je suis salarié cadrede cette SAS: Le vente de mes actions implique t’elle ma démission ? Puisque rester salarié ? En clair le fait de ne plus etre actionnaire implique t’il le devoir de quitter l’entreprise ou est-ce une procédure à part (Précisions: Je n’ai pas de contrat de travail mais depuis 6 ans c’est comme si j’en avais un, donc CDI, rien n’est précisé aux statuts et rien n’est prévu dans le protocole d’accord associé)

      1. Bonjour

        Il est difficile de répondre à votre question, qui est bien particulière. Nous vous conseillons de contacter un avocat spécialsé pour obtenir un conseil éclair ». Car effectivement, si rien n’est indiqué dans le protocole, cela peut poser problème.
        Meilleures salutations
        L’équipe de lafinancepourtous.com

    5. Bonjour,
      Je suis salarié cadre en CDI depuis 3 ans dans ma société. Tous les ans nous avons le programme d’actionnariat salarié preferentiel avec une decote de 30%. Celui-ci commence le 1er Octobre.
      Si je démissionne courant Septembre (préavis 3 mois) puis-je tout de meme investir avec ce statut demissionnaire et debloquer mon investissement à la fin de mon contrat ?
      Cordialement,

      1. Bonjour,

        Si vous êtes toujours dans l’entreprise (en situation de prévis) vous devriez pouvoir bénéficier de ce programme, à condition d’être dans l’entreprise au moment du règlement livraison.

        Meilleures salutations
        L’équipe de lafinancepourtous.com

    6. Un employeur peut-il proposer à un seul salarié une participation aux bénéfices ou de l’actionnariat sans informer les autres salariés ?

      1. Bonjour
        Non. un dispositif d’intéresement ou de participation doit englober l’ensemble des salariés

        Meilleures salutations

        L’équipe de lafinancepourtous.com

    7. bonjour comment calculer la valeur d’une action pour rentrer dans le capital d’une entreprise. il y a 2 gérants, je souhaiterais prendre part à l’aventure. quel est la meilleur façon de le faire ?

      1. Bonjour

        Nous ne pouvons pas répondre à votre question. Il faut consulter un spécialiste, qui étudiera le dossier de cette entreprise.
        Meilleures salutations.
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    8. Quand une entreprise revend ces employés à une autre entreprise est il possible de retirer son argent de l’ancienne entreprise ou doit il les laisser ?

      1. Bonjour,

        Non, ce n’est pas un cas de déblocage anticipé.

        Meilleures salutations.
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    9. bonjour j ai une question :
      est-ce possible que des salariés exigent à leur employeur d’entrer dans le capital de l’entreprise ?

      1. Bonjour,

        Non. Il s’agit d’une décision que seul peut prendre le chef d’entreprise. Cela est fonction de sa politique de management.

        Meilleures salutations.
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      2. oui.
        selon le rapport de force et l’importance de la Valeur Ajoutée de l’effectif salarié, celui-ci peut négocier avec les dirigeants pour transformer l’entreprise en Sapo – Sté Anonyme à Participation Ouvrière – dans laquelle ils deviennent associés sans avoir à investir autre chose que leur force de travail.
        C’est un moyen de reconnaître la valeur de leur par les dirigeants. Du moins ceux qui en sont capables…

    10. j’ai une enterprise don’t je veux augmenter le capital avec mes clients pour investor. Comment je peux les proposer des actions.je ne sais pas faire le calcul pour les proposer.
      merci de m’aider

      1. Bonjour,

        Nous vous conseillons de vous faire accompagner par un avocat ou un expert-comptable pour ce type de démarche.

        Meilleures salutations.
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

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