La dette publique

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La dette publique correspond à l’ensemble des engagements financiers pris sous forme d’emprunts par l’État, les collectivités publiques et les organismes qui en dépendent directement. 

La dette publique évolue constamment au rythme des remboursements d’emprunts effectués par l’État et les administrations publiques et des nouveaux emprunts qu’ils contractent pour financer leurs déficits.

Si le déficit est un flux, la dette est un stock

Les ressources sont constituées par les impôts, les taxes, et autres recettes non fiscales (par les dividendes des entreprises dont l’État est actionnaire).

Les dépenses intègrent non seulement les dépenses courantes de fonctionnement (salaires, achats de fournitures et de services…), les opérations de redistributions (aides, bourses, minimas sociaux…) mais aussi les investissements (travaux d’équipement, acquisitions immobilières et mobilières des collectivités locales…) et les dépenses en capital (charges de la dette des différentes administrations publiques par exemple).

Répartition de la dette par administrations publiques

À la fin du quatrième trimestre 2023, la dette publique s’établit à 3 101,2 milliards d’euros. Comme le montre le graphique ci-dessus, 81 % de la dette publique provient de l’État. Si l’on ajoute les autres organismes d’administration centrale, le total de l’État représente 83,4 %.
Les organismes de Sécurité sociale et les administrations publiques locales (collectivités territoriales) représentent respectivement 8,5 % et 8,1 % de la dette publique. L’État a, à cette date, accumulé à lui seul 2 513,5 milliards d’euros de dettes.
Rappelons que les critères européens exigent que la dette publique des pays membres ne dépasse pas la norme de 60 % du PIB (alors qu’elle est de 110,6 % du PIB en France).

La crise du Covid-19 a entraîné un fort accroissement de l’endettement public en France.

Pour rembourser la part de sa dette arrivant à échéance, L’État emprunte de l’argent sur les marchés financiers notamment par le biais d’obligations du Trésor (OAT) pour financer son déficit. L’argent nécessaire pour couvrir ces besoins est appelé besoin de financement. En 2024, le besoin de financement de l’État est anticipé à 299,7 milliards d’euros (pour financer le déficit et refinancer la dette arrivée à maturité). C’est l’Agence France Trésor (AFT) qui gère la dette de l’État.

Mesurer l’endettement public

Pour mesurer la dette publique, on la rapporte au produit intérieur brut (PIB). Ainsi, on peut comparer la dette publique à la taille de l’économie.

Depuis quinze ans, la dette publique s’est largement accrue. Elle était de 60 % du PIB au début des années 2000, a dépassé le seuil des 100 % du PIB en 2017 et atteint désormais 110,6 % du PIB.

Dette au sens de Maastricht des administrations publiques

Qui détient la dette publique ? 

À la différence des entreprises ou des ménages, les collectivités publiques ne financent pas leur dette principalement en faisant appel à du crédit bancaire mais en émettant des titres financiers (surtout des obligations) sur les marchés financiers.

Une forme d’endettement spécifique

Contrairement aux particuliers, les organismes publics, lorsqu’ils s’endettent, ne remboursent à chaque échéance que les intérêts, car ils émettent des obligations.

S’il émet une OAT à 10 ans, l’État remboursera les intérêts (par exemple 0,5 % du montant de l’obligation émise) chaque année ou chaque semestre pendant 10 ans, mais remboursera le capital en une seule fois, à l’échéance. Pour cela il se réendettera. En période d’intérêts très faibles, il semble facile de s’endetter, puisque cela ne coûte rien et parfois même rapporte (intérêts négatifs). Mais à l’échéance il faudra se réendetter pour le même montant et si les taux d’intérêt ont monté fortement, cela pourra devenir difficile pour l’Etat et son budget de faire face à la charge de la dette (coût des emprunts). 

Pour financer la dette publique, l’État émet des titres de créances négociables sur les marchés financiers sur une durée plus ou moins longue. Plus précisément, deux types de titres sont émis par l’État : les Bons du Trésor à taux fixe et à intérêt précompté (BTF) et les Obligations Assimilables du Trésor (OAT). Les OAT constituent la forme privilégiée du financement à long terme de l’État (échéances pouvant dépasser dix ans). Créés en 1985, les Bons du Trésor à intérêts annuels (BTAN) ne sont plus proposés et ne circulent plus sur le marché depuis 2017.

Les non-résidents sont les principaux détenteurs de la dette publique française.

Qui détient la dette de l'état

Selon les chiffres publiés par l’Agence France Trésor (AFT), parmi les détenteurs de la dette publique, on trouve, fin 2023, 53,2 % de non-résidents. Une proportion en hausse sensible depuis la fin du XXe siècle (en 1993, seul un tiers de la dette publique française était détenu par des non-résidents), mais en baisse par rapport à 2009 (67 %).
Pour l’essentiel il s’agit d’investisseurs institutionnels (fonds de pensions et fonds d’assurance notamment), mais aussi de fonds d’investissements souverains, de banques, voire de fonds spéculatifs.

On retrouve au sein de l’Union européenne une certaine hétérogénéité entre les pays. Fin 2022, selon les données d’Eurostat, 93 % de la dette chypriote était ainsi détenue par des non-résidents, contre moins de 25 % au Danemark.

Les particuliers, détenteurs indirects de la dette publique française

Ce sont d’ailleurs également des banques et des investisseurs institutionnels que l’on retrouve parmi les principaux détenteurs résidents de la dette publique française.

L’État français emprunte donc environ un tiers de sa dette auprès des banques et des sociétés financières nationales. 9,5 % de la dette publique est détenue par des compagnies d’assurance, qui « achètent » des titres de dette française pour les placements d’assurance-vie. Les particuliers sont donc indirectement détenteurs d’une partie significative de la dette publique française. Les banques françaises en détiennent environ 7,7 %.

    169 commentaires sur “La dette publique”
    1. Bonjour,

      Avec la crise du COVID et l’injection massive d’argent publique par l’État, le ministre de l’économie évoque la possibilité d’un « cantonnement » des 20% de dette de COVID.

      Pourriez-vous m’apporter des éléments explicatifs sur l’intérêts pour l’État d’isoler cette part de dette et de la faire supporter par la CADES ? Celle-ci serait-elle exclu de l’encours total de dette publique ? Ou s’agirait-il simplement d’un transfert entre la branche APUC et la branche Sécurité Sociale ? Si le transfert n’était pas effectué et que la CADES avait amorti en totalité sa dette en 2025 cela aurait-il entraîné la disparition de la CRDS ?

      Merci par avance pour les réponses que vous m’apporterez.

      1. Bonjour,
        Le cantonnement d’une partie de la « dette Covid » dans une structure spécifique, la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES), permet à l’Etat de constituer les dépenses exceptionnelles liées à la pandémie en « dette sociale ». En termes comptables, cette dette est donc transférée de l’Etat aux administrations de sécurité sociale, sans que cela ne modifie, toutefois, le montant de la « dette publique » telle qu’elle est habituellement définie. La dette publique est, en effet, la dette de l’ensemble des administrations publiques, calculée comme la somme des dettes de l’Etat, des organismes divers d’administration centrale, des administrations locales et des administrations de sécurité sociale.
        La principale conséquence de ce transfert réside dans le fait que la CADES, comme son nom l’indique, amortit les dettes qu’elle reçoit, c’est-à-dire qu’elle paye les intérêts et rembourse le capital, tandis que l’Etat se contente de « faire rouler la dette », en ne versant que les intérêts et en empruntant à nouveau lorsqu’une dette arrive à échéance. Sans un tel transfert, il était prévu, par la loi organique du 13 novembre 2010 relative à la gestion de la dette sociale, que la CADES disparaisse à l’horizon 2025. Cependant, il est bien difficile de prévoir aujourd’hui ce qui aurait pu se dérouler au cours des cinq prochaines années, d’autant plus que la CADES, créée en 1996, devait initialement cesser son activité en 2009.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        Le besoin de financement d’un Etat correspond à son déficit budgétaire : un Etat dispose d’un besoin de financement lorsque ses dépenses sont supérieures à ses recettes.
        Meilleures salutations,
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    2. Bonjour , l’endettement public consiste en quoi ?A qui l’Etat emprunte de l ‘argent ? et que signifie le fait que les pays soient inégaux par rapport à l’endettement public ?
      En quoi consiste l’endettement public ?
      Merci

      1. Bonjour,
        L’endettement public résulte d’un emprunt réalisé par l’État pour combler son déficit public. Cet argent est majoritairement emprunté sur le marché obligataire à des épargnants du monde entier.
        Meilleures salutations
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      1. Bonjour,
        L’endettement publique est l’ensemble de la dette contractée par les administrations publiques à une moment donné (le stock de dette.
        Meilleures salutations
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    3. Il souvent écrit ou dit que la répartition de la dette entre résidents et non-résidents revêt une grande importance. Pourriez vous expliquer pour quelles raisons ?

      1. Bonjour,
        Si la dette publique est détenue uniquement par des résidents, alors sa gestion est simplifiée car c’est une affaire plutôt domestique. Mais le plus important est de savoir dans quelle monnaie est libellée la dette (une dette en monnaie étrangère accroit les risques en cas de dépréciation de la monnaie domestique).
        Meilleures salutations
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

        1. Dans ce cas, parmi les 54% des titres de créance détenus par des agents non-résidents, est-il possible de connaître la part des « non-résidents européens » ? Pour savoir si la dette publique est financée majoritairement en € ou dans une ou d’autres monnaies étrangères.
          (Désolé si la question a déjà été posée auparavant …)
          Merci à vous !

    4. La dette publique peut-elle prendre d’autres formes que des obligations émises sur les marchés financiers ? Pourquoi avoir choisi et privilégié cette forme-ci ?

      1. Bonjour,

        Bonjour,
        Théoriquement, la dette publique peut aussi prendre la forme de dette bancaire. Cependant, la dette obligataire permet de lever des montants plus élevés à des taux plus faibles car tous les investisseurs, nationaux et étrangers, peuvent y souscrire.
        Meilleures salutations
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    5. Bonjour,
      Depuis quand exprime-t-on la dette en la rapportant au PIB ? Cette manière de mesurer la dette fait-elle consensus dans le milieu académique et des alternatives sont-elles proposées ?
      Avant d’utiliser le ratio dette/PIB, utilisait-on d’autres moyens d’exprimer la dette, comme par exemple en monnaie courante ou, comme les communes, en capacité de désendettement exprimée en années ?
      Désolé de vous assomer de questions mais j’ai le plus grand mal à trouver des réponses…

      1. Bonjour,
        Nous ne savons pas précisément quand est apparu le ratio dette publique PIB. Cependant, comme le PIB a été inventé et s’est progressivement répandu à partir des années 1930-1940, l’utilisation de ce ratio est postérieur à cette période. Ce ratio est un des plus fréquemment utilisé par les économistes, cependant il n’est pas le seul à être pertinent et l’on peut également comparer la dette aux recettes (en combien d’années la dette peut être remboursée si toutes les recettes sont allouées à son remboursement) ou regarder le taux d’intérêt de la dette.

        Meilleures salutations
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    6. La dette s’accroit de manière assez spectaculaire à partir de 2009 soit suite à la crise financière de 2008 (votre graphique est très explicite à ce sujet). Pour quelles raisons ?

      1. Bonjour,

        La crise de 2008 a conduit à une baisse des recettes fiscales (moindres rentrées d’impôts du fait de la faiblesse de la croissance) et à une hausse des dépenses (plus d’aides sociales versées du fait de la hausse du chômage), donc à un creusement du déficit public. Ce déficit augmente mécaniquement la dette publique.
        Meilleures salutations
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      2. Merci pour votre réponse concise et claire. Peut-on estimer la proportion de cet accroissement de la dette depuis 2009 lié aux conséquence de la crise financière de 2008 ? Cela permettrait de distinguer de ce qui est de la responsabilité directe de l’Etat au niveau des dépenses de ce qui tire son origine de la dite crise…

      1. Bonjour,

        Il nous semble difficile et peu judicieux d’interdire la dette publique. En effet, bien utilisée, elle permet de financer des investissements durables et utiles. De plus, avec des taux d’intérêts actuellement négatifs, financer des investissements publics par la dette peut se révéler être une bonne idée.

        Meilleures salutations
        L’Equipe de Lafinancepourtous.com

      2. A mon avis non, un bon ménage essaie de ne pas trop s’endetter à vie! L’Etat dépense plus que de raison – c’est un mauvais gestionnaire de notre argent. Un Etat endetté est un Etat qui n’est plus libre de sa politique; plutôt que de payer le service de la dette ( 2ième poste de dépense) on pourrait résoudre tous les pb des hopitaux, des écoles, des ponts qui s’écroulent,..etc. On voit bien que notre Président est coincé, c’est pour cela qu’il veut mettre en question la règle des 3% de déficit.

        1. « Un Etat endetté est un Etat qui n’est plus libre de sa politique; plutôt que de payer le service de la dette ( 2ième poste de dépense) on pourrait résoudre tous les pb des hopitaux, des écoles, des ponts qui s’écroulent,..etc. » => oui et non. Si l’État n’empruntait plus, cela l’obligerait à retrouver immédiatement un équilibre budgétaires (recettes = aux dépenses) donc soit à augmenter massivement les impôts et/ou à faire des coupes drastiques dans son budget donc moins d’argent pour les hôpitaux, pour les écoles, moins d’aides sociales etc…

          Par ailleurs, l’endettement à dû bon lorsqu’il vous permet de financer des actifs futurs utiles à l’intérêt général. Maintenant on peut se demander si s’endetter pour financer des baisses d’impôts/cotisations (taxe d’habitation, impôts de productions, charges patronales etc…) relève de l’intérêt général.

          1. Bonjour,
            Une précision liée à votre commentaire : si l’Etat n’avait plus la possibilité d’emprunter, il lui faudrait disposer d’un budget non pas équilibré, mais excédentaire. En effet, l’Etat fait habituellement « rouler la dette », ce qui signifie qu’il se contente de payer les intérêts de la dette sans en rembourser le capital. Lorsque la dette parvient à échéance, l’Etat emprunte à nouveau afin de rembourser la dette initiale. Sans cette possibilité, l’Etat devrait dégager des fonds suffisants pour rembourser le capital de la dette.
            Meilleures salutations,
            L’Equipe de Lafinancepourtous.com

    7. Bonjour, existe-t-il une dette publique nette et une dette publique brute ainsi qu’existe-t-il une dette publique explicite et une dette publique implicite ?

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